Le Hezbollah a salué vendredi soir la "prise de position courageuse" exprimée par le ministre libanais de l'Information, Georges Cordahi, concernant la guerre au Yémen et l'implication de l'Arabie saoudite. Ces propos font polémique depuis le début de la semaine et ont fait craindre une crise diplomatique entre Beyrouth et les pays du Golfe.
Au cours de l'émission "Parlement du peuple" diffusée sur les réseaux sociaux de la chaîne qatarie al-Jazeera, M. Cordahi était interrogé sur la guerre au Yémen où l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis soutiennent les forces loyalistes contre les rebelles chiites houthis, soutenus par Téhéran. Il avait estimé que les houthis "se défendent et n'attaquent personne", estimant que le conflit au Yémen est "absurde". Cette émission avait été filmée début août, plus d'un mois avant la formation du gouvernement de Nagib Mikati.
"Le Hezbollah salue la prise de position courageuse et honorable du ministre de l'Information en défense du peuple yéménite opprimé", a écrit dans un communiqué le parti pro-iranien, qui a déjà été accusé de soutenir les Houthis. Le parti chiite a par ailleurs condamné la "campagne injuste menée par l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Conseil de coopération du Golfe" à l'encontre de M. Cordahi, estimant qu'il s'agit d'une "attaque contre la souveraineté du Liban, la liberté d'expression de ses citoyens et d'une provocation qui porte atteinte à la dignité de tous les Libanais". "Nous rejetons formellement les appels à la démission du ministre", ajoute le texte, qui critique les prises de position de certains médias libanais concernant cette affaire.
Les propos de M. Cordahi ont provoqué un tollé, notamment auprès de responsables saoudiens. De nombreux dirigeants libanais ont depuis assuré qu'ils ne sont pas représentatifs de la politique du gouvernement. Plus tôt dans la journée, le président libanais Michel Aoun avait estimé que ces déclarations du ministre de l'Information ne reflètent pas la position officielle du Liban. M. Cordahi, lui, avait refusé de présenter des excuses.
Les rapports libano-saoudiens se sont détériorés au cours des derniers mois en raison de plusieurs saisies de drogue dans des ports saoudiens, en provenance présumée du Liban. Et en mai dernier, le ministre sortant des Affaires étrangères Charbel Wehbé avait été démis de ses fonctions après un échange acide au cours d'un entretien télévisé avec un responsable saoudien, au cours duquel il avait implicitement accusé certains pays du Golfe de financer des groupes jihadistes en Syrie, en Irak et au Liban.
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