La gigantesque explosion au port de Beyrouth, le 4 août 2020, n'a pas fini d'endeuiller le Liban. Plus de 13 mois après la catastrophe qui a fauché la vie à 219 personnes et blessé 6.500 autres, une nouvelle victime est venue s'ajouter à ce triste bilan : Ibrahim Harb, un jeune homme de Bachoura, grièvement blessé et plongé depuis dans le coma.
Son décès a été rapporté dans plusieurs médias locaux, notamment an-Nahar. Le journal explique que la victime avait été opérée à la tête avec succès mais restait incapable de parler, communiquant uniquement du regard avec ses proches. Les obsèques d'Ibrahim Harb ont eu lieu aujourd'hui dans le quartier de Bachoura.
Son décès intervient alors que l'enquête a une nouvelle fois été suspendue en raison d'un recours en justice contre le juge en charge de l'enquête, Tarek Bitar. Une nouvelle preuve de l'ingérence politique flagrante de la part de plusieurs responsables poursuivis dans le cadre de l'enquête.
En effet, le magistrat a été officiellement notifié lundi de la plainte déposée par le député Nouhad Machnouk devant la Cour d'appel de Beyrouth pour réclamer que l'instruction soit confiée à un autre juge. Tarek Bitar est donc désormais officiellement dessaisi de la totalité du dossier, le temps que la Cour d’appel prenne une décision. La plainte contre M. Bitar avait été déposée en fin de semaine dernière par l'avocat de M. Machnouk, Naoum Farah, quelques jours après que le juge, récemment menacé par le Hezbollah, avait fixé la date du 1er octobre pour une nouvelle audience pour l'ancien ministre de l'Intérieur, parallèlement à plusieurs interrogatoires décisifs.
M. Machnouk, poursuivi pour "intention présumée d'homicide, négligence et manquements" avait expliqué vendredi dernier que sa plainte découle de "l'insistance du juge Bitar à conserver ses prérogatives concernant la poursuite de ministres, alors que l'article 70 de la Constitution stipule clairement que cette prérogative est limitée au Parlement, tandis que l'article 71 prévoit que le procès soit mené devant la Haute cour de justice pour les présidents et ministres". Le prédécesseur de Tarek Bitar, le juge Fadi Sawan, avait été dessaisi mi-février de l'enquête et démis de ses fonctions après un recours similaire qui avait été présenté par les députés Ali Hassan Khalil et Ghazi Zeaïter, déjà mis en cause à l'époque.
L'explosion survenue le 4 août 2020, et imputée de l'aveu même des autorités au stockage sans mesures de précaution depuis fin 2013 d'énormes quantités de nitrate d'ammonium qui ont pris feu, a fait donc jusque-là 220 morts, plus de 6.500 blessés, et dévasté des quartiers entiers de la capitale.
commentaires (11)
“... tandis que l'article 71 prévoit que le procès soit mené devant la Haute cour de justice pour les présidents et ministres ...” - mais PAS les EX-ministres... ni les ex-présidents. À bon entendeur...
Gros Gnon
22 h 15, le 28 septembre 2021