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Lifestyle - Un peu plus

Le Liban, malgré tout

Le Liban, malgré tout

Photo M.A.

Quel que soit le Dieu auquel on croit, ou on ne croit pas ; quelles que soient notre religion ou nos convictions ; et quels que soient notre état d’esprit ou notre moral, quand les fêtes arrivent, on ne peut pas ne pas être emporté(e)s par l’ambiance de ces deux semaines frénétiques. Presque tout le monde se met au diapason de ces Happy Holidays. Même à moitié, même un tout petit peu.

Il y a d’abord l’arrivée des Libanais de l’étranger qui met du baume au cœur. Et force est de constater que « nous sommes heureux et honorés de (les) recevoir ». Il y a ensuite l’envie et le besoin surtout de faire une pause. D’exulter, de cracher ces deux dernières années écoulées, même si on sait que celle qui vient ne nous fera pas de cadeaux. Et enfin, il y a cette ambiance contagieuse que créent ceux et celles qui ont décidé de tirer le meilleur de ce que peut encore leur offrir le Liban. Ceux et celles qui (re)viennent encore. Ceux et celles qui ont décidé d’oublier l’espace d’un instant le contrôle des capitaux, l’Omicron, les unes des journaux toujours aussi affligeantes, la pluie, le froid et tout ce qui les angoissent en temps normal. C’est comme si, tous ensemble, on suspendait le temps pour profiter de ce souffle venu de partout. Et en profiter au maximum. On abandonne nos survêtements et on sort. On sort là où on n’avait pas ou plus envie d’aller. On se voit, on cherche à se voir, on s’organise. Viens à la maison, allons prendre un café, on sort. Vous êtes libres quand ? Qui est à Beyrouth ? Vous passez Noël où ? Vous faites quoi après ? Et au Nouvel An ? Et demain ? Tu restes jusqu’à quand? Ces sempiternelles questions saisonnières. Et ça fait du bien. Ça fait du bien de les réentendre à nouveau. De se faire emporter par l’enthousiasme de nos amis qui veulent absolument nous voir. On essaie de ne plus se plaindre, on rit de nos péripéties même si elles sont anormales. On fait de l’humour sur nos alternatives. Ne fais pas marcher le chauffage toute la journée. Mets un pull et de grosses chaussettes. Allume des bougies, c’est plus intime. La 3G ne marche pas, envoie-moi un SMS. Internet déconne, ce n’est pas grave, j’aurais moins de boulot.

Alors on sort. Ou on se reçoit les uns les autres dans notre cocon qui nous protège de l’extérieur. Cet extérieur qui pendant ces deux semaines folles reprend les couleurs de la vie. Les rues sont embouteillées, les restaurants pleins, les soirées nombreuses. Et malgré ce Noël différent des autres, les enfants sont contagieux. Les enfants sont toujours contagieux. Parce qu’ils ont gardé cette insouciance et nous rappellent qu’il faut penser aux autres. Les ventes de Noël sont bondées de gens qui ont les moyens d’acheter afin de permettre aux ONG et autres associations de donner à ceux qui n’ont plus rien. Et on palpe à nouveau cette solidarité intrinsèque aux Libanais. Celle qu’on a vue après le 4 août, celle qui n’a jamais baissé les bras. On pense à nos voisins, on les invite à nos repas. On distribue les étrennes, aussi minimes soient-elles. On donne ces vêtements qu’on ne porte plus, ces jouets que nos enfants ont abandonnés. C’est ce qu’on appelle la magie de Noël.

Alors on sort. On parle politique, des élections et de leur importance, des mini-victoires que l’on acquiert avec le temps. De cet infime espoir qui nous habite encore un peu… parfois. On parle de l’année prochaine en se demandant si on va subir un nouveau confinement; on parle du nombre de PCR qu’on a fait. On parle de l’origine du mot Omicron. De nos projets à venir. Rester, partir, faire le va-et-vient. On parle de l’éventualité que ça peut encore s’arranger. On revoit nos souvenirs. Les soirées auxquelles on allait, les chansons sur lesquelles on dansait. Et on sourit. Parce que ces souvenirs, ces moments-là ont fait de nous ce que nous sommes. Ces souvenirs-là nous ont permis de tenir le coup, d’être plus forts. Parce que nos vies étaient plutôt belles. Ou moins terribles. Et qu’il faut avouer que quoi qu’il advienne, on entretient depuis toujours cette étrange relation avec le Liban. Une relation d’amour et de haine, aussi toxique soit-elle. Parce que le Liban vit en nous. Et que ce soir, nos vœux seront pour nous mais aussi pour lui. Pour ce pays qui est le nôtre. Parce qu’ici c’est chez nous. Parce que le Liban, malgré tout.

Quel que soit le Dieu auquel on croit, ou on ne croit pas ; quelles que soient notre religion ou nos convictions ; et quels que soient notre état d’esprit ou notre moral, quand les fêtes arrivent, on ne peut pas ne pas être emporté(e)s par l’ambiance de ces deux semaines frénétiques. Presque tout le monde se met au diapason de ces Happy Holidays. Même à moitié, même un tout petit...
commentaires (3)

Mes très chers compatriotes Libannais et Français, Nous vous souhaitons un très joyeux Noël. Toutes nos prières à nos deux patries qui sont unies depuis Saint-Louis, à leurs peuples et au reste du monde.

Nicolas ZAHAR

18 h 41, le 24 décembre 2021

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Commentaires (3)

  • Mes très chers compatriotes Libannais et Français, Nous vous souhaitons un très joyeux Noël. Toutes nos prières à nos deux patries qui sont unies depuis Saint-Louis, à leurs peuples et au reste du monde.

    Nicolas ZAHAR

    18 h 41, le 24 décembre 2021

  • Vu de France, cet éditorial fait chaud au cœur. D'abord parce qu'il vient du Liban, terre de souffrance mais qui peut, contrairement à nous, jouir actuellement de quelques joies simples bien décrites. Ici, le nouveau variant est sur le pont de tout bloquer et les mines sont tristes. Nous sommes heureux pour vous, sans penser une seconde à minimiser ou relativiser vos difficultés. Mais en faisant le vœu que Noël inspiré vos dirigeants, que des elections libres favorisent un bloc de citoyens opposés à la violence, quelle que soit leur religion.

    F. Oscar

    08 h 17, le 24 décembre 2021

  • Dans le mille comme toujours… Bonnes fêtes

    Nabiha

    07 h 27, le 24 décembre 2021

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