Qui n’a jamais assisté à une empoignade entre le Taulier du Parlement et le Gendre grognon serait passé à côté d’un savoureux morceau d’anthologie. D’un côté, un ancien déshérité des bas-fonds devenu spécialiste de la captation d’héritage, qui a aiguisé son mental et élimé son futal sur une tripotée de combines, fondant sur tout ce qui passait près de sa convoitise ; de l’autre, un beauf bas de plafond, héritier politique par copier-coller de beau-papa tendance « j’aime pas, donc je bloque », et dont la tendance a fini par lui manger tout l’espace neuronal disponible.
Invariablement, et à chaque fois que les deux hommes se retrouvent face à face, c’est le gag devant les collègues et les journalistes. L’un trônant sur son perchoir, chapelet de patience pendouillant au bout de ses doigts rustiques, et apostrophant son vis-à-vis dans un langage de bouvier ; l’autre, quelques marches plus bas, vociférant ses arguments, gonflé à bloc par ses privilèges décrochés par alliance. Autour des deux guignols, ministres et députés font tapisserie en échangeant rires gras et blagues épaisses, question sans doute de laisser filer une corvée vraisemblablement non comptabilisée dans leur fiche de paie.
La bisbille homérique a même été épicée par la castagne Hezbollah-Geageallah à Tayouné, ce qui a forcé le patriarche maronite à entrer dans la danse pour calmer la béchamel. Le prélat a dû se farcir la tournée des trois clampins du haut du panier en se bouchant le nez. D’abord Istiz Nabeuh, qui lui promet une solution bidouillée de derrière les fagots, dans l’espoir d’un quelconque retour sur investissement. Puis le Mikati mi-décati du Sérail, rapidement déculotté et dont les ministres « indépendants » sont partis chacun de son côté s’ébrouer auprès de sa communauté. Enfin pompon du pèlerinage, le Château présidentiel pour un dialogue improbable : Mongénéral, comme d’habitude, parlait de lui-même à la troisième personne, ce qui obligeait son interlocuteur à se retourner sans cesse pensant que quelqu’un d’autre était entré dans la pièce. Pardi ! À tout instant, le Basileus pouvait se parachuter dans le fauteuil en face, résultat d’un coup tordu de son beau-père.
Ainsi, au gré de l’effondrement généralisé et pendant que le pays tombe gentiment en ruine, la classe politique s’obstine à mouliner les mêmes futilités en secouant de temps en temps le compotier pour trafiquer les priorités. Bel exemple de solidarité dans la mouise. Un pour tous, tous purins !
gabynasr@lorientlejour.com
commentaires (10)
Gaby Triomphe ... De nouveau un miroir magique qui reflète le pays, et ses réputés politiciens, en style Comics!! Merci Gaby!
Wlek Sanferlou
02 h 52, le 02 novembre 2021