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Politique - Portrait

Saadé Chami, l’énigmatique ministre chargé de négocier avec le FMI

Le vice-Premier ministre est un pur technocrate qui peut se targuer d’une longue expérience au sein du FMI.

Saadé Chami, l’énigmatique ministre chargé de négocier avec le FMI

Saadé Chami a fait l’essentiel de sa carrière au sein du FMI. Photo tirée du compte Twitter de l’ambassade du Canada

Il aura un rôle-clé pour tenter de sortir le Liban de la crise. Pourtant, on ne sait presque rien de lui. Saadé Chami, le nouveau vice-Premier ministre du gouvernement Mikati, dirigera la délégation chargée de négocier avec le Fonds monétaire international (FMI) le déblocage d’un « fonds de sauvetage pour le Liban ». Une mission cruciale pour cet homme sans expérience politique, dont la réussite est perçue par beaucoup comme étant la condition sine qua non du redressement économique du pays. Si son nom a été associé au Parti syrien national social (PSNS), Saadé Chami, qui n’a pas donné suite à notre demande d’entretien, est en réalité un pur technocrate qui a fait l’essentiel de sa carrière au FMI. Fort d’un doctorat en économie de la prestigieuse Université McMaster au Canada, il a occupé pendant près de 20 ans des postes-clés au sein du FMI, où il dirigera le Centre de soutien technique au Moyen-Orient.

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« C’est l’homme idéal pour la mission! Quand j’étais ministre des Finances en 2004, je l’avais recommandé au FMI pour diriger le bureau de Beyrouth, censé couvrir tout le Moyen-Orient. Je pense que son expérience sera très utile aux négociations », affirme l’ancien Premier ministre Fouad Siniora, un proche de M. Chami. « C’est un homme d’une grande honnêteté et d’une grande intégrité », affirme un de ses anciens collègues, qui a souhaité garder l’anonymat. « Non seulement il a une vaste expérience avec le FMI, mais, en plus, il est particulièrement méticuleux. Il étudie et prépare toujours très bien ses dossiers », ajoute-t-il. Ce bagage constitue un atout certain au moment d’entamer les négociations, dont le lancement est prévu début novembre, et donne de la crédibilité à la partie libanaise, dont la réputation a sérieusement pâti des divisions en son sein lors des précédentes discussions avec l’institution monétaire. « Non seulement il parle la même langue qu’eux, mais en plus il est très crédible auprès du FMI. Le Liban, qui entre 1996 et aujourd’hui a déjà reçu près de 34 milliards de promesses de soutien financier, notamment à travers les conférences de Paris, a un problème de crédibilité puisqu’il n’a pas su mettre en place les réformes nécessaires à leur déblocage et leur bon usage. Aujourd’hui, Saadé Chami peut s’imposer en interlocuteur honnête et cela est fondamental dans les transactions économiques », poursuit l’ancien Premier ministre.

Une figure néolibérale

Comble de l’ironie, c’est du côté du PSNS, dont il est censé être le représentant au gouvernement, que les critiques sont les plus acerbes. « C’est Assaad Hardane (député PSNS du Sud) qui a nommé Saadé Chami, dont il est proche, et non pas le parti. Les deux autres députés du groupe parlementaire qui orbitent autour de Hardane se sont joints à lui », affirme Firas al-Choufi, responsable de la communication au sein du parti fondé par Antoun Saadé. Alors qu’il voulait briguer un troisième mandat en juillet 2020, Assaad Hardane avait été écarté et son élection a été décrétée nulle. Nombre de partisans lui reprochent de ne pas être fidèle à la ligne historique du parti et d’être entré dans le jeu de la politique politicienne libanaise. Après ce scrutin avorté, un mouvement réformateur, dit du 8 Juillet, avait émergé.

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« Le président sortant Assaad Hardane a perdu les élections face à la faction du 8 Juillet, composée essentiellement de jeunes réformistes qui s’opposent au système politique libanais. Ils ont réussi à élire Rabih Banat à la tête du mouvement », explique Chris Solomon, auteur du livre In Search of Greater Syria, qui s’intéresse à l’histoire du PSNS. « Hardane a refusé de reconnaître les résultats, attaquant son propre parti en justice et instaurant de facto une scission au sein de ce dernier, entre l’aile Markaziya (centrale) et l’aile minoritaire de Hardane », ajoute le chercheur.

Le PSNS « central » a d’ailleurs souligné dans un communiqué son refus des négociations entre le Liban et le FMI, tout en affirmant ne pas vouloir participer au gouvernement Mikati. « Notre position est claire : nous refusons de participer à un gouvernement qui consacre le partage des quotes-parts sur des bases confessionnelles, le haririsme politique et la soumission au FMI. Saadé Chami est une figure néolibérale, sous couvert technocratique, qui assujettira le pays au diktat du FMI, basé sur l’austérité et l’écrasement des classes précaires. La position officielle du parti, c’est de mettre en place des solutions souveraines, basées sur la promotion des secteurs productifs », poursuit-on de source proche de l’aile Markaziya du PSNS.

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La proximité entre Assaad Hardane et le régime de Damas, à un moment où le Liban officiel commence à retisser des liens avec la Syrie, est-elle aussi l’une des raisons derrière la nomination de Saadé Chami ? « Dans un contexte de réhabilitation du régime syrien au niveau régional, l’attribution de ce portefeuille peut susciter des interrogations », estime Chris Solomon.

Il aura un rôle-clé pour tenter de sortir le Liban de la crise. Pourtant, on ne sait presque rien de lui. Saadé Chami, le nouveau vice-Premier ministre du gouvernement Mikati, dirigera la délégation chargée de négocier avec le Fonds monétaire international (FMI) le déblocage d’un « fonds de sauvetage pour le Liban ». Une mission cruciale pour cet homme sans expérience...

commentaires (6)

Le PPS Saade (sic) Chami a ete choisi par Assaad Hardane, suppletif du Hezb qui a deja declare pour sa part etre contre l'intervention du FMI. Le reste c'est de la poudre au yeux....

Michel Trad

14 h 50, le 08 octobre 2021

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Commentaires (6)

  • Le PPS Saade (sic) Chami a ete choisi par Assaad Hardane, suppletif du Hezb qui a deja declare pour sa part etre contre l'intervention du FMI. Le reste c'est de la poudre au yeux....

    Michel Trad

    14 h 50, le 08 octobre 2021

  • Une lueur d'espoir dans la brume...

    Hanna Philipe

    12 h 35, le 08 octobre 2021

  • LE BOUC EMISSAIRE SUR QUI ON VA CHARGER L,ACCEPTATION DES CONDITIONS DU FMI. QUE PEUT-IL NEGOCIER ? RIEN.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 00, le 08 octobre 2021

  • Pourvu qu'il ne démissionne pas apres avoir goute aux affres dus aux politiques , tel que Nassif Hitti avait fait avant lui.

    Gaby SIOUFI

    10 h 17, le 08 octobre 2021

  • hmm, savait-il sur les 14 pages qui manquaient dans le rapport du FMI de 2016 sur le Liban ? j'espère que non.

    Shou fi

    09 h 36, le 08 octobre 2021

  • Bon peu être nous apporta t-il une lueur d'espoir pour changer des vieux criminels corrompus ,,,, et de leurs "poulains".

    Christine KHALIL

    07 h 50, le 08 octobre 2021

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