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Lifestyle - Coolitude

Le « Christmas Fruit Cake », une tradition et une recette qui durent

Ce « gâteau voyageur » a traversé le temps, l’histoire et les lieux, de la Rome antique à l’Antarctique, jusqu’à la Lune... en contournant la pandémie.

Le « Christmas Fruit Cake », une tradition et une recette qui durent

Le « Christmas Fruit Cake », symbole de Noël. Photo d’illustration Bigstock

C’est une tradition jamais démentie de s’offrir, en famille et entre amis, le fameux Christmas Fruit Cake, quitte à l’envoyer par la poste, à son destinataire. Car ce gâteau de fêtes, plus que les autres du genre (bûches de Noël, stollen alsacien et panettone italien), ne se périme pas rapidement. Et pour cause : il est constitué d’ingrédients qui ne se détériorent pas rapidement, notamment de fruits secs conservés dans du sucre et de l’alcool. Alors, pour respecter les nouvelles mesures de distanciation imposées par l’Omicron, et parce qu’il est recommandé, partout dans le monde, de se souhaiter cette année encore un joyeux Noël et une bonne année à distance, ce gâteau voyageur, tout comme les SMS et les cartes électroniques, tombe à pic. D’origine britannique, ce dessert encore très actuel s’est rapidement implanté dans le Nouveau Monde avec l’arrivée des pionniers européens avant d’être savouré partout ailleurs. L’envoi du Christmas Fruit Cake par la poste a été lancé en 1913 par une boulangerie du Texas, la Collin Street Bakery, qui continue jusqu’à aujourd’hui à le préparer et à l’expédier. Pour ce qui est de sa longévité, le département américain de l’Agriculture l’évalue à deux à trois mois au réfrigérateur, sans qu’il ne perde rien de sa qualité, et jusqu’à un an au congélateur. Son existence surprenante est relatée par beaucoup d’historiens et rapportée sur les réseaux sociaux.

Une tranche sous l’oreiller pour rêver à l’âme sœur

On fait en effet remonter le Christmas Fruit Cake à l’Antiquité romaine, où il était alors composé d’un mélange de pignons, de purée d’orge, de graines de grenade, de raisins secs et de vin au miel. Il avait été façonné en un gâteau appelé Satura (mot latin pour mélange). Et, parce qu’il était facile à transporter et qu’il durait longtemps sans se gâter, les soldats romains l’emportaient sur les champs de bataille où ils le consommaient comme une collation. Au fil des siècles, ses ingrédients ont évolué. Sa forme actuelle remonte au Moyen Âge. Au XVIe siècle plus précisément, lorsque le sucre, devenu moins cher, a été utilisé par les Européens pour conserver les fruits. C’est à cette époque aussi que des noix ont été ajoutées à la recette. Dans l’Angleterre shakespearienne, certains courageux ont tenté le sucré salé en fabriquant le gâteau avec de la viande, du vin de xérès, du jus de fruits, du sucre et quelques fruits confits. Mais ce mélange a fait long feu.

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Par ailleurs, le Fruit Cake a généré moult traditions insolites. Dans l’Angleterre du XVIIIe siècle, il était de coutume, pour les personnes célibataires conviées à un mariage, d’en mettre une tranche sous leur oreiller avant de se coucher afin de trouver l’âme sœur. Car ce gâteau était traditionnellement servi lors des mariages britanniques. Lorsque la reine Victoria a épousé le prince Albert, elle aurait attendu une année entière avant de manger une tranche de son gâteau aux fruits pour confirmer son sens du contrôle. Plus près de nous, la princesse Diana et le prince Charles avaient offert un gâteau aux fruits à leur réception de mariage. Idem pour leur fils le prince William lors de ses noces avec Kate Middleton.

Le « Christmas Fruit Cake » tel que vendu à la Collin Street Bakery. Photo tirée de la page officielle de la pâtisserie.

Cap sur la Lune

Au pays de l’Oncle Sam, le Christmas Fruit Cake est devenu particulièrement populaire dans les endroits qui n’avaient pas d’accès aux fruits frais. Deux établissements sont devenus célèbres pour sa préparation : la Collin Street Bakery à Corsicana (Texas) et la Claxton Bakery à Claxton (Géorgie). Ces deux enseignes y ont ajouté une plus grande quantité de noix parce qu’elles étaient très bon marché dans ces régions. Avec son goût du voyage, le Fruit Cake a même atterri sur la lune en 1969 à bord de la fusée Apollo 11, en compagnie des premiers astronautes qui ont foulé son sol. Cependant, Neil Armstrong, Buzz Aldrin et Michael Collins ne l’ont jamais entamé. De retour sur la terre ferme, le gâteau a été exposé au Smithsonian Air and Space Museum à Washington où les visiteurs peuvent toujours le découvrir.

Intact depuis 106 ans

Le Fruit Cake a un autre exploit à son actif. Des fouilles, récemment entreprises dans l’Antarctique pour y étudier les premières habitations, ont permis de déterrer, entre autres, une boîte en métal contenant un Christmas Fruit Cake daté de 106 ans. Le coffret était rouillé, le papier qui l’enveloppait durci et jauni, mais le gâteau était, lui, intact. Il faisait partie des bagages de l’explorateur anglais Robert Falcon Scott qui avait mené l’expédition Terra Nova de 1910 à 1913. Une expédition qui lui avait coûté la vie. Ce qui n’a pas été le cas de son gâteau.

Quant à la question de savoir comment le Fruit Cake a été associé à Noël, la réponse pourrait bien se trouver chez les premiers interprètes des Christmas Carols. Au XIXe siècle, ces chanteurs peu nantis entonnaient à Noël, sous les fenêtres des maisons des personnes fortunées, le célèbre « We Wish You a Merry Christmas / Now bring us some figgy pudding » (Nous vous souhaitons un joyeux Noël, à présent offrez-nous votre pudding aux figues). Une demande que ces derniers ne leur refusaient pas, achevant de populariser le gâteau aux fruits secs pour devenir le fameux Christmas Fruit Cake.

C’est une tradition jamais démentie de s’offrir, en famille et entre amis, le fameux Christmas Fruit Cake, quitte à l’envoyer par la poste, à son destinataire. Car ce gâteau de fêtes, plus que les autres du genre (bûches de Noël, stollen alsacien et panettone italien), ne se périme pas rapidement. Et pour cause : il est constitué d’ingrédients qui ne se détériorent pas...

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