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Société - Rue sunnite

À Tripoli et à Beyrouth, la même désillusion

Habitants et commerçants estiment que la situation délétère risque de perdurer, malgré la mise en place d’un nouveau cabinet.

À Tripoli et à Beyrouth, la même désillusion

Dans le quartier de Tarik Jdidé, à Beyrouth, habitants et commerçants n’attendent pas grand-chose du nouveau gouvernement. Photo Zeina Antonios

Loin d’apporter avec elle l’espoir d’une sortie de crise, la mise en place d’un nouveau gouvernement hier, après treize mois d’attente, n’a pas vraiment convaincu les Libanais. Désabusés et préoccupés par les besoins de la vie quotidienne qu’ils arrivent à peine à assurer, beaucoup d’entre eux estiment que le cabinet de Nagib Mikati ne réussira pas à sortir le pays du gouffre.À Tripoli, la capitale du Nord d’où le Premier ministre est originaire, seuls les partisans du milliardaire sunnite ont crié victoire et célébré avec des tirs de joie et des feux d’artifice. Abou Mohammad, un chauffeur de taxi qui passe ses journées à sillonner la ville pour tenter de gagner sa vie, est pour sa part sceptique. « Que pourrait-il bien offrir de plus, lui qui a déjà occupé le poste de Premier ministre à deux reprises ? » se demande-t-il. Il reproche par ailleurs à M. Mikati de n’avoir rien fait pour améliorer les conditions de vie dans sa ville d’origine. « Il n’a jamais investi dans des projets de développement à Tripoli. Il se contente de distribuer des aides de temps en temps, dans le but d’habituer les gens à quémander, au lieu de leur assurer l’obtention de leurs droits par le biais de l’État, comme il se doit », dénonce-t-il.

L'édito de Issa GORAIEB

À l’école de la survie

Adnane Sadik, qui gère une boutique de faux bijoux dans le souk al-Arid, ne s’attend quant à lui « à rien de bon ». « Le pays est en plein effondrement et je ne vois aucune lueur d’espoir à l’horizon, sauf si le régime en place est écarté du pouvoir », confie-t-il à L’Orient-Le Jour. Ce commerçant estime tout de même que la formation d’un gouvernement pourrait apporter « un léger changement au niveau de la situation économique à travers le lancement de la carte d’approvisionnement ». « Je crains toutefois que cette carte ne soit utilisée comme appât pour les prochaines législatives », soupire-t-il.

Un peu plus loin, dans le quartier de Bab el-Tebbané, Rami Saad, un ingénieur originaire de la région, estime que Nagib Mikati « sera contraint de mettre en place certaines réformes pour freiner l’effondrement, étant donné qu’il s’agit d’une demande régionale et internationale ». Même son de cloche du côté de Darine, une enseignante de français dans une école à Tripoli. « M. Mikati va tenter de montrer à la communauté internationale qu’il s’investit, étant donné que des aides ont été promises au Liban à condition qu’un cabinet soit formé. Je m’attends donc à une baisse du taux du dollar et du prix de certaines denrées alimentaires », souligne-t-elle.

« Ce pays est un échec total »

Le même désenchantement était palpable dans le quartier de Tarik Jdidé à Beyrouth, un secteur où l’ancien Premier ministre Saad Hariri continue de bénéficier de l’appui d’une large base populaire.

Devant une épicerie du quartier, un Tripolitain installé à Beyrouth commente la situation d’un ton ironique. « Nagib Mikati a tellement fait de choses pour Tripoli qu’il a fini par s’installer ailleurs que dans sa ville d’origine », lance cet homme venu s’approvisionner en cigarettes avant la levée complète des subventions. Un de ses amis considère pour sa part que « le nouveau cabinet ne servira à rien ». « Le pays ne va pas se relever de sitôt et chacun des nouveaux ministres tentera de faire passer ses intérêts en premier », estime ce militaire à la retraite qui a requis l’anonymat.

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« Le pouvoir de décision ne sera pas aux mains de ce gouvernement »

Quelques mètres plus loin, Isra’ Hamdane, jeune vendeuse dans une parfumerie, se demande également si le fait d’avoir enfin un gouvernement changera grand-chose à la situation actuelle. « J’ai perdu tout espoir. Ce pays est un échec total », indique la jeune femme à L’OLJ. « Ceux qui étaient déjà au pouvoir auraient dû faire quelque chose, au lieu d’attendre tout ce temps. Quant à la nouvelle équipe ministérielle, il va falloir qu’elle assume ses responsabilités », ajoute-t-elle.Son voisin, qui gère un magasin de téléphones, est du même avis. « Je ne pense pas que le cabinet changera quoi que ce soit à la situation actuelle, confie ce trentenaire qui préfère rester anonyme. Que ce soit Saad Hariri ou Nagib Mikati qui dirige le pays, la classe politique ne fera que ce qui l’arrange. La seule solution, c’est de tout détruire et de repartir à zéro. »

Loin d’apporter avec elle l’espoir d’une sortie de crise, la mise en place d’un nouveau gouvernement hier, après treize mois d’attente, n’a pas vraiment convaincu les Libanais. Désabusés et préoccupés par les besoins de la vie quotidienne qu’ils arrivent à peine à assurer, beaucoup d’entre eux estiment que le cabinet de Nagib Mikati ne réussira pas à sortir le pays du...

commentaires (3)

LES SUNNITES, LES LAISSES POUR COMPTE. LA GAFFE DE MIKATI ET DU CLUB DES EX P.M. ET LEURS RESPONSABILITES SUR CE QUI NE VA PAS TARDER DE VENIR EST ENORME ILS ONT LAISSE VIOLEE LA CONSTITUTION ET ACCETE DE SE DESSAISIR DE LEURS PREROGATIVES DE P.M. ET LAISSE INTRODUIRE DES MOEURS D,UN TEMPS MORT ET ENTERRE. ERREUR OU CRIME ? JE VOUS PLAINS.

LA LIBRE EXPRESSION

15 h 16, le 11 septembre 2021

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Commentaires (3)

  • LES SUNNITES, LES LAISSES POUR COMPTE. LA GAFFE DE MIKATI ET DU CLUB DES EX P.M. ET LEURS RESPONSABILITES SUR CE QUI NE VA PAS TARDER DE VENIR EST ENORME ILS ONT LAISSE VIOLEE LA CONSTITUTION ET ACCETE DE SE DESSAISIR DE LEURS PREROGATIVES DE P.M. ET LAISSE INTRODUIRE DES MOEURS D,UN TEMPS MORT ET ENTERRE. ERREUR OU CRIME ? JE VOUS PLAINS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 16, le 11 septembre 2021

  • Après un an et demi, fallait t-il s'attendre à autre chose ? non. Il suffit juste de se rappeler le dernier marchandage présidentiel plus de 2 ans sans président pour aboutir à l'élection du père du peuple autoproclamé ... un désastre. Alors il n'y a plus rien à attendre tant que les voyous partagent le gâteau.

    Zeidan

    11 h 54, le 11 septembre 2021

  • les citoyens libanais n'ont plus aucun espoir ? ben apres 30 annees vouees a donner des coups de pioche a leur "cimetiere" par les memes crapules a qui on donne maintenant carte blanche pour quoi faire au fait ?

    Gaby SIOUFI

    09 h 57, le 11 septembre 2021

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