Rechercher
Rechercher

Économie - Transport aérien

L’ardoise du Liban auprès de l’IATA ne menace pas l’activité des voyagistes

L’Association internationale du transport aérien réclame encore le transfert de 175,5 millions bloqués à la Citibank et fait entrer le Liban dans une liste internationale comptant près d’une vingtaine de mauvais payeurs.

L’ardoise du Liban auprès de l’IATA ne menace pas l’activité des voyagistes

Le Liban doit 175,5 millions de dollars à l’Association internationale du transport aérien (IATA). Photo P.H.B.

Dire que l’État libanais, la Banque du Liban (BDL) et les banques nationales croulent sous des dettes qu’ils ont de plus en plus de mal à honorer relève de l’euphémisme tant les dossiers concernant des retards de paiement auprès de créanciers s’accumulent, ces derniers se rappelant de temps à autre à leur bon souvenir. C’est le cas de l’Association internationale du transport aérien (IATA) qui, la semaine dernière, a ainsi rappelé au pays du Cèdre qu’il lui devait une ardoise de pas moins de 175,5 millions de dollars, correspondant à des fonds « bloqués » que l’organisation ne parvient pas à rapatrier.

« Il s’agit principalement de montants en dollars bancaires – dont la disponibilité est illégalement restreinte par les banques libanaises depuis l’automne 2019 – reversés à l’IATA par les voyagistes libanais pendant la crise et avant l’accord conclu début juin consistant à facturer et encaisser en devises fraîches tous les paiements liés à des achats de billets », explique à L’Orient-Le Jour le président de l’Association des agences de voyage et de tourisme au Liban (Attal), Jean Abboud. « Nous avons évité le pire avec cet accord et le récent rappel de l’IATA concernant l’ardoise à solder ne menace pas l’activité des voyagistes », ajoute-t-il. Même son de cloche de la part d’un voyagiste qui a souhaité garder l’anonymat. « Depuis l’accord de juin, les arriérés ne s’accumulent plus vu que tout est réglé en dollars frais qui peuvent être librement transférés en dehors du pays (une faculté garantie par la circulaire n°150 de la BDL adoptée le 9 avril 2020, NDLR). Ainsi, plus de surprises, plus d’incidents, même si les chiffres sont en berne », décrit-il. Une source bancaire souligne pour sa part le fait que les banques « ne peuvent absolument pas se permettre de déroger aux règles prévues pour les devises fraîches, parce que cela minerait le peu de crédit qu’elles ont encore auprès de leurs clients au bout de presque deux ans de crise ».

Activité en berne

Selon Jean Abboud, les voyagistes ont transféré 25 millions de dollars à l’IATA depuis début juin, un montant lié à la vente de billets sur cette période et qui est bien inférieur au roulement de « 70 millions de dollars par mois » que la filière connaissait avant la crise. Un second voyagiste, qui travaille pour l’un des principaux acteurs du secteur, déplore une baisse des ventes de l’ordre de « 70 à 80 % par rapport à 2019 », rappelant que l’exercice 2020 avait été particulièrement mauvais à cause des restrictions liées à la pandémie de Covid-19 (les voyagistes ainsi que les aéroports internationaux étaient alors restés fermés de longs mois).

Pour mémoire

Les billets d’avion seront désormais facturés en dollars frais, sans exception

En mal de liquidités, les banques ont commencé à restreindre à partir de la fin de l’été 2019, et sans y être autorisées par la réglementation, les opérations que les clients pouvaient effectuer à partir de leurs comptes en devises constitués avant cette période, accélérant ainsi les effets de la crise sur la dépréciation de la livre face au dollar et la panique bancaire générée par la défiance des déposants. La BDL a indirectement appuyé ces mesures en avril 2020, d’une part en protégeant la disponibilité des dollars frais – soit les dollars déposés en espèces ou transférés de l’étranger sur des comptes spéciaux dédiés et créés dans la foulée des restrictions – et, d’autre part, en autorisant les retraits de devises bloquées en livres à un taux supérieur à la parité officielle de 1 507,5 livres (mais qui a toujours été inférieure au taux du marché noir, hier au-dessus de 19 000 pour un dollar).

L’IATA occupe un rôle central dans le mécanisme de réservations effectuées par les agences de voyages. Lorsque ces dernières effectuent une vente, l’essentiel des montants générés par la vente de titres de voyage doit être transféré à l’IATA qui redistribue cet argent à ses membres au prorata de leur activité au Liban. Toutefois, ce mécanisme, qui passe par l’établissement Citibank et par les comptes des compagnies aériennes ouverts au Liban, n’a pas été épargné par les restrictions bancaires. Dès mars 2020, le Liban risquait même de se retrouver sur la liste noire de l’organisation en raison des problèmes liés au transfert de ses fonds à l’étranger. Après plus d’un an de battement et de solutions provisoires, l’IATA, l’Attal et les compagnies aériennes opérant au Liban ont finalement décidé que la meilleure solution restait de facturer et d’encaisser en devises fraîches les billets d’avion vendus par les voyagistes libanais.

Reste la question du transfert des 175,5 millions réclamés par l’IATA et qui sont encore bloqués à la Citibank. Une situation qui fait entrer le Liban dans une liste comptant près d’une vingtaine de mauvais payeurs, selon le communiqué publié le 19 août par l’IATA, faisant état d’un total de 963 millions de dollars de revenus revenant aux compagnies aériennes mais dont les « gouvernements » concernés n’autorisent pas le transfert. L’IATA va plus loin en soulignant que les ardoises du Liban, du Bangladesh (146,1 millions de dollars), du Nigeria (143,8 millions) et du Zimbabwe (142,7 millions), totalisent plus de 60 % du total des montants réclamés.

Dire que l’État libanais, la Banque du Liban (BDL) et les banques nationales croulent sous des dettes qu’ils ont de plus en plus de mal à honorer relève de l’euphémisme tant les dossiers concernant des retards de paiement auprès de créanciers s’accumulent, ces derniers se rappelant de temps à autre à leur bon souvenir. C’est le cas de l’Association internationale du transport...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut