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Économie - Audit juricomptable

Signature imminente du contrat avec Alvarez & Marsal, assure Wazni

Selon le ministre sortant, le financement de la carte d’approvisionnement est « assuré » via une réallocation d’un prêt de la Banque mondiale et les montants issus des droits de tirage spéciaux alloués par le Fonds monétaire international.


Signature imminente du contrat avec Alvarez & Marsal, assure Wazni

Le nouveau ministre des Finances Youssef Khalil (à gauche). Photo P.H.B.

Entamée lundi, la valse des cérémonies de passation des pouvoirs entre les membres du gouvernement sortant de Hassane Diab et celui formé vendredi dernier par Nagib Mikati s’est poursuivie hier avec notamment celle de l’un des portefeuilles ministériels les plus critiques, compte tenu de la situation de crise dans laquelle le pays se trouve, à savoir celui des Finances. Une fonction qui sera désormais occupée par le directeur exécutif et responsable du département des opérations financières à la Banque du Liban (BDL), Youssef Khalil, un des noms soutenus par le président du Parlement et chef du mouvement Amal Nabih Berry. Le nouveau ministre remplace Ghazi Wazni qui a été pendant longtemps conseiller économique de ce dernier.

Effectuant un bref tour d’horizon des différents dossiers chauds impliquant son ministère, Ghazi Wazni a notamment assuré que le deuxième contrat à travers lequel l’État doit confier le volet juricomptable des comptes de la BDL et des institutions publiques au cabinet international Alvarez & Marsal (A&M) devrait être signé « ces deux, trois jours » par son successeur. Il a de plus confirmé que l’accord était bien en train d’être examiné par la Cour des comptes, à qui la Constitution confie la charge de contrôler la bonne gestion des deniers publics.

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Ghazi Wazni a également indiqué que les deux cabinets mandatés pour effectuer les autres volets de l’audit – KPMG pour les bilans comptables concernés, et le spécialiste des banques centrales Oliver Wyman qui doit examiner les pratiques comptables de la BDL – avaient achevé la première phase de leur mission, évoquant un « premier rapport » présenté, sans plus de détails. « Si ces informations sont correctes, cela veut dire que les cabinets ont eu suffisamment d’éléments pour livrer des premières conclusions au moins partielles. L’enjeu n’est pas bien entendu le même que pour un audit juricomptable, vu que les éléments à examiner par KPMG et Oliver Wyman sont assez tangibles », a expliqué à L’Orient-Le Jour une source proche du dossier.

La loi sur le secret bancaire

Le volet juricomptable doit en théorie permettre de retracer l’historique des transactions examinées afin de détecter d’éventuelles fraudes et de récupérer des éléments permettant, le cas échéant, de les démontrer et de les opposer en justice. L’audit des comptes de la BDL, puis de ceux des institutions publiques a été introduit dans le débat au printemps 2020, au moment où le gouvernement de Hassane Diab s’apprêtait à entamer des négociations avec le Fonds monétaire international pour permettre au Liban de décrocher une assistance financière. Présenté comme une nécessité par le FMI, et en même temps utilisé comme une arme politique par le chef de l’État Michel Aoun et le Courant patriotique libre contre le gouverneur de la BDL Riad Salamé, le processus s’est embourbé avant même de démarrer, notamment au niveau du choix du cabinet choisi pour cette tâche : le premier choix, Kroll, a été écarté pour des raisons peu convaincantes. A&M a finalement été sélectionné au courant de l’été 2020. Les contrats liant l’État à ce cabinet ainsi qu’à KMPG et Oliver Wyman ont été signés le 1er septembre. Mais en novembre, A&M jetait l’éponge en regrettant que la BDL n’ait pas fourni tous les documents nécessaires pour lui permettre d’exécuter sa mission. La banque centrale avait de son côté justifié cette rétention d’informations en se réfugiant derrière la loi sur le secret bancaire.

Si cet argument a été jugé irrecevable par de nombreux experts, notamment par la ministre de la Justice de l’époque Marie-Claude Najm, le Parlement a néanmoins décidé de jouer le jeu en adoptant une loi levant exceptionnellement le secret bancaire sur les comptes de la BDL et des institutions publiques pendant un an. Un procédé largement critiqué par l’ancien directeur général du ministère des Finances, Alain Bifani, qui avait évoqué, dans une tribune publiée dans nos pages le 13 janvier dernier, un texte lacunaire voté pour « gagner du temps ». Le ministère des Finances avait alors repris contact avec A&M pour le convaincre de reprendre sa mission. Aujourd’hui, il reste moins de trois mois et demi avant que la loi de décembre ne cesse de produire ses effets, un texte qui, soulignait encore Alain Bifani, ne garantit pas « la publicité ultérieure de l’ensemble des découvertes » pouvant être faites au cours de l’audit.

