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Économie - Relance

Les chiffres des pertes enfin unifiés et envoyés au FMI, annonce Mikati

Dans un discours au Conseil économique et social, le Premier ministre a évoqué le dossier de l’électricité pour lequel il ambitionne de fournir « 10 à 15 heures de courant par jour » sans toutefois préciser d’échéance.

Les chiffres des pertes enfin unifiés et envoyés au FMI, annonce Mikati

Le Premier ministre Nagib Mikati (à g.) et le président du Conseil économique et social (CES) Charles Arbid, hier, à la conférence. Photo fournie par le CES

Lors d’une conférence hier au Conseil économique et social (CES), dont la mission consiste à institutionnaliser le dialogue entre l’État et le secteur privé, le Premier ministre Nagib Mikati a fait le point sur de nombreux dossiers politiques et socio-économiques, répondant aux questions d’acteurs de la société civile et de journalistes présents. Faisant le point sur la carte d’approvisionnement, une aide dédiée aux familles les plus démunies face à la crise que traverse le Liban depuis deux ans, et sur la production d’électricité, en berne depuis plusieurs mois, c’est surtout sur le volet consacré aux discussions avec le Fonds monétaire international (FMI) que Nagib Mikati a créé la surprise.

En effet, le Premier ministre a pour la première fois annoncé que les chiffres des pertes financières de la Banque du Liban (BDL) et des banques avaient enfin été unifiés et envoyés au FMI, sans en préciser les montants, à la suite d’une « coopération complète » entre la BDL et le cabinet de conseil international Lazard qui avait aidé le précédent exécutif de Hassane Diab à établir son plan de redressement. Lors du premier bilan au printemps 2020, ce dernier avait estimé les pertes nettes de la BDL à 121 000 milliards de livres libanaises et celles des banques à 154 000 milliards. Le tout calculé à un taux de change de 3 500 livres pour un dollar.

Pour mémoire

Discussions avec le FMI : la question des pertes hante toujours les banques

Un plan vivement contesté par l’Association des banques du Liban (ABL), la BDL et certains députés, lors du premier round de négociations pour une aide financière du FMI conduisant, dès juillet 2020, à la suspension de ces discussions. C’est seulement le mois dernier que les pourparlers avec le FMI ont repris à la suite du changement d’exécutif le 10 septembre et, selon les propos de Nagib Mikati hier, ces discussions techniques « se passent bien », bien qu’il ait indiqué fin septembre à la presse que le Liban serait « chanceux si les négociations avec le FMI aboutissent avant la fin de l’année ».

Selon le Premier ministre, le nouveau plan de redressement concocté par Lazard devrait être finalisé « ce mois-ci ». Un plan au sein duquel « les pertes seront distribuées sur tous (les agents économiques, NDLR), le déposant devant en supporter le moins ». Nagib Mikati considère en effet que, lors du précédent plan, le cabinet Lazard les avait « injustement » distribuées, faisant supporter principalement les pertes sur le secteur financier et les grands déposants. Optimiste, il a déclaré devant le CES que ce plan permettra de « rendre la confiance dans le secteur (et de) rendre les dépôts aux déposants avec le moins de pertes possible ». Les banques appliquent en effet des restrictions bancaires illégales sur les dépôts en devises depuis la fin de l’été 2019.

Carte d’approvisionnement

Dans son discours, le Premier ministre a également annoncé que le Liban n’avait toujours pas reçu de financement concernant la carte d’approvisionnement qui était supposée être lancée il y a un mois pour mitiger les effets de la crise sur les familles les plus précaires. De plus, le pays ne peut pas « financer (ce projet) par des fonds avancés par le Trésor car cela impliquera une augmentation du déficit dans le budget 2022 », a-t-il expliqué, qualifiant succinctement hier ce dernier de « presque finalisé », alors que le Liban n’a toujours pas adopté de budget pour 2021.

