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Économie - Gouvernement

Qui est Youssef Khalil, le cadre de la BDL nommé aux Finances ?

Docteur en économie, le neveu de l’ancien ministre Ali el-Khalil a intégré la banque centrale en 1982.

Qui est Youssef Khalil, le cadre de la BDL nommé aux Finances ?

Photo DR

Homonyme de l’ancien député maronite du Kesrouan Youssef Khalil, l’actuel directeur exécutif et responsable du département des opérations financières à la Banque du Liban (BDL) fait finalement bien partie du gouvernement de 24 membres présidé par Nagib Mikati et sur lesquels les principales forces politiques du pays ont fini par s’entendre. Réputé proche du gouverneur de la BDL Riad Salamé et appuyé par le mouvement Amal du président du Parlement Nabih Berry, il remplacera le ministre sortant Ghazi Wazni qui était lui-même le conseiller économique attitré du chef du parti chiite avant sa prise de fonctions début 2020. Il ne pourra en principe pas cumuler les deux postes.

Youssef Khalil est le neveu du député chiite de Tyr, Ali el-Khalil, décédé en 2005 et qui a occupé plusieurs portefeuilles ministériels dans les années 1970 et 1990 – dont trois passages aux Finances entre 1979 et 1992, pour des mandats d’environ deux ans ou moins à chaque fois. Lui-même né à Tyr en 1958, Youssef Khalil est passé sur les bancs de l’Université américaine de Beyrouth (AUB) pour obtenir sa licence en économie – où il a commencé à enseigner en 1989 –, de l’Université du Sussex au Royaume-Uni pour son master en économie du développement et enfin du Centre d’études et de recherches sur le développement international (Cerdi, Université Clermont Auvergne) en France où il a obtenu son doctorat en économie. Dans l’enseignement, ses principaux domaines de spécialisation sont les études de développement, l’économie managériale, les théories de la croissance ou encore l’histoire économique.

Questions liées à la dette

Sur le plan professionnel, il rejoint la BDL en 1982 en tant qu’économiste, ce qui le mènera aux fonctions qu’il occupe aujourd’hui. Selon le site de la BDL, les fonctions du département qu’il dirige consistent à gérer les questions liées à la dette interne et les titres financiers acceptés par la banque centrale dans le cadre de ses opérations de crédit ; examiner les demandes de crédit effectuées par l’administration et les institutions publiques ; et évaluer les conséquences de ces opérations sur la situation monétaire et les niveaux de liquidité. Un autre volet de sa mission consiste à « revoir et suivre les facilités bancaires accordées au Trésor, exécuter les décisions d’achat ou de vente de bons du Trésor décidées par la direction de la BDL et intervenir sur les opérations de marché ». Selon les éléments de sa biographie communiqués par son bureau, il était également amené à « représenter la BDL dans les réunions officielles avec les organisations internationales, ce qui lui a permis d’apporter sa contribution aux propositions de l’institution aux programmes de réformes de Paris pour le Liban », dont CEDRE en avril 2018.

L'édito de Issa GORAIEB

À l’école de la survie

En parallèle de son emploi à la banque centrale, Youssef Khalil est également le cofondateur et le président d’une ONG libanaise consacrée au développement rural (ADR). Il officie également au sein d’autres ONG, dont l’Association européenne et arabe pour le développement et l’intégration (Readi), Teach for Lebanon (TFL, pour l’accès universel à l’enseignement) ou encore de la Lebanese Microfinance Association qui regroupe une dizaine d’acteurs libanais de ce secteur. Pour l’anecdote, il fait également partie de la Fédération libanaise de jiu-jitsu.

La nomination de Youssef Khalil a été un temps un des principaux points d’achoppement entre le président Michel Aoun et Nabih Berry pendant le processus de formation du gouvernement. La question de sa présence dans la nouvelle équipe n’était cependant plus un problème depuis deux semaines, selon une source proche de Baabda.

