A l'occasion du 78e anniversaire de l'indépendance du Liban, qui sera officiellement célébré demain lundi, le patriarche maronite Béchara Raï et l'ancien Premier ministre Saad Hariri ont tous deux fustigé une indépendance compromise par les tensions politiques, la crise socio-économique et les allégeances de certains partis à d'autres pays, en référence implicite au Hezbollah pro-iranien.
"L'Indépendance souffre aujourd'hui de la présence dans le pays de Libanais, de responsables et de partis qui ne sont pas indépendants", a dénoncé Mgr Raï dans son homélie dominicale, estimant que l'indépendance ne peut pas exister si certaines parties du peuple sont "fidèles à une autre nation", en allusion claire au Hezbollah et ses partisans. Il a en outre estimé que le Liban ne peut être indépendant tant que certains dirigeants "n'assurent pas au peuple une vie digne, la justice et des garanties sanitaires et sociales", alors que le pays s'enfonce depuis deux ans dans la plus grave crise socio-économique de son histoire moderne, qui a poussé 78% de la population sous le seuil de pauvreté. "L'Indépendance ne peut pas exister dans une nation qui se transforme en terrain de guerre pour tous les problèmes du Moyen-Orient et du monde", a-t-il poursuivi. Le prélat a dès lors demandé que soit "renforcée la neutralité positive et active" du Liban afin d'assurer son indépendance, un appel qu'il a lancé à de nombreuses reprises ces derniers mois, préconisant un éloignement du pays des conflits des axes, et notamment de la rivalité irano-saoudienne.
Folie politique
De son côté, l'ex-Premier ministre Saad Hariri a estimé que le Liban "aurait pu devenir le paradis de l'Orient" si toutes les promesses faites au cours des 70 dernières années s'étaient concrétisées, mais que "les guerres des autres sur son sol, les conflits confessionnels, les échanges haineux et les allégeances à l'étranger" en ont fait un "enfer". Il a déploré que l'indépendance du Liban avait été mise aux mains d'"esprits sauvages spécialisés dans la fabrication d’États faillis". "Il est très regrettable que l'indépendance du Liban soit victime de la folie politique, sécuritaire et confessionnelle", a ajouté M. Hariri dans un tweet, regrettant que les dirigeants soient "même incapables de réunir un Conseil des ministres", alors que l'Exécutif est actuellement paralysé par des tensions concernant le sort de l'enquête sur la double explosion du 4 août 2020 et la crise diplomatique avec les pays du Golfe. "Il est très regrettable que, 78 ans après l'indépendance, les citoyens ressentent le besoin d'un État qui ne soit pas captif d'un parti, d'une confession ou qui ne soit pas une plateforme pour les guerres arabes", a ajouté l'ancien président du Conseil.
Pour sa part, le chef du Parlement, Nabih Berry, a estimé que l'indépendance était célébrée cette année alors que le Liban traverse le "moment le plus dangereux pour son existence", appelant à ce qu'elle soit garantie en assurant "l'indépendance de la justice, en tant que pouvoir qui respecte la Constitution et le lois, loin de toute politisation, du clientélisme, du communautarisme et de la confessionnalisation". Une pique en référence à l'enquête sur la double explosion au port de Beyrouth, menée par le juge Tarek Bitar, qui a lancé des poursuites contre plusieurs responsables, dont deux députés et anciens ministres membres du mouvement Amal, dirigé par M. Berry. Depuis, Amal et le Hezbollah accusent M. Bitar d'être politisé et réclament sa récusation, refusant de participer à toute réunion gouvernementale tant que cette question n'a pas été résolue. Les réunions gouvernementales sont, face à ce bras de fer, suspendues depuis le 12 octobre. M. Berry s'est engagé, en outre, à œuvrer pour "libérer l'économie de la mainmise des accapareurs de denrées, libérer les dépôts des citoyens dans les banques, et rétablir la confiance entre le citoyen, l'Etat et ses institutions et la confiance du monde dans le Liban".
A l'occasion de la fête nationale libanaise, de nombreux responsables, ministres et députés ont placé des couronnes de fleurs sur les tombes des "pères de l'indépendance", dans plusieurs régions du Liban. Le chef de l’État Michel Aoun devrait, lui, s'exprimer à 20h.
commentaires (9)
Comment voulez-vous qu’on continue à respecter la position et le titre de cet individu alors que lui n’a aucun respect pour nous peuple qu’il continue à nous prendre pour ses larbins serviteurs à qui il fait cracher encore et encore le moindre centime épargné ou reçu par les proches travaillant à l’étranger et qui persiste à vouloir poursuivre les voleurs et les corrompus alors qu’il est à leur tête et les protège. Bande de mafieux sans âme. LIBANAIS, REMUEZ-VOUS A LA FIN VOUS ATTENDEZ QUOI?
Sissi zayyat
14 h 57, le 22 novembre 2021