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Nos Lecteurs ont la Parole

La vie est belle...

En 1997, Roberto Benigni gagnait plusieurs prix pour son film La Vita e bella.

L’histoire est simple mais très significative : un père essayait de faciliter la vie de son fils face aux horreurs du camp de concentration où ils vivaient. Racontée comme ça, l’histoire ne pouvait avoir aucun intérêt, sinon de faire couler quelques larmes aux téléspectateurs. Mais, il s’agissait de bien plus qu’un scénario simple. Le film démontrait une autre façon de résister face aux injustices de la vie. Nous n’étions plus dans un drame pur et dur, mais dans une tragi-comédie qui nous menait hors d’un réel cruel et difficile à accepter.

Je ne m’aventurerai pas sur le terrain de la critique cinématographique. Les spécialistes en ont fait leur credo depuis plusieurs années et continuent à en parler comme le film de toute une époque.

Reprenons…

Appliquons…

Au Liban, la vie est belle aussi. Nous sommes tous les enfants d’une nation en perdition. Les files d’attente s’allongent devant les stations d’essence et devant la Sûreté générale pour renouveler les passeports. Les prix, à nouveau, flambent. Mais… mais… mais… Dieu merci ! Il se trouve encore une catégorie d’individus très sympathiques qui crient haut et fort, non pas leur amour pour leur mère patrie, loin de là, mais que tout va bien. Nous ne manquons de rien. Nous mangeons à notre faim. L’argent coule à flots. Nous ne savons plus quoi faire de notre carburant. Rien ne manque dans les supermarchés. Bref, rien ne cloche. Nous nageons en plein bonheur.

Bon, il est vrai que certains restaurants, pubs, boîtes de nuit et autres lieux similaires ne désemplissent pas. Comme toujours, nous montrons au monde que notre volonté de vie (qui est belle, ne l’oublions pas !) va au-delà de quelques soucis mineurs que nous devons regarder de haut. Nous ne devons même pas les regarder d’ailleurs. Nous valons beaucoup mieux que ça. Nous, Libanais, combattons la médiocrité, et notre honneur va bien au-delà de ces vils instruments du capitalisme mondain sans lesquels, malheureusement, nous ne pouvons pas avancer. En fait, le Liban, c’est le jardin d’Éden. Des mets savoureux, des filles merveilleuses, de grosses cylindrées, des cigares, des dollars, des c… Non ! Non ! Je ne veux pas être méchant ! Restons dans la bonne éducation et la classe conforme à notre rang.

Enfin, bref, nous sommes heureux.

« Ah, je ris, de me voir si belle en ce miroir », affirmait la Castafiore dans les célèbres albums de Tintin. Et nous, Libanais, jouissons de nous voir si beaux devant le monde. Une jouissance perpétuelle (entre deux jurons parfois, certes, mais même notre impolitesse n’est que le miroir de notre joie).

Oui ! Jouissons de ces moments de volupté face à l’intransigeance du monde. Nous sommes des incompris. C’est là que réside le problème. Sinon, la Banque mondiale nous aurait accordé le prêt depuis longtemps et nous n’aurions pas été la risée du monde.

Mais bon ! Il y a des gens qui rivalisent d’ingéniosité en criant haut et fort qu’il n’y a pas comme le Liban.

C’est vrai ! Mais à quel prix ?


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

En 1997, Roberto Benigni gagnait plusieurs prix pour son film La Vita e bella.L’histoire est simple mais très significative : un père essayait de faciliter la vie de son fils face aux horreurs du camp de concentration où ils vivaient. Racontée comme ça, l’histoire ne pouvait avoir aucun intérêt, sinon de faire couler quelques larmes aux téléspectateurs. Mais, il s’agissait de...

commentaires (1)

IL N'Y A PAS COMME LE LIBAN ! WOW ! ET QUI OSERAIT LE CONTREDIRE HEIN DITES ?

Gaby SIOUFI

11 h 34, le 12 octobre 2021

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Commentaires (1)

  • IL N'Y A PAS COMME LE LIBAN ! WOW ! ET QUI OSERAIT LE CONTREDIRE HEIN DITES ?

    Gaby SIOUFI

    11 h 34, le 12 octobre 2021

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