Le Liban recevra jeudi 1,135 milliard de dollars en échange de deux allocations de droits de tirage spéciaux (DTS, Special Drawing Rights ou SDR en anglais), du Fonds monétaire international (FMI), a annoncé lundi le ministère des Finances. Ce montant correspond à la somme des deux dernières allocations de DTS (sur quatre au total, plus une allocation spéciale dont n’a pas bénéficié le Liban) : celle du 28 août 2009 qui s’élevait à 275 millions de dollars, et celle du 23 août dernier qui était de 860 millions de dollars. Ce total devrait être transféré dans un compte spécial de la banque centrale.
Les DTS sont un moyen pour les États d’augmenter leurs réserves en s’échangeant des DTS à de faibles taux d’intérêt. Suite à la crise des subprimes de 2008, le FMI a émis des DTS en 2009 pour aider les pays à y faire face. Or, le Liban, dont le secteur bancaire n’avait pas été affecté par les mouvements financiers mondiaux à ce moment-là, ne les avait pas échangés contre des devises. Les DTS sont donc restés, depuis, dans les réserves en devises de la Banque du Liban (BDL). L’allocation de cette année vise, elle, à aider les pays à faire face à la crise sanitaire de Covid-19.
Fonds pour la réduction de la pauvreté
La procédure normale requiert qu’un pays ayant besoin de liquidités cherche un autre pays ou institution qui serait prêt à lui prêter de l’argent à un faible taux d’intérêt (près de 0,05 % actuellement). Toutefois, le porte-parole du FMI, Gerry Rice, avait précisé en juin que l’institution planchait sur un moyen d’inciter les pays « qui ont des positions extérieures fortes » – en référence à une balance des paiements (la différence entre les flux entrants et sortants du pays) excédentaire – à « volontairement (leur) transférer une partie de leurs DTS ». Et cela via le Fonds pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance du FMI (Poverty Reduction and Growth Trust-PRGT), qui octroie des prêts « sans intérêts ». Une source proche du dossier croit savoir que c’est à travers ce mécanisme que le Liban recevra l’argent jeudi, ce qui a permis au pays du Cèdre d’éviter de chercher des acheteurs, une situation qui aurait été compliquée dans la mesure où le Liban a fait défaut sur sa dette en devises (les Eurobonds) en mars 2020 et ne l’a toujours pas restructurée, n’inspirant ainsi pas la confiance des créanciers.
Il s’agit donc là d’une bouffée d’air temporaire pour un pays qui traverse depuis près de deux ans une crise économique et financière aiguë, un pays en manque de liquidités pour financer les besoins les plus basiques, comme l’électricité, dont dépendent de nombreux secteurs productifs (industrie et boulangerie) et vitaux (hôpitaux et l’eau).
Selon la source précitée, ce sera toutefois au nouveau gouvernement de Nagib Mikati, formé vendredi, de décider à quels secteurs seront alloués ces fonds. Selon une source diplomatique, sous le gouvernement sortant de Hassane Diab, des responsables semblaient s’être déjà entendus sur la répartition de ces aides : un tiers serait alloué au secteur de la santé, un autre tiers alimenterait les réserves de la BDL qui ne cessent de diminuer, tandis que le dernier tiers irait financer la carte d’approvisionnement, attendue avec impatience par une large tranche de la population qui vit sous le seuil de pauvreté (près de 74 % de la population selon l’Escwa).
Le Liban fait partie des 189 pays membres du FMI depuis 1948, et a bénéficié en tout de quatre allocations de DTS : celles de 1970-1972, 1979-1980, du 28 août 2009 et du 23 août 2021. Le total mondial de la première allocation concernait 9,3 milliards de DTS et la deuxième à 12,1 milliards de DTS (la quote-part du Liban actuellement n’est que de 0,13 % du total, mais était probablement supérieure auparavant, plusieurs pays étant devenus membres du FMI après 1981). Les deux dernières allocations de DTS ont été bien plus conséquentes: celle du 28 août 2009 concernait 161,2 milliards de DTS et celle du 23 août 2021, 456,5 milliards de DTS (soit près de 650 milliards de dollars). Une autre allocation spéciale a eu lieu le 9 septembre 2009 concernant 21,5 milliards de DTS, uniquement pour les pays ayant rejoint le FMI après 1981.
BM ET FMI FAITES VITE. UNE EQUIPE DE CONTROLE DE CES FONDS ET LEUR PLUS ETROIT EMPLOIE AVANT QUE NOS MAFIEUX N,Y TOUCHENT.
15 h 05, le 14 septembre 2021