
De gauche à droite : le chef du Parlement libanais, Nabih Berry, le président Michel Aoun et le Premier ministre Nagib Mikati lors d'une cérémonie militaire à l'occasion du 78e anniversaire de l'Indépendance du Liban, le 22 novembre 2021, à Yarzé. Photo ANWAR AMRO / AFP
Le Premier ministre libanais, Nagib Mikati, a exprimé, lundi, son optimisme quant à une sortie prochaine de la crise politique qui empêche son gouvernement de se réunir depuis le 12 octobre, à l'issue d'une réunion avec le chef de l'Etat, Michel Aoun, et le président de la Chambre, Nabih Berry, au palais de Baabda, où les trois présidents s'étaient rendus après avoir assisté à une cérémonie militaire symbolique célébrant le 78è anniversaire de l'Indépendance, au ministère de la Défense, à Yarzé.
Cette célébration, en comité réduit, a été organisée alors que le pays est miné depuis plus de deux ans par la pire crise socio-économique de son histoire contemporaine, et que le gouvernement patauge sur fond de tensions autour de l'enquête sur la double explosion au port de Beyrouth, le 4 août 2020. Les ministres chiites demandent, en effet, que le cabinet prenne une décision concernant la récusation du juge Tarek Bitar, en charge de l'instruction, qu'ils accusent d'être politisé.
Des activistes de la société civile, dont une partie importante s'oppose à la classe dirigeante et l'accuse de corruption et d'incompétence, ont organisé, de leur côté, une parade "civile" à 14h30, sur le boulevard Charles Hélou, qui longe le port de Beyrouth.
"Dialogue sérieux"
"Le dialogue était sérieux lors de la réunion" tripartite, a affirmé M. Mikati à son départ de Baabda, en espérant que l'entretien mènera à des conclusions positives, selon des propos rapportés par la présidence. Interrogé par des journalistes au sujet d'une résolution de la crise politique, le chef du Législatif a, pour sa part, formulé l'espoir que "les choses iront mieux", selon la même source.
Plus tôt dans la journée, MM. Aoun, Berry et Mikati avaient assisté côte à côte à la parade militaire annuelle à Yarzé. Arrivé le premier, M. Mikati s'est installé dans le carré présidentiel et a discuté en aparté avec le ministre de l'Intérieur Bassam Maoulaoui, également présent, puis il a été suivi par M. Berry. A son arrivée à Yarzé, M. Aoun a déposé une couronne de fleurs en hommage aux soldats tombés sur le champ d'honneur, avant d'effectuer une revue des troupes, debout à bord d'un véhicule militaire, accompagné du ministre de la Défense Maurice Slim, et du commandant en chef de l'armée, le général Joseph Aoun.
Ils ont ensuite rejoint l'estrade, où M. Aoun s'est assis entre MM. Berry et Mikati après leur avoir serré la main. Les trois dirigeants n'ont échangé que quelques mots avant la parade militaire. Les tensions sont à leur comble entre le chef de l'Etat et le président de la Chambre, en raison de divergences concernant notamment l'organisation des élections en 2022 et l'enquête sur le drame du 4 août.
Le président libanais Michel Aoun (g.) et le ministre de la Défense Maurice Slim passant en revue la troupe lors d'une cérémonie militaire à Yarzé, le 22 novembre 2021. Photo ANWAR AMRO / AFP
Le chef de l'Etat a, lui, reçu à Baabda une délégation formée par les chefs des forces armées et des sécurité. Il a ainsi salué le "rôle joué par l'armée et les forces des sécurité dans la préservation de la sécurité et la stabilité dans le pays malgré les conditions sociales et économiques difficiles". Le chef de l'armée, le général Joseph Aoun, a pour sa part appelé le président de la République à "aboutir à une sortie de crise avec le moins de pertes possibles". Le chef des Forces des sécurité intérieure (FSI), Imad Othman, a pour sa part appelé le président Aoun à "faire tout son possible, avec le gouvernement, pour sauver les forces armées avant qu'il ne soit trop tard".
