"Peuple, armée, justice", "Message d'espoir", "Solidarité avec le peuple" : plusieurs centaines de militants de la société civile et de Libanais ont défilé, lundi après-midi, sur l'avenue Charles Helou, près du port de Beyrouth, pour célébrer le 78è anniversaire de l'Indépendance du Liban, alors qu'une parade militaire avait eu lieu plus tôt dans la journée au ministère de la Défense, à Yarzé, en présence des chefs de l'Etat, du gouvernement, et du Parlement. Ces défilés se sont déroulés dans un pays en profonde crise depuis 2019 et qui poursuit son effondrement socio-économique et politique.
"Peuple, armée, justice"
Les manifestants, de toutes les tranches d'âge, issus de plusieurs régions du pays, se sont rassemblés pour célébrer, à leur manière, la fête de l'Indépendance, brandissant des drapeaux du Liban et des groupes qu'ils représentent. L'ONG Act for Lebanon, qui a organisé la parade civile, a dévoilé, avant le lancement de la parade, un grand drapeau métallique du Liban, sur lequel on pouvait lire le slogan : "Peuple armée justice", en écho au slogan du Hezbollah "Peuple, armée, résistance".
Deux cents vingt-neuf colombes ont été ensuite lâchées pour commémorer les victimes des explosions meurtrières au port de Beyrouth, le 4 août 2020. Après ces actions symboliques, des "bataillons" civils ont défilé sur l'avenue, exceptionnellement fermée à la circulation. Au passage de chacun de ces groupes, un présentateur expliquait les revendications et caractéristiques de ces bataillons, de la même manière dont avaient été présentés, en début de journée, les différents bataillons militaires lors de la parade officielle.
En tête du cortège, le bataillon des pompiers de Beyrouth, dont dix ont été tués lors de la déflagration du 4 août 2020, a réclamé "la levée des immunités des responsables poursuivis dans l'enquête", tandis que celui des personnes blessées dans l'explosion a souhaité que "justice soit rendue". Celui des victimes du soulèvement populaire du 17 octobre 2019, dont le nombre s'élève à 12, espère, quant à lui, "garder la flamme de la révolution allumée jusqu'à ce que la classe politique rende des comptes". Les avocats, eux, affirment être "indépendants", afin de gagner "le soutien des Libanais, source de tous les pouvoirs". Le "bataillon" des militaires à la retraite a espéré, de son côté, que les droits des militaires, notamment ceux à la retraite, soient respectés, au vu de la détérioration des conditions de vie.
"Message d'espoir"
"Nous sommes venus dire que nous sommes avec le peuple, l'armée et la justice", a affirmé Sami Helou, représentant du bataillon des ingénieurs, à notre journaliste sur place, Mohammad Yassine. "Nous voulons la justice pour toutes les personnes qui ont été massacrées au port de Beyrouth. Nous sommes aussi ici en solidarité avec tous nos martyrs du soulèvement du 17 octobre", a-t-il ajouté. "Nous appuyons l'armée libanaise et nous ne voulons qu'elle", a-t-il souligné.
Au nom du bataillon des médecins, un activiste a adressé "un message d'espoir aux jeunes en proie au désespoir qui quittent le Liban", et affiché leur volonté de "construire un pays que les jeunes méritent et qui les mérite". Il a également adressé "un message de solidarité avec le peuple qui est confronté à beaucoup de crises" et remercié les Libanais de l'étranger qui se sont inscrits sur les listes électorales des législatives, prévues au printemps 2022.
Il s'agit de la seconde édition d'un tel événement "civil" célébrant l'Indépendance, après le défilé organisé en 2019, un peu plus d'un mois après le début du soulèvement populaire du 17 octobre, et qui avait drainé des milliers de personnes, participants et public, dans le centre-ville de Beyrouth. En 2020, cet événement n'avait pas été organisé, en raison de la pandémie de coronavirus.
Plus tôt dans la matinée, des activistes ont organisé à Saïda (Liban-Sud) une marche, afin de protester contre la détérioration de la situation générale dans le pays, suite à un appel du président de la municipalité et des organisations civiles. "Les jeunes et le peuple n'ont plus d'autre choix que l'escalade pacifique et démocratique contre la classe politique corrompue", a déclaré à L'Orient-Le Jour le chef de l'Organisation populaire nassérienne, Oussama Saad, déplorant "l'effondrement du pays à cause des dirigeants au pouvoir".
Ça ne remue toujours pas la fibre patriotique de tout le peuple affamé et anéanti pour se joindre à la jeunesse et aller libérer leur pays. Ces slogans de liberté, justice et paix ne leur parle plus. Ils parlent bouffe, électricité et Zaims à protéger. Avec ça nous allons vite atteindre le nirvâna et la liberté mais dans une autre vie une fois que nous serons tous massacrés.
14 h 16, le 23 novembre 2021