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Politique - Focus

Hariri-Mikati : une rivalité appelée à renaître

Le Premier ministre a défié les pronostics en parvenant à former un gouvernement. En fonction des résultats de celui-ci, il pourrait arriver en position de force aux législatives.


Hariri-Mikati : une rivalité appelée à renaître

Le Premier ministre Nagib Mikati et Saad Hariri, en avril 2019. Photo d’archives Dalati et Nohra

Lorsqu’ils ont donné leur feu vert à la nomination de Nagib Mikati en juillet dernier, les anciens Premiers ministres étaient convaincus que le milliardaire de Tripoli allait échouer. Qu’il allait être contraint, comme Saad Hariri avant lui, de se récuser en raison de l’obstination de Michel Aoun à vouloir obtenir le tiers de blocage. Un pareil revers aurait permis d’attribuer toute la responsabilité de l’obstruction gouvernementale au président de la République et de préparer l’année électorale à venir sur une logique de confrontation avec le courant aouniste. Mais le magnat des télécoms a déjoué les pronostics grâce à un accord franco-iranien qui a obligé tous les acteurs locaux à trouver un compromis. De là à en faire le nouveau leader du camp sunnite et à reléguer Saad Hariri au second plan ? Il est beaucoup trop tôt pour le dire. Mais la période à venir devrait faire renaître la rivalité entre l’actuel et l’ancien Premier ministre, deux hommes qui ne se sont jamais appréciés mais qui ont, depuis 2016, réussi à trouver un terrain d’entente durant les échéances électorales pour se « partager » le Nord.

Officiellement, le chef du courant du Futur soutient le nouveau président du Conseil à qui son groupe parlementaire a accordé sa confiance. On est loin de l’époque, en 2011, où Nagib Mikati était considéré par le fils de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri comme un paravent du Hezbollah et son gouvernement comme celui des chemises noires. Beaucoup d’eau a depuis coulé sous les ponts, et Saad Hariri lui-même a été contraint de trouver un modus vivendi avec le Hezbollah. Mais en coulisses, le clan Hariri redoute que son vieux rival ne finisse par conclure des accords avec Michel Aoun et Gebran Bassil, l’ancien partenaire devenu la bête noire du leader sunnite. « Il faut voir ce qu’il va faire désormais, et s’il a déjà fait des concessions au clan présidentiel », affirme un conseiller du chef du courant du Futur, qui parie sur l’échec du nouveau gouvernement. Autrement dit : si Nagib Mikati réussit sa mission, Saad Hariri s’y associera. Dans le cas contraire, il le désavouera et se posera comme l’unique recours.

L'éditorial de Issa Goraïeb

Confiance, disent-ils...

« Mikati va devoir faire face à de multiples défis. Et s’il fait des concessions à Aoun, cela affectera sa base populaire », confie le proche de Saad Hariri. Les milieux de ce dernier craignent que le président de la République ne cherche à régler ses comptes. « La dernière année de mon mandat sera celle des vraies réformes », a récemment déclaré Michel Aoun, qui aurait dit en privé qu’après s’être débarrassé de Saad Hariri, il devait désormais en faire de même avec le président du Parlement Nabih Berry. Dans le viseur du chef de l’État aussi, le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, proche à la fois de Saad Hariri et de Nabih Berry. Le président souhaiterait également nommer un nouveau directeur général des Forces de sécurité intérieure pour succéder au général Imad Osman. Si cela se fait, ce sera la rupture. Le nouveau Premier ministre sait pour sa part qu’il avance sur un terrain miné et tient à gérer son gouvernement comme il l’a fait précédemment, entre 2011 et 2014. « Mikati veut coopérer avec Aoun en ce qui concerne le sauvetage économique. Mais il ne lui fera aucune concession sérieuse et l’affrontera s’il utilise le gouvernement pour régler ses comptes », affirme un proche du chef du gouvernement.

Alliance « inévitable » dans le Nord

Dans les deux camps, les élections de 2022 occupent déjà les esprits. Saad Hariri est affaibli par plusieurs facteurs comme sa situation financière personnelle, son bilan politique ou encore les mauvaises relations qu’il entretient avec l’Arabie saoudite. Mais dans les milieux du Futur, on reste convaincu que son leadership ne sera pas contesté. « Hariri n’est pas encore fini. Il se prépare actuellement pour les élections », dit l’un de ses conseillers qui mise sur le fait que malgré une baisse de popularité, le chef du courant du Futur reste fort de la faiblesse de ses adversaires. De son côté, l’équipe de Mikati est persuadée que son chef sortira renforcé de la séquence gouvernementale et améliorera son score lors des élections législatives.

