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Société - Insécurité

Tripoli à la merci des gangs de voleurs

Se promener dans les rues de la grande ville du Liban-Nord expose, de plus en plus souvent, à des agressions. Un phénomène renforcé par un apparent laxisme officiel.

Tripoli à la merci des gangs de voleurs

Un gang arrêté récemment par l’armée à Tripoli. Beaucoup d’autres sévissent dans la ville. Photo publiée par le commandement de l’armée

La ville de Tripoli connaît depuis quelques mois une vague croissante de vols à l’arraché ou à main armée, qui s’est particulièrement aggravée dernièrement. Les victimes se voient dérober leur argent, leur voiture ou leur téléphone par des gangs armés dont l’activité nocturne est facilitée par les coupures d’électricité pratiquement ininterrompues, en raison de l’importante crise énergétique que connaît le Liban. Dès la nuit tombée, et alors que les rues se vident automatiquement comme en vertu d’un couvre-feu qui ne dit pas son nom, les rares passants se font bien trop souvent agresser par des bandes, encouragées par l’inactivité apparente des services de sécurité.

Ali Khaled, employé d’imprimerie, en a fait récemment l’amère expérience. « Je rentrais chez moi vers 21 heures quand j’ai été agressé par deux jeunes hommes cagoulés, sur l’un des axes principaux de la ville, raconte-t-il à L’Orient-Le Jour. Les deux agresseurs étaient à moto, ils ont pu me dérober mon téléphone et la somme d’un million de livres. Ils m’ont aussi donné un coup de couteau à la main, ce qui m’a causé quelques blessures mineures. »

Sanaa, une habitante du quartier populaire d’Abi Samra et mère de deux enfants, dont le mari travaille en Arabie saoudite, a été attaquée alors qu’elle se rendait à la pharmacie de son quartier dans l’obscurité. Plusieurs jeunes ont entravé sa route, lui dérobant son téléphone, son argent, sa montre et même le sac de médicaments qu’elle tenait à la main. Le pire, c’est qu’à la gendarmerie où elle s’était rendue pour porter plainte, la jeune femme n’a trouvé aucun réconfort. « J’ai senti qu’ils étaient plus soucieux de justifier leur inaction, prétextant que les incidents tels que celui-là ont lieu quotidiennement, que de me venir en aide », déplore-t-elle.

Les agressions contre les passants sont nombreuses, mais les gangs en question ne s’arrêtent pas là, se choisissant des cibles encore plus ambitieuses, une indication que certains d’entre eux disposent de moyens plus importants qu’on ne le croirait de prime abord. Ainsi, il y a quelques semaines, le collège public al-Fadila a été entièrement pillé durant la nuit. Les cambrioleurs y ont démantelé des climatiseurs et divers équipement, et sont également repartis avec des ordinateurs, des écrans, des caméras et des fournitures. Bref, un butin dont le transport nécessite un camion !

Une autre opération encore plus rocambolesque s’est déroulée dans le quartier côtier de Mina, où les voleurs ont embarqué une balustrade en fer installée au niveau de la corniche maritime.

Indifférence générale

Cette dégradation de la situation inquiète une source bien informée, qui y voit une mainmise sur la ville par des bandes de voleurs de toute évidence organisés, dans l’indifférence officielle générale. « Il n’y a même plus de patrouilles la nuit, note cette source, ni de barrages des forces de l’ordre qui fouilleraient les individus suspects. Ce laxisme est inexplicable, de telles mesures limiteraient à coup sûr l’insécurité ambiante, et coûteraient bien moins que de poursuivre des dizaines de malfaiteurs aux quatre coins de la ville. »

Une source de sécurité interrogée par L’OLJ dément, pour sa part, tout laxisme, d’autant plus que ces incidents ont lieu partout au Liban et non seulement dans la grande ville du Nord, dit-elle. Selon elle, « les services de sécurité sont mobilisés pour faire face à ces agressions, mais le vrai travail devrait être effectué par le pouvoir exécutif, qui devrait trouver des solutions à la paupérisation galopante de la population et à la crise qui ne ménage pas les forces de l’ordre elles-mêmes ».

