
M. Mikati recevant hier l’ambassadeur du Koweït au Grand Sérail. Photo Dalati et Nohra
C’est aujourd’hui que le Premier ministre Nagib Mikati devrait se rendre à Paris pour son premier déplacement depuis que son gouvernement a obtenu le vote de confiance du Parlement lundi. Une première « visite de travail » en France, qui contraste avec l’habitude selon laquelle les chefs de gouvernement se rendaient prioritairement dans des pays arabes, notamment l’Égypte ou l’Arabie saoudite.
M. Mikati sera reçu vendredi à 13 heures par le président français Emmanuel Macron pour un déjeuner de travail à l’Élysée. Quant au reste de son programme, son bureau de communication n’a pas désiré communiquer de détails, assurant que des contacts sont établis en vue d’organiser plusieurs réunions durant la visite.
Les milieux proches du Premier ministre font valoir que cette visite revêt deux caractères, politique et économique. Selon eux, il est notable que la première visite de Nagib Mikati, après de longs mois de retard dans la formation du gouvernement, se déroule en France, ce qui prouve que l’initiative française – citée dans la déclaration ministérielle – est toujours bien vivante et que le soutien de Paris au Liban ne se dément pas. Le fait que M. Mikati soit reçu personnellement par le président français, malgré tous les dossiers brûlants auxquels Emmanuel Macron est confronté ces derniers temps, en est la preuve, assurent ces sources.
Quant au principal message qui sera véhiculé par la France mais aussi par le Premier ministre, il tournera autour des réformes plus indispensables que jamais. Il sera probablement question de l’appui que Paris, qui a organisé ces dernières années plusieurs conférences de soutien au Liban, pourra apporter aux Libanais dans le cadre des négociations avec les instances internationales, mais aussi dans la mise en place des réformes dans le pays. M. Mikati, selon les sources qui lui sont proches, réaffirmera que ces réformes sont au cœur du travail du gouvernement, qui se concentrera, d’une part, sur les mesures à court terme pour stopper l’effondrement économique dans lequel se débat le pays et, d’autre part, sur l’élaboration d’un plan à moyen et long terme pour les réformes, notamment dans le secteur de l’électricité.
Ouvrir des portes
Pour plusieurs observateurs, dans la forme, cette visite sera utile pour M. Mikati qui pourra jouer la carte de l’appui de la France autant sur le plan interne qu’au niveau de ses contacts à l’international. Elle sera de nature à lui ouvrir des portes, surtout auprès des pays arabes, notamment ceux qui se sont désintéressés du dossier libanais ces dernières années, comme l’Arabie saoudite. Recevoir le Premier ministre libanais après la formation d’un gouvernement dans la naissance duquel la France a joué un rôle de premier plan sera également, pour M. Macron, un moyen de marquer un succès, à un moment où la politique étrangère de la France est mise à mal par la crise du contrat des sous-marins avec l’Australie, notent ces observateurs.
Sur le fond, cette visite sera l’occasion, pour M. Mikati, d’exposer sa feuille de route aux Français, insistant particulièrement sur la création d’autorités de régulation dans les différentes institutions, une mesure-clé pour contrer la corruption dans l’administration. Il devrait s’entendre dire, une nouvelle fois, que la seule voie vers les aides internationales passe par les réformes.
Toujours selon ces observateurs, l’implication française envers le Liban reste d’actualité. Selon certaines informations, l’émissaire français Patrick Durel devrait effectuer une tournée à Beyrouth peu après la visite de M. Mikati en France. Les deux déplacements donneront une impression de « chantier qui commence », selon ces sources.
Appel du roi de Jordanie
Par ailleurs, le Premier ministre a reçu hier un appel du roi de Jordanie Abdallah II qui le félicitait pour la formation du gouvernement. Le monarque a assuré qu’il allait intensifier ses efforts avec les leaders mondiaux en vue de tirer le Liban de la crise humanitaire et économique dans laquelle il se trouve. M. Mikati a par ailleurs reçu hier plusieurs ambassadeurs au Grand Sérail, dont ceux du Koweït, de Grande-Bretagne ou encore de Chine, ainsi qu’une délégation de l’armée présidée par le commandant en chef, le général Joseph Aoun.
commentaires (7)
Ils vont continuer à se moquer de nous en promettant des réformes totalement infaisables puisque le pays est devenu une province iranienne. Tant pis pour nous, nous avons laissé faire et nous les avons laissé nous voler et nous ruiner. Il n'y a plus aucune solution.
Robert Malek
23 h 46, le 23 septembre 2021