Le chef du courant du Futur, Saad Hariri, envisage sérieusement de ne pas se présenter aux élections législatives de 2022, a appris L’Orient-Le Jour auprès de plusieurs sources dans l’entourage de celui qui a été Premier ministre à trois reprises. La rumeur court depuis quelques semaines déjà, et si le fils de Rafic Hariri n’aurait pas encore pris sa décision finale, il pencherait plutôt vers une abstention, selon les informations obtenues par L’OLJ.
L’absence de Saad Hariri serait un véritable séisme pour la scène politique sunnite dominée par la famille depuis trois décennies. S’il ne sera pas lui-même en lice, poussera-t-il les candidats du Futur à entrer dans la bataille électorale ou restera-t-il totalement à l’écart ? Toutes ces questions taraudent aujourd’hui le courant du Futur, la communauté sunnite et d’autres acteurs politiques, en particulier le président du Parlement Nabih Berry et le chef du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt, qui comptaient tous les deux s’allier avec lui. Au sein du courant du Futur, la confusion règne. « Nous n’avions pas connu une telle situation depuis la décision de M. Hariri de conclure le compromis présidentiel avec Michel Aoun », dit un responsable du parti. À l’époque, les députés de la formation haririenne n’avaient pas été tenus informés des tractations avec l’ancien chef du Courant patriotique libre (CPL) et avaient reçu la nouvelle avec beaucoup de circonspection. Leur leader, Saad Hariri, est connu pour être une personnalité assez versatile, ce qui renforce un peu plus le flou autour de sa prochaine décision. « Personne ne peut affirmer aujourd’hui avec certitude qu’il ne se représentera pas », assure un proche de l’ex-chef de gouvernement.
Les informations qui circulent sont pour l’instant contradictoires. « La possibilité qu’il fasse l’impasse sur les élections est extrêmement sérieuse », confie ainsi un de ses proches conseillers. Selon lui, le leader sunnite considère que « cette bataille électorale n’a aucun intérêt » alors que « le Hezbollah contrôle le pays ». « Saad Hariri préfère rester à l’écart, convaincu qu’il faut laisser le Hezbollah diriger seul le pays afin que les Libanais sachent quel sort leur sera réservé à ce moment-là », ajoute-t-il. Cette approche tranche avec la stratégie de modus vivendi vis-à-vis du Hezbollah prônée par le chef du courant du Futur depuis 2014. Cette politique lui a valu le courroux de Riyad, son ancien parrain, dont il n’a pu retrouver le soutien, malgré de multiples efforts, depuis sa séquestration dans la capitale saoudienne en novembre 2017. D’autres sons de cloche, au sein du parti, se veulent toutefois plus rassurants. « Saad Hariri tâte le terrain pour faire comprendre à tout le monde que son retrait provoquerait un énorme vide », dit un député du Futur. Ce dernier y voit un moyen pour le leader sunnite non seulement de se faire désirer, mais de pousser le royaume wahhabite à le remettre dans ses petits papiers. « Wishful thinking? » C’est fort possible.
Un accord avec les Émirats ?
L’un des bras droits de Saad Hariri, Ghattas Khoury, a informé récemment un ancien baron du Futur qu’il fallait attendre que la date des élections soit fixée pour connaître la position définitive du leader sunnite, a appris L’Orient-Le Jour. Les législatives devaient normalement avoir lieu en mars 2022 mais le président de la République Michel Aoun refuse de signer le décret convoquant le collège électoral si le scrutin ne se tient pas en mai.
Durant la deuxième semaine d’octobre, la députée Bahia Hariri et son fils Ahmad se sont rendus à Abou Dhabi, où réside actuellement Saad Hariri. « Saad leur a dit qu’il ne comptait pas se présenter », dit le responsable du courant du Futur précité. « Mais Bahia a refusé d’arrêter la machine électorale, estimant que cela reviendrait à fermer la maison de Rafic Hariri. Elle a convaincu son neveu de reporter son retour (moment auquel il devait annoncer sa décision, NDLR) ajoutant qu’elle organisera elle-même la bataille électorale », ajoute le responsable.
Cette bataille, elle ne se présente pas sous les meilleurs auspices pour la maison Hariri. Loin s’en faut. « Nous allons nous faire laminer », reconnaissait il y a quelques semaines, auprès de L’OLJ, un député du parti ayant requis l’anonymat. Si aucun sondage sérieux ne permet de la mesurer, la popularité de Saad Hariri semble en forte baisse au sein de la communauté sunnite, notamment depuis le soulèvement du 17 octobre 2019. Le chef du courant du Futur serait également en butte à de graves soucis financiers qu’aucun de ses potentiels parrains ne souhaite actuellement compenser. « Saad Hariri a passé un accord avec les autorités émiraties : il se retire de la vie politique en échange de quoi les Émirats arabes unis l’aident à se refaire une santé financière », avance un diplomate occidental ayant requis l’anonymat.
