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Culture - Rencontre

La flûtiste Michala Petri nous apporte un souffle de vie

La célèbre musicienne danoise donne un concert ce soir à l’église Saint-Élie (Kantari) avec le guitariste Lars Hannibal. Une soirée des Musicales de Baabdath qui promet d’être mémorable.

La flûtiste Michala Petri nous apporte un souffle de vie

Michala Petri (flûte) et Lars Hannibal (guitare). © Carsten Boe Photography

Michala Petri, reine et magicienne danoise de la flûte à bec pour laquelle tant de compositeurs ont écrit, sera à Beyrouth pour donner voix à une musique qui a le pouvoir envoûtant de l’appel des sirènes. Cette grande dame aux innombrables prestations et enregistrements, livre à L’Orient-Le Jour quelques secrets quant à son inspiration et son talent d’interprète.

Sans paroles superflues, elle évoque l’alchimie entre une respiration et une flûte. Un dosage, une maîtrise, un savoir-faire, un don (inné), une discipline, une pratique patiemment domptée ? Tout cela peut-être, mais Michala Petri écarte le doute et sans tergiverser, explique : « Autant qu’il m’en souvienne, depuis l’âge de trois ans, j’ai commencé mon indéfectible compagnonnage avec la flûte à bec. Et depuis, je ne sais m’exprimer pleinement qu’avec mon “recorder” (terme anglophone désignant la flûte à bec, NDLR). Cela a une connexion sans doute directe entre le souffle et le ton. Et avec la flûte à bec, cela se ressent beaucoup plus qu’avec tout autre instrument. Avec le hautbois, il y a l’effet de l’anche, avec d’autres instruments à vent se crée une résistance avec les lèvres. Mais avec la flûte à bec, il n’y a pas de résistance ; la manière dont on souffle du diaphragme s’entend immédiatement dans la tonalité… »

Dans le vaste univers des instruments à vent (le hautbois, la clarinette, le basson, la flûte traversière, la flûte à bec, formes, bois, dimension, appartenance à des périodes diverses) si différents déjà par leurs qualités sonores, comment Michala Petri fait-elle son choix ? Extrêmement méticuleuse, la musicienne précise : « Généralement, ce que je choisis, c’est surtout la période et ensuite le caractère de la pièce que j’interprète. Le moindre détail compte et peut faire la différence dans la perception sonore, même si les instruments sont identiques… »


Le duo Petri/Hannibal a rendez-vous avec les mélomanes ce soir à l’église Saint-Élie de Kantari. Photo DR

« J’ai hâte de vivre ce voyage »

Ces premières précisions techniques données, Michala Petri qui foule pour la première fois le sol libanais ne cache ni son intérêt, ni son enthousiasme, ni sa curiosité pour une région dont elle n’a vu que des photos. Des paysages qui l’ont ravie, cela dit, et qu’elle qualifie tout simplement de « beaux ». Et de citer Gebran Khalil Gebran qu’elle a lu et dont elle attend beaucoup de la terre qui l’a vu naître…

« J’ai hâte de vivre ce voyage et cette expérience », confie-t-elle, avant de poursuivre : « D’ailleurs, j’ai l’impression de mieux comprendre la musique et l’art quand j’expérimente moi-même un pays… Par exemple, j’ai joué le Concerto en C major de Vivaldi – plus de 400 fois – et puis il y a quelques années je me trouvais pour la première fois avec Claudio Abbado et son orchestre Mozart à Venise dans la cité lacustre où le Prêtre Roux (le surnom de Vivaldi, prêtre catholique à la chevelure rousse, NDLR) a vécu. Un soir, après les répétitions au Teatro Fenice, j’ai joué ce concerto pour moi seule. Et brusquement, tout était différent… Car j’étais imprégnée de toute une atmosphère… Et depuis, ce sentiment, comme une révélation, s’est emparé de moi… »

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À part le souffle, base essentielle pour transmettre émotion et magie musicales, quelles seraient les autres qualités requises pour une flûtiste ? La réponse de Michala Petri fuse : « En effet, le contrôle du souffle et de la respiration est le point de départ, car il traduit la maîtrise du jeu et l’enjeu de la mélodie. Mais il faut aussi une grande précision dans le doigté. Mon conseil pour un ou une jeune flûtiste serait de jouer d’abord lentement et de se focaliser ensuite sur un rythme qui puisse se marier avec le flot de l’air… »

Parmi les nombreux compositeurs qui ont écrit pour elle, lui serait-il possible de faire un classement de choix ou de préférence ? « Difficile à dire. Mais avec le temps qui passe je crois que je préfère maintenant les premières partitions qui se sont offertes... Peut-être parce qu’à présent, avec la maturité et une certaine sagesse, je les comprends mieux ? Toutefois, je peux nommer certains compositeurs dont les œuvres exceptionnelles me sont proches : Joan Albert Amargos (Northern Concerto) et Thomas Koppel Moonchilds (Dream). Deux œuvres écrites pour flûte à bec et large orchestre… »

La rencontre avec le public libanais, en ces circonstances d’effondrement général et de chaos, a-t-elle quelque chose de différent pour elle par rapport à ses autres concerts ?

« Dans chaque concert que je donne, j’essaie toujours de penser et de créer un sentiment d’unité dans la salle, souligne la flûtiste. La musique engendre un profond lien d’union entre les auditeurs. C’est un happening qu’elle provoque. Et dans le silence de l’écoute et de l’accueil des mélodies, rythmes et cadence, le recueillement est alors parfaitement perceptible… Pour ce concert, il y aura un mélange de musique baroque et contemporaine. Une musique facile à comprendre et qu’on peut écouter souvent et longtemps. En temps tourmenté, faire de la musique peut sembler un luxe, mais cela peut apporter aussi un nouvel éclairage à l’esprit. Avec une pointe d’espoir et de consolation. Peut-être que c’est une goutte d’eau dans un océan, mais c’est mieux que rien… » En pensant au public de Kantari, ce soir, Michala Petri conclut : « J’espère que chacun écoutera avec un esprit ouvert, et que chacun sentira que nous, musiciens, venons et jouons avec respect pour les auditeurs, pour la musique et pour la situation que nous vivons en cet instant. J’attends avec impatience ma découverte de votre pays ainsi que le moment du concert… »

Le concert de la flûtiste Michala Petri et du guitariste Lars Hannibal à l’église Saint-Élie (Kantari, entrée libre et mesures sanitaires obligatoires) est sponsorisé par le ministère danois de la Culture à travers l’ambassade du Danemark au Liban avec Son Excellence Mme Merete Juhl.

Michala Petri, reine et magicienne danoise de la flûte à bec pour laquelle tant de compositeurs ont écrit, sera à Beyrouth pour donner voix à une musique qui a le pouvoir envoûtant de l’appel des sirènes. Cette grande dame aux innombrables prestations et enregistrements, livre à L’Orient-Le Jour quelques secrets quant à son inspiration et son talent d’interprète. Sans paroles...

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