
Des partisans du tandem chiite lors des affrontements, hier, à Beyrouth. Anwar Amro/AFP
Il a suffi de peu hier pour que la rue s’enflamme et que les vieux démons de la guerre civile se réveillent dans le quartier de Tayouné, à Beyrouth. Cette ancienne ligne de démarcation a été le théâtre d’une véritable guérilla urbaine entre des miliciens du mouvement Amal et du Hezbollah, mobilisés pour une manifestation contre le juge Tarek Bitar en charge de l’enquête sur les explosions au port de Beyrouth (lire par ailleurs), et des tireurs apparemment embusqués sur les toits, mais dont la véritable identité n’avait pas été, hier soir, officiellement établie. Le tandem chiite accuse pour sa part les Forces libanaises (FL) d’être à l’origine des affrontements. Des accusations rejetées par les FL.
C’est aux alentours de 11h hier que des tirs nourris ont commencé à résonner à Tayouné, sans que les habitants du secteur ne comprennent tout de suite ce qui se passait. « Nous avons commencé à entendre des coups de feu dès que les manifestants d’Amal et du Hezbollah sont entrés dans le quartier de Aïn el-Remmané. Mais nous ne savions pas qui tirait sur qui », témoigne un habitant du quartier qui a requis l’anonymat. Waël, qui prenait un café dans le coin lorsque les heurts ont commencé, confie également que « personne ne savait ce qui se passait au juste, mais il était clair que le Hezbollah était préparé au combat dès le départ et qu’il n’avait aucune intention de mener une manifestation pacifique ». « Il faut désarmer les milices. Nous en avons marre et nous voulons tout simplement mener une vie normale », poursuit le jeune homme. Élie, commerçant à Tayouné, a été pris au piège dans son magasin pendant toute la durée des combats.« Ce que nous avons vu nous rappelle malheureusement les sombres heures de la guerre civile. Les combattants d’Amal et du Hezbollah essayaient de prendre Aïn el-Remmané comme au temps de la guerre, c’était clair vu leur arsenal militaire », estime-t-il.
Mohammad, dont certains proches habitent non loin de Tayouné, dénonce pour sa part le fait que des manifestants chiites aient été pris pour cible. « Ce sont les Forces libanaises qui ont fait cela, accuse le jeune homme. Il est inadmissible qu’on s’en prenne de cette manière à ces personnes-là uniquement parce qu’elles font partie de la communauté chiite. Et ensuite, on accuse les chiites de tous les maux », déplore ce jeune homme qui craint une « reprise de la guerre civile ».
Échange d’accusations
L’armée a, pour sa part, fait savoir sur son compte Twitter que « lorsque des manifestants (du Hezbollah et d’Amal, NDLR) se sont dirigés vers le Palais de justice à Beyrouth, ils ont essuyé des tirs en provenance des quartiers de Tayouné et Badaro ». Une version similaire a également été donnée par le Hezbollah et Amal, dans un communiqué conjoint. Dans un second communiqué publié quelques heures plus tard, le tandem chiite a pointé du doigt le parti de Samir Geagea. Il a ainsi dénoncé « les attaques armées effectuées par des francs-tireurs des Forces libanaises qui se sont déployés dans les quartiers avoisinants et sur des toits d’immeubles tirant de façon directe, dans une volonté délibérée de tuer ».
Les FL ont pour leur part laissé planer le doute pendant plusieurs heures sur leur possible implication dans ces incidents. Ce n’est que dans l’après-midi que leur chef Samir Geagea a déclaré que les armes illégales, en référence à l’arsenal du Hezbollah, étaient la « principale cause » des combats armés. Un peu plus tard, le bureau de presse des FL devait finalement démentir les accusations du tandem chiite se rapportant à une « volonté intentionnelle de tuer ». Les FL ont en outre appelé les responsables concernés à « définir les responsabilités de manière claire et transparente ». Ils ont par ailleurs estimé que les incidents qui ont eu lieu sont le résultat de l’attitude adoptée par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, contre le juge Bitar dans ses discours tenus ces quatre derniers mois.
« Pire que les explosions au port »
Contacté par L’OLJ, un responsable au sein des FL nie toute responsabilité de son parti dans les accrochages et explique que ce sont les habitants du quartier de Aïn el-Remmané qui ont pris les armes pour se défendre face aux partisans du tandem chiite.« Les habitants ont eu peur lorsqu’ils ont vu les manifestants tirer en l’air et saccager des voitures stationnées dans la rue. Ils ont alors décidé de se défendre, indique-t-il. D’ailleurs, pourquoi les protestataires sont-ils entrés à Aïn el-Remmané, au lieu de se rendre directement au Palais de justice où avait lieu la manifestation, et pourquoi étaient-ils armés ? » se demande le responsable.
Il assure par ailleurs qu’il n’y a aucun risque d’une nouvelle guerre civile à l’horizon. « Ce qui s’est passé aujourd’hui (hier) reflète tout simplement la volonté du Hezbollah de torpiller la justice et non pas de déclencher une guerre civile. Ils ont épuisé toutes leurs options et il ne leur restait plus que la rue », poursuit le responsable FL.
Du côté du mouvement Amal, un cadre du parti joint au téléphone déplore le fait que ni la société civile ni les ambassadeurs présents au Liban n’ont dénoncé la mort de manifestants chiites,« alors qu’ils appelaient en permanence à la protection des protestataires lors du soulèvement populaire (d’octobre 2019) ». Ce cadre d’Amal va même jusqu’à déclarer que « ce qui s’est passé à Tayouné est plus violent que les explosions au port de Beyrouth ». « Les explosions étaient le fruit d’une négligence, mais aujourd’hui ce sont des citoyens qui ont été attaqués en pleine journée dans la rue sous le nez de l’armée », souligne ce responsable qui appelle à dévoiler l’identité de ceux qui ont tiré sur les manifestants. Aucun responsable au sein du Hezbollah n’était disponible hier pour commenter les incidents de Tayouné.
Il est trop facile d'ignorer la visite officielle exceptionnelle auprès du président Aoun, de Victoria Nuland, l'envoyée spéciale du président américain Joe Biden. Son objectif, accueilli avec le sourire par le président Aoun, était d'apporter un soutien financier accru à l'Armée libanaise,, déjà formée et équipée par Washington. Aujourd'hui , comme hier en Egypte, c'est l'armée qui sauvera le pays de l'emprise des Mollahs iraniens, par l'intermédiaire de leur bras armée, le Hezbollah .Celui-ci provoque des troubles et des morts pour détourner l'attention du pays, et faire croire à une "guerre civile." entre sunnites et chiites. Cette tactique de diversion est grotesque et ne trompera pas lesLibanais
17 h 42, le 15 octobre 2021