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Économie - Transport aérien

Les billets d’avion seront désormais facturés en dollars frais, sans exception

Une question de survie pour le secteur, menacé par la sortie du Liban de l’IATA et des compagnies aériennes étrangères.

Les billets d’avion seront désormais facturés en dollars frais, sans exception

Pas plus de « 5 ou 6 % » des Libanais peuvent encore se permettre de partir en vacances à l’étranger, selon Jean Abboud, président de l’Association des agences de voyages et de tourisme au Liban (Attal). Photo P.H.B.

C’est d’un commun accord entre l’Association internationale du transport aérien (IATA), l’Association des agences de voyages et de tourisme au Liban (Attal) et l’ensemble des compagnies aériennes desservant le Liban qu’a été prise la décision de facturer, dès hier et dorénavant, les billets d’avion en devises. Un choix faisant plutôt office de dilemme auquel les professionnels du secteur sont confrontés depuis plusieurs mois : faire payer les titres de voyage en dollars frais ou regarder, impuissants, l’IATA et les compagnies aériennes étrangères quitter le pays, selon les explications du président de l’Attal, Jean Abboud, contacté par L’Orient-Le Jour.

Une question de survie également, selon Mohammad al-Hout, PDG du transporteur aérien national Middle East Airlines (MEA), dans une déclaration publiée hier par le quotidien panarabe al-Chark al-Awsat. « La décision du conseil d’administration a été prise il y a plusieurs mois et nous l’avions annoncée au début de l’année. Nous avons décidé de l’appliquer après avoir épuisé toutes les autres possibilités », a-t-il expliqué. Cette annonce intervient parallèlement à celle de la compagnie aérienne française Air France, qui a indiqué lundi la possibilité pour sa clientèle libanaise d’effectuer ses paiements en ligne, dans ses bureaux ou via ceux d’OMT.

Fin d’une situation ubuesque

Jusqu’à hier, les Libanais étaient ainsi autorisés à acheter des billets d’avion en livres libanaises ou en « dollars libanais », soit les devises bloquées en banque au taux dollar/livre de 3 900, selon la circulaire n° 151 de la Banque du Liban (BDL) publiée en avril 2020. Une possibilité que l’IATA avait accordée via la plateforme BSP (Billing and Settlement Plan), sa filiale internationale servant de chambre de compensation pour les transactions financières entre les compagnies aériennes et les agences de voyages.

Toutefois, face à une majorité de coûts en devises (carburant, taxes, opérations de manutention, etc.), « soit 95 % de nos coûts », selon le directeur général d’Air France au Liban, Matthieu Tétaud, et au taux du marché parallèle, tournant dernièrement autour des 12 700 livres par dollar, certaines compagnies aériennes « étaient en roue libre, tarifant les billets d’avion au compte-gouttes, en livres libanaises ou en dollars libanais à des taux surdimensionnés pour compenser leurs coûts », explique une agence de voyages locale, qui se dit soulagée de voir cette situation ubuesque prendre fin.

Un soulagement général donc, alors que « cela fait un an qu’on pousse les autorités libanaises et la BDL à créer une plateforme pour le secteur permettant d’officialiser le taux dollar/livre à 3 900 livres le dollar, en vain », explique Jean Abboud, rappelant que « les compagnies aériennes » subissent également les conséquences de la crise avec « des millions de dollars bloqués dans les banques libanaises ». L’affirmation est corroborée par Matthieu Tétaud, qui salue une décision de l’IATA d’ouvrir des transactions en dollars frais pour les compagnies aériennes desservant le Liban, ce qui permettra « de rapatrier nos recettes hors du Liban, de revenir sur le marché local et de pérenniser nos opérations ».

Les vacances d’été

Le timing de l’application de cette décision pose évidemment question, alors que les vacances d’été approchent à grands pas. « Il est certain que les ventes de billets d’avion vont diminuer », déclare Jean Abboud. « Il n’y a plus que 5 ou 6 % de la population libanaise qui peut encore se permettre de dépenser des dollars frais pour prendre des vacances à l’étranger », explique-t-il, « le reste servant à payer les études, à l’achat de produits de première nécessité ou pour diverses raisons essentielles et pragmatiques ».

Un état des lieux dont les compagnies aériennes ont bien conscience, rappelant toutefois que « le billet d’avion ne représente que 20 à 30 % du coût d’un voyage, si l’on ajoute le logement, les sorties, les restaurants, etc. », selon Matthieu Tétaud. Ce pourcentage est estimé par Mohammad al-Hout entre « 10 et 15 % ». Si la MEA n’a pas encore mentionné de baisse pour ses tarifs, « Air France a déjà baissé ses prix de 20 à 40 % vers Paris au 1er juin, et nous examinons une révision tarifaire à partir de Beyrouth », souligne Matthieu Tétaud.

Cette nouvelle décision devrait ainsi encore restreindre le nombre de Libanais et de résidents au Liban ayant la capacité de voyager, alors que le pays traverse l’une des pires crises économiques et financières de son histoire récente, selon un rapport de la Banque mondiale publié hier, notant une chute du PIB/habitant de près de 40 %. Le pouvoir d’achat des Libanais a ainsi considérablement baissé face à une dépréciation monumentale de la monnaie nationale, une hyperinflation et une paupérisation d’une large partie de la population. Par ailleurs, selon les chiffres publiés en janvier dernier par l’Aéroport international de Beyrouth (AIB), l’année 2020 a connu une baisse de 71,2 % du nombre de ses passagers, tandis que l’IATA avait à la même période fait état d’une chute de 84,5 % des voyages internationaux vers le Moyen-Orient. Des déclins principalement dus à la pandémie de Covid-19 et aux mesures de restriction internationales sur les voyages internationaux.

C’est d’un commun accord entre l’Association internationale du transport aérien (IATA), l’Association des agences de voyages et de tourisme au Liban (Attal) et l’ensemble des compagnies aériennes desservant le Liban qu’a été prise la décision de facturer, dès hier et dorénavant, les billets d’avion en devises. Un choix faisant plutôt office de dilemme auquel les...

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De toute façon il n'y a que la minorité des (nouveaux) riches qui pourront faire des voyages, les autres n'y pensent même pas : ils sont occupés à survivre

Politiquement incorrect(e)

19 h 04, le 02 juin 2021

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Commentaires (1)

  • De toute façon il n'y a que la minorité des (nouveaux) riches qui pourront faire des voyages, les autres n'y pensent même pas : ils sont occupés à survivre

    Politiquement incorrect(e)

    19 h 04, le 02 juin 2021

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