
Le Conseil des ministres libanais réuni sous la présidence du chef de l’Etat, Michel Aoun, mardi à Baabda. Photo Dalati et Nohra
Le bras de fer politico-judiciaire opposant le juge Tarek Bitar, chargé de l’enquête sur la double explosion au port de Beyrouth, à la classe politique s’est invité, en dehors de l’ordre du jour, dans les débats engagés en Conseil des ministres, mardi à Baabda. Ce dossier a constitué donc le premier véritable test et a risqué de faire imploser le cabinet de Nagib Mikati à peine un mois après sa formation.
Selon notre correspondante à Baabda Hoda Chédid, les ministres chiites, affiliés au tandem Amal-Hezbollah, ont d’emblée mis l’affaire Tarek Bitar sur la table, alors que le cabinet était censé discuter du programme de travail de chaque ministère dans le cadre du plan de sauvetage qu’est supposé lancer, sans plus tarder, l’équipe Mikati. Demandant à prendre la parole tout de suite après l’intervention du président Michel Aoun en ouverture de la séance, c’est le ministre de la Culture Mohammad Mortada qui s’est chargé de parler au nom de ses collègues chiites. Toujours selon Hoda Chédid, M. Mortada s’est alors livré à un long exposé juridico-politique concernant le cours de l’enquête menée par le juge d’instruction sur lequel il a tiré à boulets rouges, appelant le gouvernement à prendre position (comprendre à remplacer Tarek Bitar) et brandissant la menace d’une démission des ministres chiites. Une position qui s’inscrit dans la continuité de la violente diatribe à laquelle le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, s’était livré la veille contre le juge Bitar. Le numéro un du parti chiite avait accusé le juge « de faire du ciblage politique », allant même jusqu’à le soupçonner « de ne pas vouloir révéler la vérité » et appelant à son remplacement.
Face à l’insistance de ses collègues chiites à trouver un substitut à Tarek Bitar, le ministre de la Justice, Henri Khoury, a tenu à rappeler le principe de la séparation des pouvoirs, soulignant qu’il n’était pas en possession des détails de l’enquête. Le chef de l’État devait intervenir pour contester l’approche des ministres frondeurs et expliquer qu’un règlement devrait immanquablement respecter les règles judiciaires et tenir compte du rôle imparti au Conseil supérieur de la magistrature, en coordination avec le ministre de la Justice. Michel Aoun a insisté dans ce cadre sur l’existence d’un avis différent de celui défendu durant le Conseil des ministres, avant de clore le débat en demandant à Henri Khoury de procéder à un examen exhaustif de cette affaire pour qu’elle soit de nouveau examinée en Conseil des ministres, conformément aux règles juridiques.Côté officiel, on s’est efforcé d’assurer que la séance du gouvernement s’est déroulée dans « une ambiance calme ». M. Cordahi, porte-parole officiel du gouvernement, a affirmé que les discussions ont porté sur les zones d’ombre entourant l’enquête menée par le juge Bitar mais que la question d’une éventuelle nomination d’un nouveau magistrat n’a pas été évoquée.
Une source proche du Premier ministre Nagib Mikati, citée par la chaîne locale LBCI, a elle aussi démenti l’existence de divergences en Conseil des ministres et souligné qu’il a été convenu que le ministre de la Justice examine les questions constitutionnelles et légales qui se posent autour de l’enquête, dans le cadre d’un rapport qu’il devra remettre mercredi au Conseil des ministres.
Mardi, le juge Bitar a de nouveau été contraint de suspendre temporairement l’enquête, après avoir été informé du nouveau recours déposé contre lui par Ali Hassan Khalil et Ghazi Zeaïter, anciens ministres et députés du mouvement Amal.
Train de nominations
Outre l’affaire Bitar, et toujours en dehors de l’ordre du jour, le Conseil des ministres a procédé à une série de nominations. Il a donc choisi un nouveau directeur général de la Justice, Mohammad Masri. Le gouvernement a également pu pourvoir aux deux sièges vacants du Conseil constitutionnel, en y nommant Albert Serhane, ex-ministre de la Justice, et Mireille Najm, avocate. Le cabinet Mikati a également nommé Bassam Badran au poste de recteur de l’Université libanaise. Le doyen de la faculté des sciences succédera à Fouad Ayoub, dont le mandat arrive à expiration mercredi.
Toujours dans le cadre des nominations, le Conseil des ministres a été notifié de la proposition – approuvée par le président et le chef du gouvernement – présentée par le ministre de la Justice et portant sur les noms de candidats aux postes vacants au sein du Conseil supérieur de la magistrature, plus haute instance juridique du pays. Il s’agit des magistrats : Dany Chebli, Élias Richa, Mireille Haddad et Habib Mezher. Selon la source proche de M. Mikati, citée plus haut, « ces nominations principales sont une introduction au lancement du projet de permutations judiciaires dans les plus proches délais ».
Prenant la parole au début de la séance, le président de la République a insisté sur l’importance pour le gouvernement de finaliser les projets de budgets 2021 et 2022, une des réformes essentielles exigées par la communauté internationale pour débloquer les aides financières promises au Liban pour sortir de sa crise.
Le bras de fer politico-judiciaire opposant le juge Tarek Bitar, chargé de l’enquête sur la double explosion au port de Beyrouth, à la classe politique s’est invité, en dehors de l’ordre du jour, dans les débats engagés en Conseil des ministres, mardi à Baabda. Ce dossier a constitué donc le premier véritable test et a risqué de faire imploser le cabinet de Nagib Mikati à peine...
commentaires (11)
PUISQUE LE PROPRIETAIRE ET UTILISATEUR DU NITRATE EST D,UNE COMMUNAUTE DEFINIE ET IL A LA MAIN SUR CETTE COMMINAUTE, IL EST NORMAL QUE LA PLUPART DES COMPLICES QUI SONT ACCUSES LE SOIENT AUSSI.
LA LIBRE EXPRESSION
15 h 23, le 13 octobre 2021