« L’Arabie ne le regarde pas »
Une élection sans Saad Hariri ? Nabih Berry et Walid Joumblatt ne veulent pas y croire. Les deux hommes se sont récemment entretenus à ce sujet et ont convenu que le leader druze devait tenter d’en savoir plus. Walid Joumblatt s’est ainsi rendu chez Bahia Hariri avant d’envoyer son fils, Taymour, et le député Waël Bou Faour aux Émirats arabes unis pour rencontrer le leader sunnite. « Il leur a dit qu’il réfléchissait encore », dit une personne ayant suivi les tractations de près. Nabih Berry s’active lui aussi pour convaincre le fils de Rafic Hariri de ne pas se retirer. L’ex-ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, a récemment parlé avec le chef du Futur pour le persuader de revenir. « Nabih Berry coordonne son action avec Bahia et Ahmad Hariri pour organiser une rencontre avec Saad Hariri », avance un proche du chef du Parlement. Le Hezbollah est pour sa part convaincu que le leader sunnite ne se présentera pas. « L’Arabie ne le regarde pas et les Émirats ne veulent pas le soutenir politiquement, pour ne pas provoquer Riyad », dit un cadre du parti chiite.
En l’absence de Saad Hariri, la communauté sunnite se présenterait aux prochaines élections sans véritable leader, aucune des figures ayant contesté son leadership ces dernières années n’ayant réussi à s’imposer. L’ancien Premier ministre Fouad Siniora a, dans ce contexte, décidé de relancer les travaux du Groupe des Vingt (un groupe de personnalités sunnites proches de Siniora) qui a tenu une réunion il y a quelques jours pour réfléchir aux moyens de combler le vide sunnite. Ahmad Hariri songe, de son côté, à préparer la bataille électorale à Beyrouth et essaie de constituer une liste, mais on ignore s’il en prendra la tête ou si cette place sera réservée à Bahia Hariri qui se présente généralement à Saïda.
S’il inquiète les uns, l’éventuel vide fait les affaires des autres. Notamment de l’ancien ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk, qui a organisé lundi dernier une cérémonie en l’honneur d’un certain nombre de personnalités dites « souverainistes » ou du 14 Mars ainsi que de figures sunnites qui étaient proches de Saad Hariri. Lors de cette cérémonie, il a envoyé plusieurs piques contre ce dernier. « M. Machnouk prépare son mouvement pour profiter du retrait de l’ancien Premier ministre », confirme un proche de l’ancien ministre de l’Intérieur. Ira, ira pas ? Le suspense pourrait encore durer. « Saad Hariri peut changer encore dix fois d’avis d’ici là », dit un bon connaisseur du dossier.
Merci à Mounir Rabih pour ses mises aux points, ses explications, et la réalité des choses sur le terrain de la politique Libanaise Ô combien compliquée. Franco-Libanais, Chrétien et fier de l’être je suis personnellement reconnaissant à la Famille Hariri pour ce que le Martyre Rafik Hariri a fait pour TOUS les libanais sans aucune exception. Le Premier ministre Saad Hariri, a pris les rênes du pouvoir trop jeune, subitement et, sans expérience. De bonnes pates avec un cœur en or comme son Père, il a voulu faire avancer les Liban dans la tourmente de la tempête qui, soufflait sous l’influence du Parti mortifère le Hezbollah. Avalant des couleuvres du Hezbollah/Amal/Aoun/CPL/Bassil, afin d’essayer de sauver ce qui reste du navire Liban. Mais…le radeau Saad Hariri a été envoyé dans l’abysse dès les premiers instants. Courageux volontaire est téméraire, il s’est donné à fond malgré les embuches du Hezbollah et consorts. Nous connaissant la suite. Le bon vieux Pays du Cèdre sans Saad Hariri est inconcevable et inimaginable ! NOUS Peuple Libanais de toutes confessions, réclamons le retour de Saad Hariri aux manettes, en commençant par les élections jusqu’à la composition du prochain gouvernement fait d’experts comme il a l’intention de faire. Demandons au Royaume Saoudien de revenir sur la scène Libanaise et, imposer ses volontés, pour écarter le Hezbollah définitivement du Liban et du moyen-Orient. Sans cela, tôt ou tard la prolifération du covid Hezbollah se propagera partout
22 h 08, le 25 novembre 2021