« Testify4Beirut », un livre pour ne pas oublier

Environ un an et demi après que l’explosion meurtrière du 4 août 2020 a dévasté le cœur du Liban sans qu’aucun responsable ne soit encore désigné, Mickaella Pharaon et Aya Abdallah publient Testify4Beirut pour que le monde n’oublie pas ce crime d’une ampleur inédite. Le livre, publié aux éditions L’Orient-Le Jour et qui sera lancé au Arthaus Beirut le 26 décembre, est écrit par « le peuple de Beyrouth », comme il y est marqué à plusieurs reprises. Il réunit les témoignages de plus de 200 personnes ayant vécu directement ou non l’explosion, sous forme de textes, de poèmes, de photos et d’œuvres d’art (dessins, caricatures...). Ces témoignages ont été rassemblés au préalable sur la page Instagram @Testify4Beirut, créée juste après l’explosion, pour que les gens puissent avoir un espace où s’exprimer librement, discuter de leur souffrance et se réconforter mutuellement.

Ce drame avait ébranlé le pays, fait quelque 220 morts et plus de 6 000 blessés, déplacé plus de 300 000 personnes dont certaines n’ont toujours pas réintégré leur domicile, détruit un patrimoine remarquable dans plusieurs des plus vieux quartiers de Beyrouth. Et, surtout, cette explosion, la plus forte non nucléaire de l’histoire, a laissé dans son sillage un immense traumatisme que les Libanais et les Beyrouthins en particulier n’ont pas fini de soigner.

Une thérapie collective

« Ce livre est pour moi une thérapie collective. Ma maison a été détruite par l’explosion, et nous avons, ma famille et moi, survécu par miracle, révèle la fondatrice de Testify4Beirut Mickaella Pharaon à L’Orient-Le Jour. J’ai été incapable de parler du drame au tout début, mais peu à peu j’ai ressenti le besoin ardent de m’exprimer et d’être écoutée, ce qui était le cas de nombreuses personnes autour de moi », continue-t-elle.

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L’équipe de Testify4Beirut n’a pas édité, par souci d’authenticité, les textes du livre qui regroupe aussi des photos brutes et non retouchées, prises par les auteurs eux-mêmes et qui dépeignent les événements tels que perçus à travers les yeux des victimes.

« Il faut que le monde comprenne »

« Il fallait que quelqu’un regroupe toutes ces versions d’une même histoire qui sera à jamais gravée dans notre mémoire collective. Il fallait que le monde comprenne la gravité de ce qu’on a vécu et qu’il ne s’en tienne pas aux nouvelles qui circulent, mais qu’il entende la voix authentique de tous ceux qui ont souffert, assure la jeune femme. Il fallait immortaliser toutes ces voix dans un livre dédié aux générations futures mais aussi aux Libanais, habitués à enfouir leurs drames et à plonger dans l’oubli. Nous ne devons pas oublier. »

Une dernière section du livre est réservée aux nombreux témoignages plus tardifs de personnes qui n’ont ressenti le besoin de s’exprimer qu’un an après les événements fatidiques du 4 août, à l’occasion du premier anniversaire du drame.