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La source bien informée s’interroge pour sa part sur le silence des députés et des officiels issus de la ville, rappelant que le Premier ministre Nagib Mikati et le ministre de l’Intérieur Bassam Maoulaoui sont natifs de Tripoli. Ce à quoi la source de sécurité précitée répond qu’un plan sécuritaire spécifique à Tripoli est en cours d’élaboration au ministère de l’Intérieur. La source bien informée va même jusqu’à se demander si ce laxisme n’est pas l’autre face de l’incapacité des partis à financer le clientélisme, et si fermer les yeux sur ces vols et sur la consommation grandissante de drogue n’aurait pas pour objectif de se prémunir contre la colère de jeunes qui faisaient auparavant partie du terreau de ces partis, et sont désormais frappés par la crise.

Drogue... à prix abordable

Parallèlement à l’insécurité qui augmente sensiblement dans la ville, la crise qui frappe Tripoli et le Liban a engendré une réelle flambée du trafic et de la consommation de drogue. Un autre fléau auquel les autorités concernées n’arrivent pas à mettre un terme, malgré les multiples perquisitions dans des dépôts où sont stockés les stupéfiants. Une source sécuritaire interrogée par L’OLJ rappelle que le phénomène est loin d’être nouveau dans la ville, soulignant toutefois que l’augmentation constatée dans la consommation serait due au fait que le prix de ces matières n’a pas connu de hausse significative, malgré la dévaluation violente de la livre. Selon cette même source, beaucoup de trafiquants font des bénéfices considérables actuellement, notamment ceux qui bénéficient d’une « couverture politique ». Ils profitent du chaos ambiant et du désespoir des jeunes, victimes du chômage et du décrochage scolaire.

La ville de Tripoli connaît depuis quelques mois une vague croissante de vols à l’arraché ou à main armée, qui s’est particulièrement aggravée dernièrement. Les victimes se voient dérober leur argent, leur voiture ou leur téléphone par des gangs armés dont l’activité nocturne est facilitée par les coupures d’électricité pratiquement ininterrompues, en raison de...

commentaires (3)

MALHEUREUSEMENT LA SURNATALITÉ EST PAYANTE : DEMANDONS LES SYRIENS QUI SONT PAYES, PAR LES NATIONS UNIS , ( PAR TETE ) . NOUS LES LIBANAIS ON FUME LE NARGUILÉ, ON BLOQUE LES ROUTES, ON BRULE DES PNEUS ,ON JALOUSE LES UNS LES AUTRES ON COURTISE NOS KOULONS . ENTRETEMPS EUX SATISFAIT ET CONTENT : BAISENT …ET EN PLUS TRAVAILLENT N’IMPORTE QUOI .

aliosha

12 h 46, le 29 décembre 2021

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Commentaires (3)

  • MALHEUREUSEMENT LA SURNATALITÉ EST PAYANTE : DEMANDONS LES SYRIENS QUI SONT PAYES, PAR LES NATIONS UNIS , ( PAR TETE ) . NOUS LES LIBANAIS ON FUME LE NARGUILÉ, ON BLOQUE LES ROUTES, ON BRULE DES PNEUS ,ON JALOUSE LES UNS LES AUTRES ON COURTISE NOS KOULONS . ENTRETEMPS EUX SATISFAIT ET CONTENT : BAISENT …ET EN PLUS TRAVAILLENT N’IMPORTE QUOI .

    aliosha

    12 h 46, le 29 décembre 2021

  • Ce ne sont pas les pauvres qui volent pour manger, ce sont les brigands et les gangsters en herbe qui volent. L’insécurité est la resultante première de l’absence des services de l’Etat dans toutes les régions et à Tripoli en particulier. En 1975 ça avait conduit aux affrontement entre les forces de défense et de résistance libanaises contre les hordes palestiniennes et ensuite contre l’armée d’occupation syrienne. Cet absence de l’Etat conduira cette fois ci, vu la crise alimentaire, à instaurer la loi des gangs dans les régions comme dans les pays d’Amérique du Sud

    Lecteur excédé par la censure

    10 h 10, le 29 décembre 2021

  • Non, “le pouvoir exécutif” n’est pas responsable du taux de surnatalité extrême des tripolitains. S’il n’y a pas suffisamment de débouchés économiques, alors en face d’une surnatalité galopante, il va y avoir une paupérisation galopante. On ne prouve pas sa virilité par avoir une famille nombreuse. On la prouve par avoir une famille qui réussit. Mais allez faire comprendre cela aux tripolitains. Bonne chance!

    Mago1

    01 h 30, le 29 décembre 2021

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