Si les détracteurs de Youssef Khalil considèrent que sa proximité avec le gouverneur de la BDL Riad Salamé risque de compromettre la réussite de l’audit, ceux qui le défendent écartent cette possibilité en mettant en avant son intégrité.

La carte d’approvisionnement

Ghazi Wazni a également évoqué la question du financement de la carte d’approvisionnement, un dispositif adopté en juin dernier et qui doit servir de substitut aux mécanismes de subvention mis en place presque tous unilatéralement par la BDL. L’ouverture des inscriptions pour les bénéficiaires potentiels débute aujourd’hui. S’agissant du financement, Ghazi Wazni a réaffirmé qu’il était « assuré » via, d’une part, une réallocation d’un prêt de 295 millions de dollars de la Banque mondiale sur les transports publics, réallocation que le Parlement doit encore valider ; et d’autre part, « d’autres sources » notamment les montants issus des droits de tirage spéciaux (DTS) alloués par le Fonds monétaire international.

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Lundi, les Finances avaient annoncé que le Liban recevra 1,135 milliard de dollars en échange de deux allocations de DTS. Ce montant correspond à la somme des deux dernières allocations de DTS (sur quatre au total, plus une allocation spéciale dont n’a pas bénéficié le Liban) : celle du 28 août 2009 qui s’élevait à 275 millions de dollars et celle du 23 août dernier qui était de 860 millions de dollars. Ce total devrait être transféré dans un compte spécial de la banque centrale et l’allocation du montant décidée par le nouveau gouvernement. Ghazi Wazni a expliqué que les autorités n’avaient pas jugé, en 2009, « nécessaire » d’emprunter des fonds à faible taux contre des DTS comme le prévoit la procédure attitrée, le Liban étant alors dans une situation financière bien plus positive que celle qu’il vit aujourd’hui.

L’ancien ministre s’est enfin exprimé sur les orientations des finances publiques pour 2022, avec un projet de loi des finances qui doit, selon lui, inclure une hausse des indemnités de transport, qui passeraient de 24 000 à 64 000 livres, ou encore une hausse de 50 % des traitements et salaires de la fonction publique et des dotations aux hôpitaux multipliés par « 3 ou 4 ». Le dernier budget annuel de l’État a été voté en 2020. Celui de 2021 est resté au stade d’avant-projet.

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Pour revenir sur la passation des pouvoirs, le ministre sortant a enfin exprimé sa satisfaction que le ministère des Finances soit désormais confié, « dans un contexte très difficile, à un expert et un ami ».Youssef Khalil a, lui, déclaré que le pays vivait un « moment historique », que le nouveau gouvernement allait « soit réussir, soit échouer » à redresser la situation et restructurer le Liban, et que le ministère des Finances allait être, à son avis, « un vecteur essentiel » du changement. Il a assuré qu’il allait, dans ce cadre, organiser des réunions régulières « en toute transparence » avec des « responsables et experts ». « Nous devons montrer que nous sommes du côté du citoyen », a-t-il conclu.

Entamée lundi, la valse des cérémonies de passation des pouvoirs entre les membres du gouvernement sortant de Hassane Diab et celui formé vendredi dernier par Nagib Mikati s’est poursuivie hier avec notamment celle de l’un des portefeuilles ministériels les plus critiques, compte tenu de la situation de crise dans laquelle le pays se trouve, à savoir celui des Finances. Une fonction qui...

commentaires (3)

Alvarez se fait un nom au M.-O. grâce à cette affaire et encaisse des honoraires sans rien faire pour le moment ! c'est génial

Shou fi

12 h 37, le 15 septembre 2021

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Commentaires (3)

  • Alvarez se fait un nom au M.-O. grâce à cette affaire et encaisse des honoraires sans rien faire pour le moment ! c'est génial

    Shou fi

    12 h 37, le 15 septembre 2021

  • Quelle farce..! On ne sait pas combien a coute ce cinema a l' Etat - annuler un contrat,- payer des penalites- signer avec les memes un nouveau contrat- Sachant que la BDL, et le parlement on joint leurs forces, pour se moquer rpyalement du citoyen, en s' agitant à vide devant les obiigations contractuelles.. Pour finir par signer un nouveau contrat , dont on peut imaginer que les boulons ont ete totalement desserres . ..

    LeRougeEtLeNoir

    11 h 40, le 15 septembre 2021

  • Wazni n'étant plus ministre affilié, il se libère pour parler correctement en tant que spécialiste.

    Esber

    07 h 58, le 15 septembre 2021

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