Le précédent gouvernement avait ainsi précisé qu’une ligne de crédit exceptionnelle de 556 millions de dollars avait été ouverte auprès de la BDL à cet effet. Cette dernière devait être remboursée via un prêt de près de 300 millions de dollars (concernant un projet d’infrastructures routières) de la Banque mondiale et une partie des droits de tirage spéciaux (DTS) versés en septembre par le FMI (300 millions de dollars également). Pourtant, Nagib Mikati a avancé hier d’autres chiffres : « 546 millions de dollars » à la place des 556 millions susmentionnés, qui devraient venir en aide à plus de 500 000 familles, en sus du filet de sécurité sociale de la BM, attendu depuis janvier dernier, pour un montant de 246 millions de dollars, mais qui n’a toujours pas été adopté par le Parlement.

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Le déboursement de cette aide a d’ailleurs fait l’objet d’un changement d’un exécutif à l’autre. Ainsi, si l’ancien gouvernement souhaitait l’octroyer en livres au taux du marché parallèle, qui oscillait hier autour des 20 800 livres pour un dollar, le nouvel exécutif semble être revenu sur cette décision, favorisant le taux dollar/livre quotidien fixé sur la plateforme de change Sayrafa de la BDL. Celui-ci s’élevait hier à 17 400 livres. Si le Premier ministre n’a pas encore tranché sur la question, il a toutefois précisé hier que cette plateforme sera « plus utilisée à l’avenir ».En parallèle, le chef de l’exécutif a indiqué que la Banque mondiale avait alloué « 1,7 milliard de dollars » de prêts au Liban lors des deux dernières années, mais que « 850 millions de dollars » n’ont pas encore été employés. « Nous essayons de comprendre les raisons pour lesquelles ces montants n’ont pas été utilisés », ajoute-t-il en évoquant la possibilité de réallouer cette enveloppe.

Électricité

Concernant l’électricité, l’objectif présenté hier par le Premier ministre est de fournir « entre 10 et 15 heures de courant par jour », sans préciser de date, et ce à travers trois options : le fuel irakien, le gaz égyptien et l’électricité jordanienne. Pour le premier, depuis fin septembre, l’Irak fournit « 75 000 tonnes par mois » de pétrole brut que le Liban, à travers une société tierce, échange contre du carburant compatible avec ses centrales. Avec un contrat d’un million de tonnes initialement prévu pour un an, Nagib Mikati voudrait réduire ce dernier à « 5 mois » pour la même quantité, dénonçant également « une perte de 30 % » de carburant lors de cet échange. Selon lui, cette augmentation mensuelle fournirait « 5 heures » de courant supplémentaires.

Concernant les deux autres options, Nagib Mikati a d’une part indiqué que la production d’électricité jordanienne devrait permettre de fournir entre « 200 et 240 MW », sans plus de précisions, et que l’importation du gaz égyptien devrait fournir « 450 mégawatts (MW) », soit « la capacité maximale de la centrale de Deir Amar (Liban-Nord) », a-t-il détaillé. Ce dernier dossier serait toutefois en attente d’une confirmation écrite des États-Unis quant à une levée de l’application de la loi César dans ce cadre (le transfert se faisant via la Syrie), alors que l’inspection de l’état du gazoduc syrien concerné prendrait « six semaines » et coûterait « 1 million de dollars ». Son financement a été évoqué avec la BM, selon lui. Enfin, Nagib Mikati a révélé qu’il planche sur « trois solutions permettant la production supplémentaire de 2 000 mégawatts (MW), ce qui permettrait de fournir du courant au Liban durant 24 heures ». Le Premier ministre n’est toutefois pas entré dans les détails, précisant uniquement que cela nécessitait « certaines lois ».

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Par ailleurs, le président du CES, Charles Arbid, a insisté sur « la protection des professions libérales, qui est une garantie pour la survie de la classe moyenne et le pilier d’une économie productive, créative et durable ». Il a également appelé au lancement effectif d’un plan visant à réformer les transports publics et pour lequel la BM aurait promis 290 millions de dollars. Un dossier également abordé hier par Nagib Mikati, à l’instar de la reconstruction du port, en partie détruit lors de la double explosion du 4 août 2020, pour laquelle il a indiqué qu’un projet de gestion du port de conteneurs va voir le jour dans « les prochaines semaines car le cahier des charges a été finalisé ».

