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Société - Explosions au port de Beyrouth

"Vous ne nous tuerez pas deux fois" : des centaines de manifestants dans la rue contre la suspension de l'enquête

"Nous vous poursuivrons jusqu'à ce que justice soit rendue", promettent des protestataires rassemblés devant le palais de Justice de Beyrouth.

Des activistes et des proches des victimes des explosions meurtrières du 4 août lors d'un sit-in devant le palais de Justice à Beyrouth, le 29 septembre 2021. Photo Mohamed Yassine

Ils sont venus en masse mercredi devant le palais de Justice de Beyrouth pour crier leur colère contre les ingérences politiques dans l'enquête sur la double explosion meurtrière du 4 août 2020 au port de Beyrouth. Plusieurs centaines de personnes, des proches des victimes épaulés par une foule de manifestants, se sont rassemblées dans la rue alors que l'enquête est actuellement suspendue après le dessaisissement temporaire du juge d'instruction Tarek Bitar, à la suite d'un recours présenté contre lui par le député Nohad Machnouk, poursuivi dans l'enquête ainsi que d'autres responsables politiques et sécuritaires.

"Jusqu'à ce que justice soit rendue"

Alors que des proches des victimes tenaient des photos des êtres chers qu'ils ont perdus, d'autres brandissaient des pancartes anti-pouvoir pour réclamer la levée des immunités des responsables poursuivis, rapporte notre journaliste sur place, Marie Jo Sader. "Nous vous poursuivrons jusqu'à ce que justice soit rendue", "Que le régime du nitrate soit déchu", "Vos immunités sont invalides", pouvait-on lire sur ces pancartes. Une poignée d'autres protestataires sont entrés à l'intérieur du palais de Justice et ont accroché une banderole avec des portraits des victimes de l'explosion. "Vous ne nous tuerez pas deux fois", ont-il écrit sur cette affiche.


Si le rassemblement a commencé sans anicroche, des bousculades ont été signalées peu avant 14h à l'entrée du ministère de la Justice au moment où l'avocat Rami Olleik, membre du collectif Mouttahidoun (proche du Courant patriotique libre), est arrivé sur les lieux et a tenté de forcer l'entrée devant le cordon policier. Il a été pris à partie par des manifestants qui se sont opposés à sa présence sur les lieux. Un homme non identifié a également été frappé par un manifestant sans que l'on comprenne les circonstances de ces violences. "Terroriste, terroriste, le Hezbollah est terroriste", ont alors crié des manifestants.

Le juge Bitar a été dessaisi de l'enquête lundi après avoir été officiellement notifié de la plainte déposée par l'ex-ministre de l'Intérieur, Nohad Machnouk devant la Cour d'appel de Beyrouth, pour réclamer que l'instruction soit confiée à un autre magistrat, le temps que la Cour d’appel statue. La plainte avait été déposée quelques jours après que le magistrat, récemment menacé par le Hezbollah, a fixé la date du 1er octobre pour une nouvelle audience pour l'ancien ministre de l'Intérieur, parallèlement à plusieurs interrogatoires décisifs.

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Même après son dessaisissement temporaire, Bitar continue d’être harcelé

Mercredi dernier, les avocats de l'ancien ministre des Travaux publics et des Transports, Youssef Fenianos, poursuivi lui aussi pour "intention présumée d'homicide, négligence et manquements", avaient également présenté une plainte devant la Cour d'appel, afin de réclamer le dessaisissement de M. Bitar. Les proches des victimes espèrent donc la présidente de la 6ème chambre de la Cour de cassation, la juge Randa Kfoury, rejettera la plainte de l'ancien ministre Youssef Fenianos, et que le président de la 12ème chambre de la Cour d'appel, le juge Nassib Elia, fera de même concernant le recours de M. Machnouk.

Le prédécesseur de Tarek Bitar, le juge Fadi Sawan, avait également été dessaisi mi-février de l'enquête et démis de ses fonctions après un recours similaire qui avait été présenté par les députés Ali Hassan Khalil et Ghazi Zeaïter, déjà mis en cause à l'époque.

