
Lors des élections législatives de 2018. Photo d’archives AFP/Joseph Eid
Après un suspense qui aura duré plusieurs jours et un foisonnement d’informations couplées de rumeurs reprises par les médias, le mariage entre Kulluna Irada, un think tank politique, et Nahoua el-Watan, une plateforme mise à la disposition de nouvelles élites souhaitant se présenter aux prochaines législatives, a été finalement annoncé hier.
La mise en commun des ressources de ces deux groupes d’action qui s’inscrivent dans le paysage de l’opposition issu du soulèvement du 17 octobre 2019 est d’autant plus fondamentale qu’elle constitue un pas important en vue d’unir les forces de l’opposition avant les élections. On le sait déjà : à moins de joindre les listes et les efforts et de constituer un front commun face aux forces de l’establishment politique, les chances de voir un renouvellement des forces traditionnelles sont minimes. C’est dans cette optique que la fusion a été envisagée. « La confusion née de la présence de deux organisations perçues comme sœurs par les mouvements politiques d’un côté et les mécènes de la diaspora de l’autre a poussé les deux organisations à envisager leur rapprochement », précise le communiqué annonçant la fusion. Désormais c’est sous le label de Kulluna Irada que seront désignées toutes les équipes partageant une seule et même stratégie : « Contribuer au projet d’établissement d’un État moderne et démocratique au Liban, à savoir un État civil, pleinement souverain, garant d’un modèle économique et social productif et équitable », comme indiqué dans le communiqué publié hier par la nouvelle entité fusionnée. « Nous ne sommes pas un parti politique mais au service de tous ceux qui partagent notre vision et souhaitent embarquer dans l’aventure du changement », confie une source proche de Kulluna Irada, une association créée par des Libanais du Liban et de la diaspora pour œuvrer au changement politique à travers la contestation du système en place. Principalement constituée d’hommes d’affaires libanais, Nahoua el-Watan a pour sa part été fondée dans un seul but : offrir aux électeurs une alternative en vue des législatives de mai 2022 en mettant à leur disposition une machine électorale et les moyens logistiques et financiers nécessaires.
Puriste
Sur la base de l’accord conclu entre les deux entités, un nouveau comité exécutif destiné à présider à la consolidation des deux entités a été constitué le 23 octobre, avec Albert Kostanian à sa tête. Celui qui anime notamment l’émission 2030 a été élu le 26 octobre avec une majorité de huit voix contre sept pour la candidate Dalia Rishani. Conclue après de multiples embûches autour notamment de la stratégie générale à adopter en vue du prochain scrutin prévu le 27 mars en principe, la fusion a été entérinée le 16 octobre dernier non sans avoir fait quelques mécontents.
Deux des membres cofondateurs de Nahoua el-Watan, Ali Abdel Latif, un homme d’affaires ayant réussi à l’étranger, et Rindala Beydoun, une avocate de renom également issue de la diaspora, ont présenté leur démission après la signature de l’accord de fusion. Une réaction qui surprend d’autant moins que la ligne de fracture entre les deux mouvements se situait principalement autour des critères à adopter quant aux « choix » des candidats qui pourraient bénéficier des services et de la logistique offerts par ces deux groupes d’action. Selon des informations concordantes, les deux démissionnaires auraient préféré rester dans une ligne absolument « puriste » en matière de réformes et d’alliance électorale, et refuser catégoriquement l’inclusion de candidats de l’opposition considérés toutefois comme étant des figures traditionnelles de la politique libanaise. C’est notamment le cas pour un éventuel soutien à apporter aux Kataëb, au mouvement de l’Indépendance de Michel Moawad ou à l’ex-député Neemat Frem pour ne citer que ces quelques exemples. « La nuance est à rechercher entre le désir d’un changement radical ou l’ambition de constituer un front d’opposition », commente une source proche du dossier. Dans la logique défendue par les « puristes », c’est l’efficacité qui est recherchée à travers cette prise de position, plusieurs groupes anti-establishment ayant refusé de conjuguer leur action avec des figures issues de l’ancien ordre.
« Pas là pour choisir les candidats »
Depuis des mois le débat dans les milieux des forces révolutionnaires tournent autour d’une problématique : faut-il faire table rase du passé et éjecter toute figure politique de l’opposition ayant déjà pris part à la vie publique ? Ou faut-il plutôt les inclure, sous condition de respecter certaines lignes rouges, dans une bataille électorale qui sera autrement plus corsée face aux forces traditionnelles déjà favorisées par un code électoral fait à leur mesure et un scrutin dont ils connaissent tous les rouages ? « Nous ne sommes pas là pour choisir les candidats. Nous n’avons même pas cette prétention. Notre mission est de faciliter la création de listes et proposer une plateforme pour tous les groupes ou individus qui partagent les principes de la révolution du 17 octobre », précise Diane Assaf avocate et membre du conseil d’administration de la nouvelle entité.
La fusion entre Kulluna Irada et Nahoua al-Watan n’a pas été chose aisée. Alors que les discussions en vue de sa conclusion avaient été entamées en juillet dernier, plusieurs obstacles sont apparus avant d’être en grande partie levés. À la faveur de l’accord cosigné par les deux parties, les membres sont finalement tombés d’accord sur une seule et même stratégie électorale consistant pour les deux entités à servir de médiateur électoral pour soutenir des candidats, des partis et des mouvements d’opposition compatibles avec les valeurs et les critères définis en amont. « Cet accord a été voté à la quasi-unanimité des membres de Nahoua al-Watan, et à l’unanimité des membres de Kulluna Irada », précise-t-on dans un communiqué.
Après un suspense qui aura duré plusieurs jours et un foisonnement d’informations couplées de rumeurs reprises par les médias, le mariage entre Kulluna Irada, un think tank politique, et Nahoua el-Watan, une plateforme mise à la disposition de nouvelles élites souhaitant se présenter aux prochaines législatives, a été finalement annoncé hier. La mise en commun des ressources de ces...
commentaires (10)
em somme, Kulluna Irada et Nahoua el-Watan fusionnent dans la douleur pour former un groupe de consultants ? je me trompe peut etre mais je ne vois aucun "expert" capable a conseiller des candidats aux elections de 2022 ! expertise EXTREMEMENT IMPORTANTE, ESSENTIELLE MEME surtout dans ce pays ou la loi electorale n'est que compromis entre KELLON , loi tordue tellement compliquee que eux seuls peuvent en tirer consequence positive.
Gaby SIOUFI
16 h 09, le 04 décembre 2021