Une activiste LGBTQI jordanienne en route pour l'Australie détenue au Liban

Une activiste jordanienne des droits des LGBTQI et des femmes, identifiée sous les initiales AOA et détentrice d'un visa humanitaire australien, a été placée en détention à Beyrouth et risque d'être rapatriée contre son gré en Jordanie. Dans une déclaration publiée samedi, l'organisation Amnesty International Australie a précisé que cette personne, qui tente depuis deux ans de fuir une "famille violente, répressive et extrémiste", aurait dû quitter le Liban jeudi.

Ce que l'on sait :

- Le communiqué d'Amnesty indique qu'AOA a été arrêtée mardi, expliquant qu'elle "réglait des frais administratifs après des autorités libanaises lorsqu'elle a soudain été placée en détention" et informée qu'elle faisait l'objet d'une notice rouge d'Interpol, c'est-à-dire une alerte qui "consiste à demander aux services chargés de l’application de la loi du monde entier de localiser et de procéder à l’arrestation provisoire d’une personne dans l’attente de son extradition, de sa remise ou de toute autre procédure judiciaire".

- Amnesty International Australie indique avoir contesté cette détention, ce qui a mené à l'annulation de la notice rouge, mais qu'AOA reste malgré tout détenue de manière arbitraire au Liban.

- Amnesty pense que la famille "proéminente" d'AOA en Jordanie se trouve derrière sa demande de rapatriement et sa détention. La famille a été décrite par l'ONG comme étant "violente et répressive" et "jouissant d'une grande influence en Jordanie, Syrie, Irak et au Liban". "De nombreux membres de cette famille travaillent pour le gouvernement jordanien", ajoute le communiqué. 

- AOA avait fui la Jordanie en juillet 2020 afin de se réfugier d'abord en Turquie, puis au Liban. En Jordanie, elle a été "victime de viol, d'agressions sexuelles, de torture, de mariage forcé, de thérapie de conversion et d'hospitalisation forcées et obligée à porter le voile", des maltraitances qui "remontent à son enfance". 

- Veronica Koman, responsable de la campagne de plaidoyer stratégique d'Amnesty International Australie, a appelé les autorités libanaises à "coopérer avec les autorités australiennes et les Nations unies au Liban pour qu'AOA puisse prendre l'avion pour l'Australie."

- Bien que n'étant pas signataire de la Convention des Nations unies sur les réfugiés de 1951, le Liban est lié par le principe international de non-refoulement, ce qui signifie que les réfugiés ne peuvent être renvoyés dans leur pays d'origine contre leur gré. Cependant, il y a deux semaines, le ministre de l'Intérieur Bassam Maoulaoui a ordonné l'expulsion de tous les membres non-libanais du groupe d'opposition bahreïni en exil al-Wifaq, après l'organisation d'une conférence de cette organisation qui avait provoqué la colère de Bahreïn. 

Cette article est une version traduite d'une information initialement parue sur L'Orient Today.