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« Saad Hariri n’aura pas d’autre choix que de s’allier à nous dans le Nord », dit le proche du Premier ministre. Ce dernier compte être tête de liste à Tripoli, mais ne souhaite pas présenter des candidats dans les autres régions. Cependant, des deux côtés, on s’accorde à dire qu’il n’a de toute façon pas vocation à jouer un rôle plus important sur la scène sunnite. « Il est là depuis 30 ans. S’il voulait être le leader des sunnites, il aurait tout fait pour y parvenir depuis déjà bien longtemps », dit un bon connaisseur du dossier. Sauf qu’il en va de la politique comme de la nourriture : l’appétit vient en mangeant...

Mikati reçu vendredi par Macron, l’UE presse pour la réalisation de réformes

Le Premier ministre Nagib Mikati sera reçu vendredi à 13h par le président français Emmanuel Macron pour un « déjeuner de travail », quatre jours après avoir obtenu la confiance du Parlement.

La rencontre figure d’ores et déjà sur l’agenda de l’Élysée. Dans l’entourage du chef du gouvernement, on la situe dans le prolongement du suivi français de la crise libanaise depuis l’explosion dévastatrice au port de Beyrouth, le 4 août 2020. Nagib Mikati doit notamment exposer à son hôte les grandes lignes du programme d’action de son équipe et réaffirmer son engagement à œuvrer pour répondre aux exigences de la communauté internationale, au niveau de la réalisation des réformes.

Le président Macron, qui avait effectué deux visites à Beyrouth en moins d’un mois après l’explosion au port, avait proposé aux dirigeants libanais une feuille de route des réformes devant permettre au Liban de sortir de la grave crise dans laquelle il est plongé. Il avait aussi exhorté à une formation rapide du cabinet et maintenu la pression sur la classe politique pour qu’elle forme un gouvernement et réalise des réformes.

L’Union européenne, qui a salué hier la confirmation du nouveau gouvernement, a encouragé de nouveau le Liban à mettre en œuvre les réformes « urgentes et essentielles » pour le pays.

« L’Union européenne se félicite de la confirmation par le Parlement libanais du nouveau gouvernement dirigé par le Premier ministre Nagib Mikati par un vote de confiance à une large majorité », a déclaré le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. « Le programme annoncé par le nouveau gouvernement prévoit des mesures importantes pour faire face aux crises multiformes que connaît le Liban, notamment la reprise des négociations avec le Fonds monétaire international, la mise en œuvre de réformes structurelles, notamment du secteur de l’électricité, et la tenue des élections de 2022 comme prévu », a-t-il souligné. « Il est maintenant temps d’entamer le chemin de la reprise avec la mise en œuvre crédible de réformes urgentes et essentielles pour répondre aux besoins et aux demandes du peuple libanais », a affirmé Josep Borrell. « Tous les partis politiques et leurs dirigeants ont la responsabilité de soutenir et de contribuer activement à ces efforts », a-t-il averti.


Lorsqu’ils ont donné leur feu vert à la nomination de Nagib Mikati en juillet dernier, les anciens Premiers ministres étaient convaincus que le milliardaire de Tripoli allait échouer. Qu’il allait être contraint, comme Saad Hariri avant lui, de se récuser en raison de l’obstination de Michel Aoun à vouloir obtenir le tiers de blocage. Un pareil revers aurait permis d’attribuer...

commentaires (4)

Dans le TEMPS ! Dans le PASSE ! ON brulé des PNEUS , on BLOQUE DES ROUTES !! SHOU ? NOS KOULONS se préparent pour un nouveau départ !! Allez HOULA HOULA HOP ...

aliosha

20 h 16, le 22 septembre 2021

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • Dans le TEMPS ! Dans le PASSE ! ON brulé des PNEUS , on BLOQUE DES ROUTES !! SHOU ? NOS KOULONS se préparent pour un nouveau départ !! Allez HOULA HOULA HOP ...

    aliosha

    20 h 16, le 22 septembre 2021

  • Blanc bonnet ou bonnet blanc. Sauf que l’autre a extrêmement mieux réussi dans ses affaires personnelles

    Lecteur excédé par la censure

    17 h 22, le 22 septembre 2021

  • UN REQUIN AVEC UNE GOURMANDISE ILLIMITÉE QUI A AVALÉ L' ENFANT GATÉ, UN IDIO COMME TU PEUX JAMAIS IMAGINER.

    Gebran Eid

    15 h 50, le 22 septembre 2021

  • LE THEATRE VA OUVRIR. QUEL CLOWN PORTE DES COUPS DE COUTEAU SUR LE DOS D,UN AUTRE CLOWN. LE CLOWNISME EST A LA MODE CHES LES MAFIEUX COMME SI LA CORRUPTION ET L,INCOMPETENCE NE SUFFISAIENT PAS. PEUPLE LIBANAIS QUI REGARDE ET NE REAGIT PAS, OU ES-TU ? ILS T,ONT VOLE, HU,ILIE, PIETINE ET TU TE TAIS ENCORE. AILLEURS LES CIEUX AURAIENT NOIRCIS ,

    LA LIBRE EXPRESSION

    00 h 49, le 22 septembre 2021

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