"Croire continuellement dans le pays"
Plus tôt dans la matinée, le chef du gouvernement avait indiqué, dans un tweet, que "fêter l'indépendance n'est pas une commémoration annuelle, c'est croire continuellement dans le pays et travailler avec acharnement pour réaliser les aspirations et les espoirs des Libanais".
Pour sa part, le président du Parlement, Nabih Berry, a affirmé dans un communiqué que "nous sommes tous concernés, en cet instant le plus dangereux pour l'existence du Liban, pour renforcer le pays et l'indépendance de sa justice (...), loin de toute politisation", et ce, alors que des responsables politiques issus du parti de M. Berry tentent d'entraver l'enquête sur l'explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth.
Dans un discours prononcé la veille, M. Aoun avait plaidé pour la "séparation des pouvoirs", prévue dans la Constitution, ce qui est une manière de rejeter les revendications chiites. Il avait également exprimé l'espoir d'une "solution prochaine" de la crise diplomatique avec les pays arabes du Golfe, provoquée par des déclarations anti-saoudiennes du ministre de l'Information Georges Cordahi, et appelé les Libanais à ne pas "gâcher la chance (...) de se débarrasser de la classe politique corrompue" lors des prochaines élections, sans plus de précision sur cette classe.
"Assumer leurs responsabilités"
Sur le plan international, le chef de la diplomatie américaine, Anthony Blinken, a exprimé ses "vœux les plus chaleureux au peuple du Liban pour l'anniversaire de son indépendance". "Les Etats-Unis, en ces temps difficiles, continuent de se tenir au côté du peuple libanais et de soutenir ses espoirs en un avenir meilleur", a conclu M. Blinken dans un communiqué.
En outre, le président russe, Vladimir Poutine, a félicité son homologue libanais pour l'occasion, et a affirmé que Moscou "s'engage à constamment soutenir la souveraineté et l'unité du Liban", affirmant que "toute ingérence étrangère dans les affaires libanaises était inacceptable".
Le roi Abdallah II de Jordanie a également félicité le président Aoun pour la fête de l'Indépendance, tout comme l'a fait l'émir du Qatar, le cheikh Tamim ben Hamad Al Thani.
Au niveau des représentations diplomatiques, et en l'absence d'une réception au palais de Baabda, plusieurs diplomates basés à Beyrouth ont transmis, via les réseaux sociaux, leurs vœux à l'occasion de la fête nationale.
L'ambassadrice de France, Anne Grillo, a souhaité à que le Liban soit "souverain et uni, envers et contre tous les défis auxquels il est aujourd'hui confronté", assurant, une nouvelle fois, que Paris se tient "aux côtés des Libanaises et Libanais qui s'engagent avec détermination, talent et courage pour construire ce Liban auquel ils aspirent". Dans son tweet, Mme Grillo a encore exhorté "les autorités et la classe politique à assumer leurs responsabilités sans plus attendre", face à la crise.
L'ambassadrice américaine, Dorothy Shea, s'est contentée de publier une photo d'un paysage avec les mots "Bonne fête, en espérant de meilleures conditions".
La parade militaire de l'Indépendance avait été annulée en 2020, en raison de la pandémie du Covid-19. En 2019, en plein soulèvement populaire contre la classe dirigeante, les autorités s'étaient contentées d'une parade symbolique également au ministère de la Défense, alors que la parade se déroule habituellement dans le centre-ville de Beyrouth.
Parades civiles
Par ailleurs, à Saïda, au Liban-Sud, des activistes se sont rassemblés, lundi matin, suite à un appel du président de la municipalité et des organisations civiles, en amont d'une marche prévue à 10h, afin de protester contre la détérioration de la situation générale dans le pays, rapporte notre correspondant Mountasser Abdallah. "Les jeunes et le peuple n'ont plus d'autre choix que l'escalade pacifique et démocratique contre la classe politique corrompue", a déclaré à L'Orient-Le Jour le chef de l'Organisation populaire nassérienne, Oussama Saad, déplorant "l'effondrement du pays à cause des dirigeants au pouvoir".
commentaires (18)
ILS SE MARRENT L,UN DE L,AUTRE LES TROIS MOUS - QUE - TERRE...
LA LIBRE EXPRESSION. VERITES ! EQUITE !
21 h 37, le 22 novembre 2021