2022 est l’année des grandes échéances au Liban. L’année où le pouvoir est censé se reconstituer, au moins en partie, à l’aune des bouleversements qui ont agité le pays depuis le soulèvement du 17 octobre 2019. Mais parce que la période est charnière et la bataille décisive, les bras de fer entre les différentes formations politiques sont nombreux et font peser le risque d’une nouvelle paralysie politique. La tenue du scrutin législatif est menacée. Celle de la présidentielle, déjà dans toutes les têtes, l’est encore plus.
C’est notamment parce que le prochain Parlement sera chargé d’élire le successeur de Michel Aoun que les élections législatives revêtent un enjeu de premier ordre. Signe de l’importance de celui-ci, L’Orient-Le Jour a appris que plusieurs partis politiques avaient proposé de le retarder de six mois afin que le prochain président soit élu par la Chambre actuelle. Cela permettrait de faciliter, selon eux, un compromis autour d’une nouvelle personnalité et d’éviter le scénario où Michel Aoun, faute d’accord, resterait à Baabda. Le parti du président, le Courant patriotique libre (CPL), est isolé au sein du Parlement où il ne peut compter que sur l’appui du Hezbollah. Mais des membres de la commission parlementaire de l’Administration de la Justice écartent toutefois ce scénario qui nécessite un amendement de la Constitution, et donc l’approbation des deux tiers de la Chambre, ainsi que la signature du président de la République. « Si on en arrivait là, Aoun pourrait aller jusqu’à proposer de dissoudre le Parlement », confie un membre de cette commission. Les pays occidentaux insistent, de leur côté, pour que le calendrier électoral soit respecté et en font même une condition du déblocage des aides internationales.
Menace de Aoun
Deux autres scénarios apparaissent aujourd’hui plus probables. Le premier implique que les législatives soient annulées. Si toutes les parties assurent qu’elles souhaitent que le scrutin ait bien lieu, les batailles qui entourent le calendrier électoral font craindre un report ou même une annulation de celui-ci. Les élections sont censées se tenir le 27 mars prochain, si l’on s’en réfère à la décision prise par le Parlement. Mais dans un entretien avec le quotidien pro-Hezbollah al-Akhbar, Michel Aoun a affirmé « qu’il ne signerait pas le décret et qu’il n’accepterait que deux dates pour la tenue des élections, le 8 ou le 15 mai ». Le CPL a, en outre, déposé jeudi devant le Conseil constitutionnel un recours en invalidation contre les amendements apportés à la loi électorale. Les députés CPL ont attendu la fin du délai de quinze jours pour présenter leur recours, et le Conseil Constitutionnel a désormais un délai allant d’un mois pour se prononcer. Or, le décret convoquant le collège électoral doit être signé par le président au plus tard le 8 décembre, soit trois mois avant le début de la date du vote des expatriés qui doit avoir lieu deux semaines avant celle des élections au Liban. Si le Conseil constitutionnel tardait à prendre sa décision, les élections pourraient donc être renvoyées à mai. Les opposants à Michel Aoun, au premier rang desquels figure le chef du Parlement Nabih Berry, pourraient de leur côté demander aux membres du Conseil constitutionnel qui leur sont affiliés de boycotter la séance pour provoquer un défaut de quorum. Mais la tenue des élections aux dates prévues serait toujours conditionnée à la signature du décret présidentiel convoquant le collège électoral.
Si les élections étaient reportées ou annulées, le pays devrait vivre une nouvelle crise institutionnelle. Michel Aoun pourrait, dans ce cas de figure, refuser de quitter le palais présidentiel à la fin de son mandat, en octobre 2022. « À la fin de mon mandat, je laisserai certainement la place, au palais de Baabda, à un président qui me succédera. Je ne remettrai pas le pouvoir au vide », a-t-il affirmé hier à al-Akhbar, dans une phrase qui sonne clairement comme une menace. Le Liban serait alors suspendu à un accord à la fois interne et régional pour trouver un compromis permettant une sortie de crise.