Nombreux chantiers

Le député CPL de Baabda Hekmat Dib avait, lui, déclaré cette semaine à L’Orient-Le Jour que c’était surtout le fait que Youssef Khalil ait participé dans les choix de politique monétaire et financière de la banque centrale ces dernières années par Riad Salamé qui avait motivé le refus de Michel Aoun de voir l’économiste occuper le ministère des Finances. Selon plusieurs sources concordantes, ses détracteurs lui reprochent sa proximité avec Riad Salamé et d’avoir été aux manettes de l’architecture qui a couvert des décennies de déficits publics validés soit par le Parlement, soit par les ministres des Finances successifs, au prix de distorsions des règles constitutionnelles régissant les finances publiques. D’autres le dédouanent de toute responsabilité majeure dans la spirale qui a plongé le Liban dans la crise en mettant en avant celle du Conseil central de la BDL, composé du gouverneur, de quatre vice-gouverneurs, et des directeurs généraux des ministères des Finances et de l’Économie et du Commerce.

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Toujours est-il que le nouveau ministre aura du pain sur la planche dès son entrée en fonctions : en dépression économique et sans budget annuel, le pays est en effet endetté jusqu’au cou (la dette atteint près de 100 milliards de dollars selon la parité officielle), a fait défaut sur le remboursement de ses obligations d’État en devises (eurobonds) en mars dernier et n’a plus négocié avec ses créanciers ou encore le Fonds monétaire international qu’il avait sollicité pour une assistance financière depuis de longs mois. La livre, dont la parité par rapport au dollar était stabilisée par les interventions de la BDL depuis 1997, a perdu plus de 90 % de sa valeur sous l’effet de la crise en liquidité en devises du pays et des restrictions bancaires illégalement imposées aux déposants. Les mécanismes de subvention, mis en place par la BDL dès octobre 2019 et qui permettaient de limiter l’inflation des prix en livres de certains produits importés, ont été suspendus, tandis que les réserves de devises détenues à la banque centrale ne sont quasiment plus composées que des réserves obligatoires des banques, soit près de 14 milliards de dollars selon les informations parcellaires transmises par Riad Salamé dans des déclarations à la presse.

Autre dossier chaud que le nouveau ministre aura à gérer : l’audit des comptes de la BDL et des institutions publiques, et notamment son volet juricomptable qui a été a priori relancé au courant de l’été sans qu’il ne soit cependant certain qu’il sera mené jusqu’au bout compte tenu du nombre potentiellement élevé de lièvres que la procédure risque de lever.

Homonyme de l’ancien député maronite du Kesrouan Youssef Khalil, l’actuel directeur exécutif et responsable du département des opérations financières à la Banque du Liban (BDL) fait finalement bien partie du gouvernement de 24 membres présidé par Nagib Mikati et sur lesquels les principales forces politiques du pays ont fini par s’entendre. Réputé proche du gouverneur de la BDL...

commentaires (3)

J’espère qu'il a vite couru embrasser la main de son traditionnel bienfaiteur... Il aurait pu aussi penser a faire une ONG pour le ramassage de la m. a Tyr. Le joyau de la Phénicie est devenu une poubelle pleine de garages de pneus et de changement de pots d’échappements. Remarquons que ce n'est effectivement plus le même peuple qui y réside.

Mago1

00 h 35, le 12 septembre 2021

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Commentaires (3)

  • J’espère qu'il a vite couru embrasser la main de son traditionnel bienfaiteur... Il aurait pu aussi penser a faire une ONG pour le ramassage de la m. a Tyr. Le joyau de la Phénicie est devenu une poubelle pleine de garages de pneus et de changement de pots d’échappements. Remarquons que ce n'est effectivement plus le même peuple qui y réside.

    Mago1

    00 h 35, le 12 septembre 2021

  • Son prédécesseur Wazni, affirmait une fois qu'il ne pouvait pas prendre des décisions que le clan qu'il représentait, n'acceptait pas...! On verra bien s'il fera comme lui.

    Esber

    21 h 17, le 11 septembre 2021

  • "Réputé proche du gouverneur de la BDL Riad Salamé et appuyé par le mouvement Amal du président du Parlement Nabih Berry,".... Le gouv de la bdl et appuyé par Amal .... Wow... Il a tout fait pour être remarquer par les critiques de ce gouvernement... Si avec tout ça on réussit à être nommé ministre, et des FINANCES de plus ...autant être Jack the Ripper et être ministre de la justice...

    Wlek Sanferlou

    20 h 26, le 11 septembre 2021

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