Le courant du Futur de l’ex-Premier ministre Saad Hariri, qui entretenait des rapports d’apaisement avec le Hezbollah depuis plusieurs années déjà, a haussé vendredi le ton contre le parti chiite, exprimant son ras-le-bol à son encontre, dans la foulée des affrontements miliciens meurtriers de Tayouné, dans le sud de Beyrouth, le 14 octobre, et à quelques mois des élections législatives. Le courant du Futur a ainsi publié deux communiqués coup sur coup, l’un axé plus spécifiquement sur les propos controversés du ministre de l’Information, Georges Cordahi, sur la guerre au Yémen, et le second, plus tard en journée, qui s’en prend au parti de Hassan Nasrallah de manière plus générale.
Un modus vivendi qui a "volé en éclat"
Dans un long communiqué (le second) où il justifie les prises de positions de son chef, le courant du Futur explique qu'il "a mis en veilleuse son conflit avec le Hezbollah pour des raisons que tout le monde connaît (...)", à savoir la préservation de la sécurité et de la stabilité au Liban. "Si le Hezbollah a décidé de faire voler en éclat ce modus vivendi en insistant pour miner le principe de distanciation et en s'ingérant dans les affaires intérieures des pays arabes (...) au profit de l'Iran, alors le courant du Futur insiste qu'il refuse de se laisser entraîner dans une sédition confessionnelle", indique le texte.
"La politique qui consiste à arrondir les angles traduisait une approche modérée visant à faire barrage à l'extrémisme, mais cela n'équivaut pas à une carte blanche donnée au Hezbollah pour qu'il puisse mettre en danger le vivre-ensemble et lancer des incitations contre les pays du Golfe arabe (...)", prévient la formation sunnite. "Le courant du Futur en a assez des politiques irréfléchies du Hezbollah, qu'il s'agisse des dossiers sécuritaires, politiques ou économiques, en passant par celui des relations extérieures et l'atteinte aux efforts de l'Etat libanais pour renouer avec les pays arabes et la communauté internationale", ajoute le communiqué.
M. Hariri, qui s'était abstenu de commenter les combats de Tayouné entre des miliciens du Hezbollah et d'Amal et d'autres postés dans des quartiers chrétiens où les Forces libanaises (FL) ont une large influence, était sorti de son silence pour défendre le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, avec qui il est pourtant en froid. Le leader chrétien semble avoir gagné en popularité auprès de certains Libanais sunnites désabusés par le modus vivendi entre l'ancien Premier ministre et le Hezbollah.
Propos polémiques de Cordahi
Dans son premier communiqué, le courant du Futur avait également violemment critiqué le Hezbollah pour son soutien au ministre libanais de l'Information, Georges Cordahi, concernant ses propos sur la guerre au Yémen et l'implication de l'Arabie saoudite, des déclarations qui font polémique depuis le début de la semaine et font craindre une crise diplomatique entre Beyrouth et les pays du Golfe.
Au cours de l'émission "Parlement du peuple" diffusée sur les réseaux sociaux de la chaîne qatarie al-Jazeera, M. Cordahi était interrogé sur la guerre au Yémen où l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis soutiennent les forces loyalistes contre les rebelles chiites houthis, appuyés par Téhéran. Il avait estimé que les houthis "se défendent et n'attaquent personne", ajoutant que le conflit au Yémen est "absurde". Cette émission avait été filmée début août, plus d'un mois avant la formation du gouvernement de Nagib Mikati. Les propos de M. Cordahi ont provoqué un tollé, notamment auprès de responsables saoudiens. De nombreux dirigeants libanais ont, depuis, condamné ces propos et assuré qu'ils ne sont pas représentatifs de la politique du gouvernement. Jeudi soir, le Hezbollah a, lui, salué "une prise de position courageuse" de la part de Georges Cordahi.
Dans son communiqué, le Futur critique "une attaque virulente contre l'Arabie saoudite et les pays du Golfe" de la part du Hezbollah. "Les Libanais se sont habitués à ce langage du Hezbollah (...) et son insistance à mettre le Liban en position d'hostilité envers ses frères pour les beaux yeux de ses maîtres en Iran", fustige la formation. "Le Hezbollah se donne le droit de paralyser le gouvernement et de suspendre ses réunions, tout en brandissant la menace de 100.000 combattants au service des plans iraniens, mais condamne l'appel de certains Libanais à la démission d'un ministre qui a mis en grave danger les relations du Liban avec ses frères arabes", poursuit le Courant du Futur. "Nous condamnons de la manière la plus ferme l'atteinte du Hezbollah aux frères arabes et la mise en danger, une nouvelle fois, des intérêts du Liban", conclut le communiqué.
Les rapports libano-saoudiens se sont détériorés davantage au cours des derniers mois en raison de plusieurs saisies de drogue dans des ports saoudiens, en provenance présumée du Liban. En mai dernier, le ministre sortant des Affaires étrangères, Charbel Wehbé, avait été démis de ses fonctions après un échange acide au cours d'un entretien télévisé avec un responsable saoudien, au cours duquel il avait implicitement accusé certains pays du Golfe de financer des groupes jihadistes en Syrie, en Irak et au Liban. Saad Hariri entretient des liens tendus avec le pouvoir saoudien, surtout depuis l'épisode de sa séquestration en Arabie et sa démission forcée, le 4 novembre 2017, vraisemblablement sur ordre du prince héritier Mohammad ben Salmane. Depuis, il tente de rétablir ces relations avec le royaume wahhabite, mais sans succès jusque-là.
Trop tard mon ami, Vous auriez du des le debut refuser de coucher avec ces voyous. Le Liban est dans la M a cause de tous les compromis que les politiciens ont fait avec ce parti iranien. Maintenant il faut payer et le Liban le paie...
15 h 30, le 30 octobre 2021