Joseph Aoun et Bassil
Dans le second scénario possible, les élections auront lieu soit au mois de mars, soit au mois de mai. Mais au Liban, la majorité qui l’emporte est obligée de composer avec les autres forces politiques. Le chef du courant du Futur Saad Hariri et celui du CPL Gebran Bassil admettent régulièrement en privé qu’« avoir la majorité ne veut rien dire » au Liban. « En 2009, nous avons remporté une victoire écrasante et obtenu la majorité parlementaire. Nous n’avons pas pu gouverner, avons été contraints à un compromis, ce qui a conduit le Hezbollah à réussir à s’imposer et à renverser mon gouvernement en faveur de celui de Nagib Mikati », confiait récemment Saad Hariri à l’un de ses lieutenants, en référence à la chute de son gouvernement en 2011, suite à la démission des ministres du Hezbollah et de ses alliés. Les forces politiques libanaises ont toutes conscience que l’élection du prochain président dépend également de facteurs régionaux. « Le compromis qui a amené Michel Aoun à devenir président de la République en 2016 était parrainé internationalement. Sans cette volonté, il ne serait pas à la tête du pays. Ce n’est donc pas parce qu’il jouit du plus grand bloc chrétien, bien que ce critère soit pris en compte », décrypte un homme politique de premier plan ayant requis l’anonymat.
L’exemple irakien est éclairant. Les forces pro-iraniennes ont perdu les élections, mais les autres partis ne peuvent pas former pour autant un gouvernement sans eux au risque de déclencher un nouveau cycle d’instabilité. Ainsi, au Liban, même si les forces opposées au Hezbollah parvenaient à remporter la majorité, elles ne pourraient pas contourner le parti chiite. Autrement dit, il faudrait un véritable bouleversement de la scène politique pour qu’un candidat ouvertement anti-Hezbollah soit élu à Baabda, même si la formation chiite se retrouve en minorité au sein du Parlement. Cela écarte, a priori, le leader des Forces libanaises Samir Geagea et le chef des Kataëb Samy Gemayel. Le premier a actuellement le vent en poupe et pourrait être le grand vainqueur des prochaines élections. Si sa formation arrive devant le CPL, il sera en position de force pour « négocier » son candidat. Mais il devra tout de même prendre en compte les desiderata du Hezbollah qui pourrait, de son côté, appuyer son allié Sleiman Frangié qui était déjà dans la course en 2016. Le leader des Marada a l’avantage de pouvoir obtenir les voix de plusieurs partis traditionnels, mais il devra en même temps faire face, a priori, au veto des partis chrétiens traditionnels, les FL et le CPL. Sanctionné par les États-Unis et conspué par la rue, Gebran Bassil admet lui-même en privé que dans les circonstances actuelles, il ne peut accéder à la présidence. C’est pourquoi le président et son gendre devraient plébisciter une figure qui ne leur ferait pas de l’ombre, à l’instar du commandant en chef de l’armée Joseph Aoun qui semble avoir les meilleures chances d’être le candidat du compromis. L’Orient-Le Jour a appris que Michel Aoun a réuni il y a peu le chef de l’armée et son gendre afin d’améliorer les relations entre les deux hommes. On ne peut écarter, non plus, le scénario dans lequel les formations ne parviendraient pas à s’entendre sur un nouveau candidat. Dans ce cas-là, le risque serait à nouveau soit le vide, comme ce qui s’est passé à la fin du mandat de Michel Sleiman, soit que le président actuel refuse de quitter Baabda...
LE CIRQUE DES POLICHINELLES CORROMPUS ET MAFEUX DE LA TETE LA PLUS HAUTE DE L,ECHELLE S,ECTIVENT ACHARNEMENT POUR LEURS INTERETS ET PROFITS PERSONNELS.
15 h 07, le 21 novembre 2021