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Politique - Crise au Liban

Mikati : Une démission du gouvernement est la plus facile des solutions mais la pire aussi

La démission du cabinet "pourrait provoquer un report des élections législatives", prévient le Premier ministre libanais.

Mikati : Une démission du gouvernement est la plus facile des solutions mais la pire aussi

Le Premier ministre libanais, Nagib Mikati, au palais présidentiel de Baabda. Photo d'archives AFP

Le Premier ministre libanais, Nagib Mikati, dont le gouvernement ne s'est plus réuni depuis le 12 octobre en raison d'une profonde crise politique interne autour de l'enquête sur l'explosion au port de Beyrouth, s'est prononcé, vendredi, contre une démission de son cabinet, affirmant que celle-ci serait "la plus facile des solutions mais la pire aussi". Ce refus clairement exprimé vient répondre aux critiques adressées à M. Mikati par ses détracteurs, mais aussi dans les milieux sunnites, communauté à laquelle il appartient.

Les ministres du tandem chiite Hezbollah-Amal s'opposent aux réunions du gouvernement, en raison de leur désaccord sur l'enquête menée par le juge Tarek Bitar sur la double explosion meurtrière du 4 août 2020 au port de Beyrouth. Si le Hezbollah plaide pour une mise à l'écart du juge, le mouvement Amal du président du Parlement, Nabih Berry, appelle pour sa part à la mise en place d'une Haute cour chargée de juger les ministres et les présidents, ce qui est perçu par nombre d'observateurs comme une tentative de torpiller l'enquête.

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Pour éviter une implosion de son équipe, M. Mikati favorise les réunions ministérielles individuelles et celles de divers comités, afin d'expédier les affaires urgentes dans un contexte de crise économique inédite. Mais cette paralysie du gouvernement est de plus en plus critiquée par le président de la République, Michel Aoun, qui entame la dernière année de son mandat, qualifié de catastrophique par ses détracteurs, alors que le Liban ne cesse de sombrer dans l'abysse.

Report des législatives ?

Lors d'une réunion au Grand sérail avec une délégation de l'Ordre des rédacteurs de presse menée par son président Joseph Kossaifi, M. Mikati s'est voulu rassurant. "Il y a une décision internationale d'empêcher l'effondrement du Liban et de stopper la détérioration de la situation", a-t-il assuré, alors que la communauté internationale s'impatiente depuis des mois face à l'absence de réformes concrètes nécessaires pour le déblocage d'une assistance financière.

"Il y a une ombrelle internationale et locale qui protège le travail du gouvernement," a encore affirmé le Premier ministre. A ceux qui réclament la démission de son équipe, il a alors demandé : "Qu'est-ce qui serait mieux ? Avoir ou ne pas avoir de gouvernement ? Avoir un gouvernement avec des prérogatives ou un cabinet d'expédition des affaires courantes ?".

"La démission du gouvernement est la plus facile des solutions mais la pire aussi. Si cela pouvait aboutir à une solution, je n'hésiterai pas à le faire. Mais la démission provoque encore plus de détérioration et pourrait provoquer un report des élections législatives" prévues au printemps 2022, a mis en garde M. Mikati.

Relations avec Aoun et Berry

"Le gouvernement poursuit son travail, et des contacts sont en cours pour que le Conseil des ministres se réunisse de nouveau. Mais tout appel à une réunion sans avoir obtenu de solution à la crise actuelle sera vue comme un défi par une composante libanaise (les ministres chiites, ndlr) et pourrait provoquer des démissions de ministres", a estimé M. Mikati. "C'est pour cela que je refuse de mettre en danger le gouvernement", a-t-il ajouté, ce qui représente une nouvelle réponse négative aux appels de M. Aoun à la tenue d'un Conseil des ministres même si boycotté par les ministres chiites.

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Connu par sa capacité à arrondir les angles, le Premier ministre a toutefois affirmé qu'il entretenait de bonnes relations, aussi bien avec M. Aoun, qu'avec M. Berry.

