Le Premier ministre libanais, Nagib Mikati, a plaidé, mardi, pour une reprise des réunions de son gouvernement, paralysé depuis plus d'un mois par des crises politiques en série qui minent son unité, une situation aggravée par la récente crise diplomatique avec les pays du Golfe. M. Mikati a démenti, dans ce contexte, les informations faisant état d'une solution politique qui paverait la voie à une reprise des réunions du Conseil des ministres en échange de la mise à l'écart du juge Tarek Bitar, en charge de l'enquête sur l'explosion meurtrière du 4 août 2020 au port de Beyrouth.
Opportunités et temps perdus
Lors d'une réunion au Grand sérail axée sur le fonds "B5" pour les PME touchées par l'explosion du port, M. Mikati a plaidé "auprès de tous les protagonistes au sein du cabinet pour une coopération, afin de relancer le travail du gouvernement", rapporte le site d'information al-Markaziya. Le chef du gouvernement a rappelé que cela devait se faire "selon la feuille de route fixée dès le premier jour et en prenant soin de préserver les liens entre le Liban et le monde arabe, notamment les frères des pays du Golfe". "Assez d'opportunités et de temps perdus ! Nous devons tous coopérer pour résoudre le plus de crises possibles, qui constituent la priorité des Libanais qui souffrent, et pour mettre sur les rails les dossiers de négociation sur le moyen et long terme avec les instances internationales", a ajouté M. Mikati.
"La priorité est de dévoiler les circonstances du crime horrible de l'explosion du 4 août 2020 et de panser les plaies des sinistrés. Dans ce cadre, je renouvelle mon appel à tous, afin d'éloigner ce dossier de la politique et de garder cette affaire dans son cadre juridique, dans le respect de la Constitution", a insisté le Premier ministre, dans une critique claire au Hezbollah et ses alliés. "La justice est notre seul refuge et nous devons la protéger. C'est ainsi que nous envoyons un message à tous les amis du Liban et à la communauté internationale pour leur dire que nous sommes un Etat de droit", a conclu le chef du cabinet.
Le gouvernement Mikati ne s’est plus réuni depuis le 12 octobre dernier. Ce jour-là, le ministre de la Culture, Mohammad Mortada, affilié au mouvement Amal du président du parlement, Nabih Berry, avait appelé le cabinet à prendre une position ferme au sujet du juge Bitar, agitant le spectre de la démission des ministres chiites qui, jusqu’à nouvel ordre, boycottent le gouvernement. Le 14 octobre, les développements ont pris une tournure plus violente quand des affrontements ont opposé, dans le secteur de Tayouné, au sud de Beyrouth, des miliciens relevant du tandem chiite et des éléments chrétiens présumés proches des Forces libanaises, faisant 7 morts et 32 blessés. Les ministres chiites refusent, en outre, la démission du ministre de l'Information, Georges Cordahi, dont des déclarations sur le rôle de la coalition saoudienne au Yémen ont déclenché une grave crise diplomatique entre le Liban et les pays du Golfe.
Pas de troc entre l'enquête de Bitar et le Conseil des ministres
À ce sujet, des informations ont fait état de certains efforts de M. Berry, qui s’apprêterait à lancer une initiative dans le but de reprendre les réunions du Conseil des ministres, sauf que ces efforts risquent de buter sur l’intransigeance du Hezbollah. Le parti pro-iranien maintient, en effet, sa position contre vents et marées : pas question de reprendre les réunions du cabinet avant que le juge Bitar ne soit déboulonné.
Dans une tentative de désamorcer la crise, le patriarche maronite, Béchara Raï, s’était rendu à Aïn el-Tiné pour un entretien avec M. Berry, le 26 octobre. Le prélat avait alors annoncé "une solution politique" à la crise gouvernementale, restée jusqu'ici lettre morte. Elle consistait à ce que les responsables politiques poursuivis dans l’enquête du port soient jugés devant la Haute Cour formée à cette fin, comme le veulent Amal et le Hezbollah. "Cette initiative n’est pas morte, en dépit de toute l’opposition qu’elle a suscitée et du tollé qu’elle a provoqué", affirme un proche du chef du législatif à L’Orient-Le Jour.
Le bureau du Premier ministre a démenti mardi l'existence d'un troc consistant à écarter le juge Bitar contre un retour des réunions du Conseil des ministres. "Des informations circulent au sujet de solutions à la crise politique sur la base (d'un troc) entre le juge Bitar et le Conseil des ministres. Le Premier ministre dément ces informations en bloc et assure que la feuille de route pour une solution qu'il a mise en place dès le début est la seule valable et consiste à refuser toute ingérence politique dans le travail de la justice. Il n'y a pas de lien entre la reprise des séances du Conseil des ministres et le dossier de l'enquête judiciaire sur l'explosion au port de Beyrouth", explique le bureau de presse de M. Mikati.
Dans ce contexte, le Premier ministre s'est rendu dans l'après-midi à Aïn el-Tiné où il s'est entretenu avec le président du Parlement "de la carte d'approvisionnement" pour les familles défavorisées, à l'étude depuis plusieurs mois, et de dossiers liés à la crise économique, selon le Premier ministre et le ministre des Affaires sociales Hector Hajjar qui a participé, ainsi que son collègue de l'Economie Amine Salam, à la réunion.
commentaires (14)
L,AMOUR PROPRE Y FAIT DEFAUT SINON TU AURAIS DEMISSIONNE DES LE DEBUT SURTOUT QUAND LES CHIITES T,ONT ENVOYE L,ULTIMATUM : LA TETE DE BITAR OU NON PARTICIPATION AU GOUVERNEMENT. FALLAIT FAIRE COMME SINIORA QUI A CONTINUE A GOUVERNER SANS LES CHIITES.
LA LIBRE EXPRESSION
21 h 16, le 17 novembre 2021