Le chef de l’Église maronite Béchara Raï a dénoncé dans son homélie dominicale les affrontements armés qui ont eu lieu jeudi dernier à Beyrouth et appelé le gouvernement à se réunir "pour affirmer l'autorité de l’État". Le prélat a souligné le rôle primordial de l'armée libanaise dans la préservation de la sécurité, dénonçant "l'intervention de toute autre force qui viole la paix civile dans le pays", dans une critique à peine voilée de l'arsenal du Hezbollah.
Au moins sept personnes ont été tuées et une trentaine d'autres blessées par balles jeudi dans des violences au cœur de Beyrouth, en marge d'un rassemblement de centaines de partisans du Hezbollah et du mouvement Amal du président du Parlement Nabih Berry devant le Palais de justice pour protester contre le juge Tarek Bitar, en charge de l'enquête sur la double explosion dans le port de la capitale, le 4 août 2020. Le tandem chiite a mis en cause le parti chrétien des Forces libanaises (FL) de Samir Geagea, qui avait appelé mercredi les Libanais à ne pas céder aux "intimidations". Selon le Hezbollah, les FL avaient placé des tireurs sur les toits de plusieurs immeubles d'où ils ont tiré sur le cortège qui passait en contrebas, sur son chemin vers le secteur du Palais de justice. Les FL ont toutefois rejeté ces accusations et fait porter au parti pro-iranien l'entière responsabilité des accrochages, en raison de ses "incitations" contre le juge Tarek Bitar.
Affirmer l'autorité de l’État
"Nous soutenons le rôle de l'armée libanaise dans la sauvegarde de la sécurité civile", a affirmé Béchara Raï, dénonçant "tout retour aux accusations arbitraires, à l'armement confessionnel et aux médias séditieux". "L'armée libanaise a montré que la force légale qui assure la sécurité est plus puissante que toute autre force qui viole la paix civile dans le pays", a-t-il dit.
Il a par ailleurs souligné que "le gouvernement doit se réunir pour affirmer l'autorité de l’État et prendre les décisions nationales nécessaires". Selon lui, "tout ministre devrait respecter l'autorité de l’État et assumer ses responsabilités au nom du peuple libanais et non pas au nom de tierces parties puissantes", dans une critique évidente des ministres chiites qui ont décidé de boycotter le gouvernement tant que celui-ci ne prend pas une position claire contre le juge Bitar.
Dans ce contexte, le prélat a noté qu'"aucune partie ne devrait avoir recours à la menace et à la violence", déplorant que des partis politiques ou des clans aient installé des barricades sur la voie publique pendant les incidents. Il a appelé dans ce cadre les protagonistes à s'entendre afin de mettre un terme à la sédition. Béchara Raï a en outre souligné qu'il partageait le point de vue du chef de l’État Michel Aoun, qui avait refusé dans une allocution jeudi toute tentative de "prendre le pays en otage de ses propres intérêts ou comptes", dans une critique implicite du tandem chiite Amal-Hezbollah.
Ingérences politiques et confessionnelles
Mgr Raï a d'autre part appelé à "libérer le pouvoir judiciaire des ingérences politiques et confessionnelles et à respecter son indépendance conformément à la séparation des pouvoirs". "La confiance dans le pouvoir judiciaire est le critère sur lequel se basse le monde pour accorder sa confiance au Liban", a-t-il souligné.
Évoquant ensuite l'anniversaire du soulèvement du 17 octobre, il a demandé aux Libanais de s'unir tout comme ils l'avaient fait en 2019 et déploré que la commémoration de la thawra soit "marquée par la tristesse, le deuil et la fragmentation".
Le chef de l’Église maronite a enfin invité les Libanais à "exprimer leur volonté lors des prochaines législatives" afin d'aboutir au changement auquel ils aspirent.
De son côté, le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth, Mgr Elias Audi, a appelé les dirigeants à "restaurer et imposer l'autorité de l'Etat" afin que le pays acquière une "véritable indépendance". Le prélat a dénoncé les combats meurtriers de jeudi qui ont rappelé aux Libanais le début de la guerre civile, soulignant qu'ils "ne sont pas prêts à la revivre". "Il n’y a ni vie ni avenir pour un pays sans justice et sans mise en application de la loi", a-t-il affirmé, estimant que "la véritable justice consiste en l'application de la loi à tout le monde, sans discrimination".
commentaires (7)
QUE NE VOUS TAISEZ VOUS PAS POUR UNE FOIS. VOUS DORMEZ DEBOUT EN PLEIN JOUR. VOUS APPLAUDISSEZ UN GOUVERNEMENT DES DEUX MILICES CHIITES QUI FONT DEJA DU CHANTAGE POUR LE FAIRE TOMBER. WAYNAK YIA FEU GRAND PATRIARCHE SFEIR POUR VOIR JUSQU,OU EST TOMBE LE RANG DE PATRIARCHE A BKERKE !
LA LIBRE EXPRESSION
18 h 36, le 18 octobre 2021