"Nous le regardons se faire lyncher"

Mirna Makarem, cheffe d'entreprise âgée de 41 ans, a confié à L'Orient-Le Jour qu'elle se sent "victime de ce traumatisme national". "Une institution terroriste menace un juge et nous sommes spectateurs, nous le regardons se faire lyncher", a-t-elle regretté dans des propos accordés à notre journaliste sur place. "Ils connaissent par cœur le système et ils se jouent de nous avec leurs manigances judiciaires", a-t-elle fustigé en critiquant la classe politique.

Mirna Makarem, entrepreneuse âgée de 41 ans, brandissant une pancarte pour exprimer son soutien au juge Tarek Bitar en charge de l'instruction sur les explosions meurtrières du 4 août 2020, lors d'un sit-in devant le palais de Justice à Beyrouth, le 29 septembre 2021. Photo Marie Jo Sader

Fadi Abboud, jeune enseignant de 29 ans, a affirmé s'être déplacé de Jbeil pour la première fois après l'explosion pour soutenir les familles des victimes. "Ils n'ont pas le droit d'écarter un juge et de le remplacer, ce sont des criminels qui décident de cela !", a-t-il fustigé.

Michel Awad, le grand père d'Alexandra Najjar décédée dans la foulée des explosions, a appelé le pouvoir judiciaire à dévoiler la vérité. "Il reste parmi les juges quelques-uns non corrompus et qui veulent la vérité", a-t-il dit.

Photo Mohammad Yassine

"Si le juge est révoqué, c'est un retour à la case départ", a déploré pour sa part Nancy Noun, sœur du pompier Joe Noun, tué dans l'explosion. "On n'attendra plus. On ira nous-mêmes rendre justice à nos frères", a-t-elle prévenu. Rima, la sœur d'Amine el-Zahed, un employé au port de Beyrouth tué le 4 août, a estimé que "tous les parents des victimes ont été menacés lorsque le juge a été menacé".

Vers 15h30, une poignée de manifestants s'est dirigée vers Koraytem où ils ont tenu un sit-in devant le domicile de Nouhad Machnouk, selon notre journaliste sur place Lyana Alameddine.

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La classe politique va-t-elle venir à bout de Tarek Bitar ?

Une nouvelle victime, Ibrahim Harb, qui était plongée depuis plus d'un an dans le coma, s'est ajoutée lundi au triste bilan du drame qui a fait jusque-là 220 morts et plus de 6.500 blessés. L'immense déflagration provoqué par un incendie qui a ravagé des centaines de tonnes de nitrate d'ammonium stockées au port depuis des années avait également détruit des quartiers entiers de la capitale.

Paris regrette la suspension de l'enquête

Sur le plan politique, le chef de l’État libanais, Michel Aoun, a estimé dans un tweet publié sur son compte privé que l'enquête devrait se poursuivre même si le pouvoir judiciaire commet une erreur. Quant au chef du parti Kataëb, Samy Gemayel, il a exprimé son soutien aux familles des victimes et accusé le Hezbollah de torpiller l'enquête.

A Paris, la porte-parole de la diplomatie française, Agnès von der Mühll, a dit que la France "regrette la suspension de l'enquête visant à établir la vérité et les responsabilités relatives à l'explosion". "Les Libanaises et les Libanais ont le droit de savoir. La justice libanaise doit travailler en toute transparence, à l'abri de toute interférence politique. Il revient aux autorités libanaises de permettre à l'enquête de se poursuivre avec les moyens financiers et humains nécessaires, afin de faire toute la lumière sur ce qui s'est passé le 4 août 2020, conformément aux attentes légitimes de la population libanaise", a-t-elle ajouté. "Comme l'a indiqué le Président de la République au Premier ministre Mikati le 24 septembre dernier, la France continuera de soutenir le travail de la justice de manière indépendante, sereine et impartiale au sujet de l'enquête", a conclu la responsable.

