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La Consolidation de la paix au Liban - Septembre 2021

Nourriture, marché, art, musique

De l'autre côté de la route, des chauffeurs de bus libanais klaxonnent à l’adresse des passants syriens tout en hurlant les noms de leurs destinations. Des Éthiopiennes vêtues de foulards blancs amples rentrent chez elles après l’office dans l'église, tandis que des Soudanaises sont en train de se tresser les cheveux, assises devant des échoppes d’antiquaires. Quelques pâtés de maisons plus loin se trouve un Philippin accroupi devant des paniers de poisson séché à vendre. Un vieux Libanais négocie le prix avec un client devant son magasin de meubles et d’accessoires vintages recyclés.

La scène du dimanche à Bourj Hammoud donne un aperçu de la diversité surprenante de Beyrouth. C'est une ville de vraie polarité, où la pauvreté coexiste avec une richesse extrême, et où des communautés distinctes vivent côte-à-côte mais presque complètement isolées.

Tout au long de son histoire, le Liban a offert l’asile à des milliers de personnes déplacées venues cherché refuge depuis les pays voisins, notamment des Syriens, des Palestiniens, des Irakiens et des Soudanais. Il a également attiré des milliers de travailleurs migrants d'Asie et d'Afrique. Cependant, avec les effets de la pandémie, de la crise économique et dernièrement de l'explosion au port de Beyrouth, cet afflux d'expatriés régresse. Pour les réfugiés et les travailleurs qui restent au Liban, il y a une véritable distance avec les communautés d'accueil. Le contact timide et l'isolement semblent dominer la scène, et la politique a créé des barrières qui découragent l'interaction.

Parallèlement, les citoyens libanais ont non seulement accueilli mais encouragé les dynamiques intercommunautaires, en particulier lorsqu'il s'agissait de revendiquer des espaces à travers la nourriture, l'art, la musique et le marché à Beyrouth. Cela permet une expérience intégrée avec les communautés d'expatriés et redéfinit les relations intercommunautaires.

Des rapports intercommunautaires plus positifs sont ainsi rendues possibles à mesure que davantage de cultures se développent au sein de la ville, cherchant à recréer chez les migrants le sentiment d'être chez eux dans un pays qui n'est pas « le leur ».

Le Sri Lanka pour la nourriture

Les effluves des aliments s'attardent sur vos vêtements et vous invitent à explorer ce joyau caché de la ville.

La nourriture est une excellente passerelle pour en apprendre davantage sur des personnes d'horizons différents. La cuisine crée des liens grâce à des plateaux repas partagés et offre une excellente expérience de connexion. Située au-dessus d'un mini-marché qui vend des épices asiatiques, une série d'escaliers mène à un restaurant indo-sri-lankais vieux de 25 ans, qui fait office de plaque tournante pour les travailleurs migrants et les foules internationales depuis des années. « Tonodian », un restaurant populaire à Bourj Hammoud, est un joyau méconnu de la plupart des Libanais. L'endroit est un creuset de cultures, de langues et de patrimoines, où vous êtes littéralement transportés à travers un portail qui vous relie à l'Inde.

Un plat populaire qu'ils servent est le « Karaikudi Chettinadu Special ». Riz, pain, currys et plats divers sont servis sur un plateau dans des assiettes jetables formées de feuilles, également connues sous le nom de thali. Thali est typique de la culture indienne des restaurants et fait partie intégrante des festivals et des célébrations. Les saveurs des épices piquantes, des oignons doux, du gingembre piquant, de l'ail et des tomates aigres vous garantiront une expérience authentique de la cuisine indienne.

Les Philippines pour le marché

Au cœur de Hamra, le quartier commerçant le plus populaire de Beyrouth, se trouve une rue qui abrite des supérettes philippines. Le souk al-Ahad est une destination dominicale populaire pour les Bengalis, les Philippins et les Libanais, car des plateaux de plats Filipino fraîchement préparés les attendent sur de longues tables en plastique blanc. On n'y trouve que des épices uniques et des légumes fraîchement importés comme l'ampalaya. Vêtements, accessoires et soins de beauté sont également au rendez-vous. Le marché rugit des sons de la musique pop Filipino, qui alimente le souk en énergie.

Parmi les vendeurs se trouve un jeune couple : Élie est Libanais, et Jenny est Philippine. Ils sont mariés depuis six ans et ils ont récemment ouvert une boutique où ils vendent des produits de beauté. « Nous avons tendance à sous-estimer à quel point la culture Filipino est belle », affirme Élie, « mais ici au Liban, ils se sentent isolés. Nous ne leur laissons pas la liberté de s'exprimer ». Jimmy se tourne vers sa femme : « Je suis très heureux avec elle et nous cherchons à déménager ensemble aux Philippines. »

La Syrie pour les arts

Les artistes syriens ont trouvé au Liban un espace à travers lequel ils s'expriment et racontent des histoires de guerre et d'amour par le biais de l'art. Les arts ont le pouvoir transformateur de créer un changement social grâce à la création d'un espace sûr et sans jugement.

Les artistes visuels ont trouvé leur place dans les galeries d'art de la ville et sur la scène de la culture internationale. Une figure marquante de la scène artistique syrienne est Mohammad Khayata, dont le travail traite des concepts de migration, de mémoire et d'identité. À travers ses œuvres, Khayata examine les relations des réfugiés avec l'environnement politique et sociétal, en se concentrant sur leurs emplois d'ouvriers et d'agriculteurs, seules professions qu'ils sont autorisés à exercer au Liban. « Je crois toujours que je peux toucher les gens à travers l'art et communiquer avec eux à travers lui », affirme Khayata, « C'est un outil puissant qui délivre des messages puissants et sensibilise aux problèmes dont souffrent les communautés marginalisées. »

Mohammad Khayata fait partie des nombreux artistes syriens qui ont trouvé un foyer pour leur art à Beyrouth à travers des galeries et des expositions locales.

L’Éthiopie pour la musique

La lumière sombre colorée joue le long de leurs traits intenses. Le mouvement rapide de leurs pieds sur le sol résonne dans les oreilles de leur public captif. Ce groupe de danseurs talentueux crée un air de gaieté dans l'exécution de la danse africaine.

Mar Mikhaël est une rue gorgée d’une longue histoire, qui prend son origine dans la vie nocturne de Beyrouth. Chacun y trouve sa place conformément à son goût musical : techno, house, musique arabe, RnB, jazz et musique africaine. Certains soirs, les bars et les restaurants proposent des plats traditionnels africains tout en jouant de la musique africaine. Le pouvoir, l'éloquence et le geste dominent la scène alors que les danseurs éthiopiens recréent des aspects de leur société à travers des performances de danse profondément ancrées dans le tissu social du continent noir. Faire rouler les omoplates, faire rebondir les épaules et balancer la poitrine : c'est Eskesta, l'une des danses les plus connues d'Éthiopie.

L'énergie sur la piste invite vraisemblablement les foules à se joindre aux communautés africaines du Liban à travers la danse. Le corps mène la conversation, permettant de créer des relations interculturelles. L'environnement est accueillant.

De l'autre côté de la route, des chauffeurs de bus libanais klaxonnent à l’adresse des passants syriens tout en hurlant les noms de leurs destinations. Des Éthiopiennes vêtues de foulards blancs amples rentrent chez elles après l’office dans l'église, tandis que des Soudanaises sont en train de se tresser les cheveux, assises devant des échoppes d’antiquaires. Quelques pâtés de...
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