Aujourd’hui, on prie et on pleure, mais demain, on vote

Dans un an, rappelle-toi d’aujourd’hui. Rappelle-toi d’hier et de ces dernières années. Dans un an, rappelle-toi du 4 août 2020, et de l’horreur et du sang, et rappelle-toi du 4 août 2021, de l’injure et de l’injustice. Dans un an, rappelle-toi du jour où des millions de Libanais ont été plongés dans l’obscurité la plus noire, la chaleur la plus crevante, à espérer sous un ciel qui ne brille plus. Dans un an, rappelle-toi que pour une fois, tu as cru en l’enfer, cet endroit immonde où tous brûlent sauf les coupables, tous se meurent sauf les plus pourris.

Dans un an, rappelle-toi des frigos vides et des regards vidés, des autoroutes éteintes et des cœurs troués, rappelle-toi des files interminables aux stations d’essence et de celles aux portes des épiceries.

Dans un an, rappelle-toi de l’AUBMC qui, à cause de la pénurie de carburant, menace de fermer ses portes, et d’ôter la vie à 40 adultes et 15 enfants qui ne sont attachés à la vie qu’à travers une machine à oxygène.

Dans un an, rappelle-toi du Children Cancer Center et de tous ces visages innocents qui ne peuvent plus se faire soigner.

Dans un an, rappelle-toi qu’il n’y a plus de papiers dans les institutions publiques, plus de médicaments dans les pharmacies, plus d’électricité dans les maisons, plus de sourire sur les visages. Dans un an, rappelle-toi qu’il n’y a toujours pas de réponses aux crimes du port de Beyrouth et pas de criminels derrière les barreaux.

Dans un an, rappelle-toi de ceux et celles qui ont abandonné les bancs des universités, car apprendre est un luxe dans le pays où la progéniture de ces tyrans a accès aux meilleures éducations du monde.

Dans un an, rappelle-toi d’aujourd’hui et d’hier, et surtout, pense à demain.

Dans un an, rappelle-toi de l’humiliation et de l’horreur, du sang et de l’injustice, de la faim et des affamés, des malades et des oubliés. Dans un an, rappelle-toi que tu es aujourd’hui victime, mais demain criminel. Car aujourd’hui, tu as le droit de pleurer et de prier, à condition que demain, tu ailles voter.

Aujourd’hui, on prie et on pleure, mais demain, on vote.

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