
Pour le député Hassan Fadlallah, les investigations au sujet des explosions au port doivent être « réorientées dans la bonne direction, au double plan juridique et constitutionnel ». Photo ANI
Hostile au cours que suit l’enquête menée par le juge d’instruction Tarek Bitar au sujet de la double explosion cataclysmique du 4 août 2020 au port de Beyrouth, le Hezbollah a profité des réserves exprimées par Washington au sujet de la suspension des investigations pour mettre en doute encore une fois la crédibilité de la procédure engagée par M. Bitar et réclamé un retour à la case départ au niveau de l’enquête.
La commission des Affaires étrangères du Sénat US avait mis en cause vendredi le Hezbollah dans le gel provisoire de l’enquête, en attendant que le juge Nassib Élia, chargé d’examiner le recours en dessaisissement de M. Bitar présenté par l’avocat de l’ancien ministre Nouhad Machnouk, statue sur le fond. Pour le parti chiite, cela était suffisant pour conclure à « une connivence entre Washington et le magistrat ».
S’exprimant au nom de la formation, le député Hassan Fadlallah a dénoncé hier « une agression flagrante contre la souveraineté libanaise et une ingérence tout aussi flagrante dans l’enquête sur l’explosion du 4 août 2020 », en commentant les remarques américaines. Dans une déclaration à la presse, il a estimé que le comportement de Washington « commande une réaction officielle libanaise pour défendre la souveraineté du pays ».
Vendredi, deux sénateurs américains et un membre de la Chambre des représentants ont exprimé leur inquiétude concernant la suspension de l’instruction sur la double explosion au port de Beyrouth et le rôle du Hezbollah dans le dessaisissement du juge Tarek Bitar. Ils avaient aussi appelé à la protection des magistrats et des enquêteurs chargés de cette affaire.
Dans un communiqué publié sur le site de la commission des Affaires étrangères du Sénat, son président, Bob Menendez (démocrate), et un autre sénateur, Jim Risch (républicain), se sont dit « extrêmement inquiets de la suspension du juge Tarek Bitar ». « Les Libanais, dont un grand nombre continue de souffrir des conséquences physiques et économiques de l’explosion, méritent que les personnes impliquées rendent des comptes », poursuivent les deux sénateurs.
« Nous sommes également alarmés par le rôle qu’aurait joué le Hezbollah pour motiver la décision de suspendre cette enquête cruciale (...) Le juge Bitar est respecté et, de l’avis général, impartial », soulignent-ils, en estimant que « le gouvernement libanais doit s’assurer que les juges et enquêteurs peuvent accomplir leur devoir et finaliser cette enquête ».
De son côté, le député Gregory Meeks, président de la commission des Affaires étrangères du Congrès, a écrit sur le compte Twitter de la commission qu’il était « profondément inquiet » du fait que le gouvernement libanais ait « cédé aux pressions politiques et suspendu l’enquête du juge Bitar ». « Les familles des victimes tuées dans cette tragédie et les manquements flagrants du gouvernement libanais méritent une enquête complète et impartiale, et il faudrait que tous les responsables rendent des comptes, quelles que soient leurs fonctions », a-t-il ajouté, rappelant avoir demandé en mai, avec 24 membres du Congrès, une enquête internationale sur la catastrophe du 4 août. Pointées du doigt pour négligence criminelle, les autorités libanaises avaient cependant rejeté toute enquête internationale, alors que l’enquête locale continue de piétiner et qu’une levée de boucliers politique et communautaire empêche le juge Tarek Bitar de poursuivre la procédure judiciaire.
Pour le député Hassan Fadlallah, les propos « publics » des élus américains « au sujet du cours de l’enquête et du rôle du juge d’instruction prouvent une ingérence américaine directe dans ce dossier ». Selon lui, les États-Unis cherchent à « exploiter ces investigations pour régler des comptes au Liban, après l’échec des guerres et des blocus qu’ils ont soutenus pour assujettir le pays ».
Le parlementaire s’est déchaîné dans le même temps contre certaines parties locales qu’il n’a pas nommées et qu’il a désignées par « les moralisateurs au sujet de la souveraineté libanaise, mais qui gardent le silence à chaque fois que celle-ci est foulée aux pieds par les Américains ». « L’exploitation américaine de l’enquête se recoupe avec les tentatives de forces locales de profiter du caractère sélectif et des doubles standards qui marquent les investigations (…) pour réaliser des acquis politiques et obtenir l’approbation de forces étrangères ».
Selon lui, « cette situation commande que les enquêtes au sujet de l’explosion au port soient réorientées dans la bonne direction, au double plan juridique et constitutionnel, loin de toutes les influences ou exploitations extérieures et de toute politisation ». « Le seul objectif devrait être la mise en lumière de la vérité et l’instauration de la justice, pour que les vrais coupables soient jugés », a indiqué M. Fadlallah, qui s’arroge ainsi, le plus naturellement du monde, le droit de déterminer les culpabilités dans cette affaire et de juger sur des bases politiques du bien-fondé des procédures judiciaires.
Hostile au cours que suit l’enquête menée par le juge d’instruction Tarek Bitar au sujet de la double explosion cataclysmique du 4 août 2020 au port de Beyrouth, le Hezbollah a profité des réserves exprimées par Washington au sujet de la suspension des investigations pour mettre en doute encore une fois la crédibilité de la procédure engagée par M. Bitar et réclamé un retour à...
commentaires (13)
Les libanais qui sont a la solde des etats unis sont des traitres. Les libanais a la solde de l'iran sont des heros.
Nassar Jamal
15 h 58, le 06 octobre 2021