"Il y a une coopération totale entre le président de la République et moi, et les propos faisant état de divergences visent à exacerber les tensions politiques", a estimé le chef du gouvernement. "La relation avec le président Berry est, elle aussi, parfaite, et les contacts avec lui sont constants pour trouver une solution à la reprise des réunions du Conseil des ministres", a-t-il conclu.

Commentant enfin les élections législatives qui doivent se tenir au printemps 2022, mais dont la date exacte divise les formations politiques, M. Mikati a affirmé s'apprêter à "prendre toutes les mesures pour l"organisation du scrutin avant le 21 mai 2022, afin que nous ayons un Parlement élu, tout en prenant en considération la loi en vigueur". "Nous allons convoquer les commissions électorales en début d'année prochaine. Quant à la date de la tenue du scrutin, elle dépend nécessairement de la décision du Conseil constitutionnel concernant le recours présenté contre la loi électorale", a-t-il indiqué.

Le Conseil constitutionnel a jusqu'au 21 décembre pour rendre sa décision relative au recours en invalidation des amendements apportés à la loi électorale le 19 octobre dernier. Le texte en cause avait été contesté par M. Aoun, et par la formation qu'il a fondée, le Courant patriotique libre (CPL), à l’origine du recours. Le CPL a contesté la constitutionnalité de la majorité obtenue par l’amendement en deuxième lecture concernant la circonscription consacrée aux expatriés. Le chef du Parlement, Nabih Berry, souhaitait que les expatriés votent pour les 128 candidats des quinze circonscriptions sur le territoire libanais, alors que le CPL prône le vote dans le cadre d’une circonscription réservée exclusivement à la diaspora et comprenant six sièges. La formation aouniste plaide également pour des élections en mai 2022 et non le 27 mars, comme le souhaite le Parlement.

Le Premier ministre libanais, Nagib Mikati, dont le gouvernement ne s'est plus réuni depuis le 12 octobre en raison d'une profonde crise politique interne autour de l'enquête sur l'explosion au port de Beyrouth, s'est prononcé, vendredi, contre une démission de son cabinet, affirmant que celle-ci serait "la plus facile des solutions mais la pire aussi". Ce refus clairement exprimé vient...

commentaires (5)

Donc c'est pire de partir que de rester ? en même temps c'est normal, il ne servent à rien, ils servent seulement leurs bas intérêts.

Zeidan

23 h 20, le 17 décembre 2021

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Commentaires (5)

  • Donc c'est pire de partir que de rester ? en même temps c'est normal, il ne servent à rien, ils servent seulement leurs bas intérêts.

    Zeidan

    23 h 20, le 17 décembre 2021

  • The more Hezbollah attempts to block the investigation into the Port of Beirut explosion, the more it becomes a suspect. It is regrettable that the political assassinations committed in the early 2000 for which members of Hezbollah were implicated have not been punished although successive Lebanese governments have spent over half a billion $ for the international tribunal to reach the truth. This perpetuates the culture of total impunity that only applies to Lebanese politicians and affiliated entities. The time for true accountability is long overdue for all crimes, including assassinations, attempts of assassinations, and financial crimes as BDL has connived with the ABL to recklessly gamble away our savings by lending them to an insolvent state lead by corrupt politicians.

    Mireille Kang

    21 h 43, le 17 décembre 2021

  • Quelle gabegie ce pays! Comment tomber plus bas que terre? Désespérant ! Incapables de gouverner!

    Carla Maroun Collet

    19 h 08, le 17 décembre 2021

  • DONC IL NOUS RASSURE LE MILLIARDAIRE. IL EST AMI AMI AVEC BERRI ET AVEC AOUN. IL EST OÙ LE PROBLÈME ALORS ? PAS DE PROBLÈME. TOUT VA BIEN

    Gebran Eid

    17 h 30, le 17 décembre 2021

  • Ceux qui ont provoqué la crise gouvernementale, savaient où ça aboutirait. Probablement, ils préfèrent le statu quo pour ne pas risquer le changement. Démission ou pas, ils ne sont pas chauds pour les réformes, malgré le bla bla, ni pour les législatives aussi.

    Esber

    16 h 47, le 17 décembre 2021

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