Lors d’une conférence hier au Conseil économique et social (CES), dont la mission consiste à institutionnaliser le dialogue entre l’État et le secteur privé, le Premier ministre Nagib Mikati a fait le point sur de nombreux dossiers politiques et socio-économiques, répondant aux questions d’acteurs de la société civile et de journalistes présents. Faisant le point sur la carte...

commentaires (5)

Aucun déposant ne peut être taxé, c’est une hérésie et tout simplement un acte de piraterie. Ce sont les politiciens qui ont été au pouvoir depuis 1991 qui doivent rendre tout l’argent qu’ils ont volé TOUS PARTIS CONFONDUS en commençant par ceux qui prétendent combattre la corruption a l’instar du CPL et consorts. Il n’y a qu’à voir leur train de vie pour être persuadés qu’ils sont tous voleurs et corrompus. D’ailleurs le Trésor Américain est là pour nous indiquer qui sont les vrais corrompus qui font l’objet de sanctions

Lecteur excédé par la censure

17 h 17, le 09 novembre 2021

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Commentaires (5)

  • Aucun déposant ne peut être taxé, c’est une hérésie et tout simplement un acte de piraterie. Ce sont les politiciens qui ont été au pouvoir depuis 1991 qui doivent rendre tout l’argent qu’ils ont volé TOUS PARTIS CONFONDUS en commençant par ceux qui prétendent combattre la corruption a l’instar du CPL et consorts. Il n’y a qu’à voir leur train de vie pour être persuadés qu’ils sont tous voleurs et corrompus. D’ailleurs le Trésor Américain est là pour nous indiquer qui sont les vrais corrompus qui font l’objet de sanctions

    Lecteur excédé par la censure

    17 h 17, le 09 novembre 2021

  • IL FAUT QI,ILS LES GOBENT. MAIS COMMENT ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 03, le 09 novembre 2021

  • Tout déposant de plus d'un demi million de dollars devrait être considéré comme un gros déposant par les nouvelles lois , et tout montant de plus d'un demi mioon de dollars devrait être proportionnellement taxé . Les petits déposants devraient récupérer entièrement leurs économies . Ce serait la façon la plus juste et équitable de régler cette affaire .

    Chucri Abboud

    12 h 00, le 09 novembre 2021

  • ANNONCE FAITE PAR MIKATI : les chiffres des pertes financières de la Banque du Liban (BDL) et des banques avaient enfin été unifiés et envoyés au FMI, "" sans en préciser les montants"" la seule phrase qui precede laisse deviner que les deposants allaient etre BAISES.

    Gaby SIOUFI

    09 h 33, le 09 novembre 2021

  • Attention Attention Attention Monsieur Mikati. Si vous touchez directement à un seul dollar des déposants, vous allez créer une fronde populaire que rien ni personne ne pourra arrêter. Les forces armées légales qui protègent encore ce simulacre d’Etat libanais pourront se retourner contre tous les politiciens incompétents et corrompus jusqu’à l’os et n’épargneront donc personne de votre classe politique. Ne jouez pas avec le feu, appliquez le principe simple : CELUI QUI A VOLÉ DEVRA RENDRE L’ARGENT AU TRÉSOR PUBLIC EN DÉBUTANT PAR TOUS LES DIRIGEANTS POLITIQUES DEPUIS 1991 ENSUITE LES HAUTS FONCTIONNAIRES DONT LE DIRECTOIRE DE LA BDL FINALEMENT TOUS LES PROCHES DES POLITICIENS QUI ONT PROFITÉ DES ADJUDICATIONS PUBLIQUES

    Lecteur excédé par la censure

    07 h 21, le 09 novembre 2021

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