Ils sont venus en masse mercredi devant le palais de Justice de Beyrouth pour crier leur colère contre les ingérences politiques dans l'enquête sur la double explosion meurtrière du 4 août 2020 au port de Beyrouth. Plusieurs centaines de personnes, des proches des victimes épaulés par une foule de manifestants, se sont rassemblées dans la rue alors que l'enquête est actuellement...

commentaires (2)

Quelques centaines et pas des meilleurs qui viennent se greffer aux familles des victimes pour torpiller leur mouvement. QUELLE HONTE POUR TOUT LE PEUPLE LIBANAIS. Où est ce peuple fier et battant que tout le monde prenait en exemple et qui a inspiré plus d’un pays dans leur combat des printemps arabes qui s’étaient succédés. Ils vous ont affamé anéanti et terrorisé pour avoir les champs libre de s’accaparer de votre pays et de votre honneur et vous rester scotchés devant vos voitures vides d’essence a faire la queue comme si une fois le plein fait vous sauvera la vie de tout ce que ces voleurs escrocs vous réservent pour la suite dans chacun de vos mouvements et de votre vie pour mieux la pourrir. Qu’attendez-vous-vous de ces voleurs qui vous ont pillé et humilié en vous réduisant à des mendiants qui sollicitent leur clémence pour avoir le droit de disposer de lueurs propres resources bloquées pour des fins mafieuses et destructrices? Comment les libanais arrivent à concevoir qu’une poignée de malfrats qui disposent de leur argent et de leur vie leur mènent la vie dure sans qu’ils ne trouvent à redire? Qui croient ils viendrait défendre leurs causes lorsque eux mêmes y ont renoncé? Il n’est pas acceptable de donner cette image de faiblesse et de soumission au monde, ça ne ressemble pas aux libanais, peuple fier et orgueilleux. Ont ils déjà réussi à changer notre estime de nous en semant le doute quand à notre capacité de nous révolter? NON ÇA N’EST PAS RECEVABLE.

Sissi zayyat

20 h 01, le 29 septembre 2021

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Commentaires (2)

  • Quelques centaines et pas des meilleurs qui viennent se greffer aux familles des victimes pour torpiller leur mouvement. QUELLE HONTE POUR TOUT LE PEUPLE LIBANAIS. Où est ce peuple fier et battant que tout le monde prenait en exemple et qui a inspiré plus d’un pays dans leur combat des printemps arabes qui s’étaient succédés. Ils vous ont affamé anéanti et terrorisé pour avoir les champs libre de s’accaparer de votre pays et de votre honneur et vous rester scotchés devant vos voitures vides d’essence a faire la queue comme si une fois le plein fait vous sauvera la vie de tout ce que ces voleurs escrocs vous réservent pour la suite dans chacun de vos mouvements et de votre vie pour mieux la pourrir. Qu’attendez-vous-vous de ces voleurs qui vous ont pillé et humilié en vous réduisant à des mendiants qui sollicitent leur clémence pour avoir le droit de disposer de lueurs propres resources bloquées pour des fins mafieuses et destructrices? Comment les libanais arrivent à concevoir qu’une poignée de malfrats qui disposent de leur argent et de leur vie leur mènent la vie dure sans qu’ils ne trouvent à redire? Qui croient ils viendrait défendre leurs causes lorsque eux mêmes y ont renoncé? Il n’est pas acceptable de donner cette image de faiblesse et de soumission au monde, ça ne ressemble pas aux libanais, peuple fier et orgueilleux. Ont ils déjà réussi à changer notre estime de nous en semant le doute quand à notre capacité de nous révolter? NON ÇA N’EST PAS RECEVABLE.

    Sissi zayyat

    20 h 01, le 29 septembre 2021

  • Just des centaines hien …. Yalla allez dormir c’est mieux le Liban a bcp trop de valeur pour vous … vous ne le méritez pas !! Allez dormir et taisez vous peuple libanais

    Bery tus

    14 h 13, le 29 septembre 2021

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