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Nos Lecteurs ont la Parole

Un an plus tard, nous vaincrons, nous n’abandonnerons pas

Une première secousse. Pavlov aidant, je bondis loin du miroir de la gym et happe deux amis au passage, vers une colonne de béton. Si ça ne résiste pas, ça… Et puis la seconde. Assourdissante, envahissante. Je me « rue dehors » alors que le vacarme continu, juste transformé en fracas éternel de débris qui chutent. Sauf que… rue il n’y a plus.

Mar Mikhaël (et encore, j’étais côté fleuve) est une épave noyée dans un nuage de poussière, couleur ocre et odeur étrange. Le fracas des débris se saccade, s’espace avec les secondes. Premier 100 mètres, premier constat : elle est où, cette voiture piégée ? Pourquoi les dégâts ne semblent pas converger vers « un » point zéro ? Pourquoi je n’arrive pas à le situer, ce point zéro ? Ai-je perdu une bonne mauvaise habitude, acquise durant des années de guerres, bombardements et voitures piégées ?

Que faire, qui aider ? Beaucoup de fantômes, hagards, en sang, en poussière. Pas de cas critiques. Toujours pas de « point zéro ». Mon cœur a déjà décidé, il m’a déjà devancé. Mais je pause, je « fantôme » moi aussi, quelques secondes. J’en « réveille » quelques-uns. Toujours pas de cas urgents. Pourquoi tout le monde est tellement hagard ?

J’arrête un fantôme qui court. Je le force, presque. « C’est au port » qu’il me dit, le fantôme… Mon corps détale après mon cœur, mais, contrairement à lui, en zigzag, à travers les débris, la poussière, les odeurs, les débris qui pleuvent. Grêle mortelle.

Direction « le nid ». J’ai déjà perdu quelques secondes, à jouer au saint-bernard. Mon cœur est dans un hache-viande. Ma tête a déjà décidé. Je les sauve tous. TOUS. Je dois. Même s’il est trop tard. Je ferai un miracle. Je déferrerai un malheur. J’invoquerai les lumières de l’au-delà, le souffle infini. J’INTERDIS qu’il leur arrive quelque chose. Voilà, c’est ça. Petit moi, ici-bas, défiant la Faucheuse. Lucidité céleste en cette confusion totale. Ne cherchez pas à comprendre ces bribes de phrases. C’est ce qui passait dans ma tête. Je crois.

Le nid, juché au 15e, est détruit, il n’en reste rien. Tous les autres aussi d’ailleurs. L’arbre est une épave cramée. Les âmes qui y étaient ont été sauvées par plus fort que moi. J’ai pu aider quelques belles âmes en détresse. Ça me réconforte. Ça me désole… toutes ces autres belles âmes pour lesquelles personne n’a rien pu, petit moi, ici-bas, inclus. Beaucoup d’autres nids n’ont pas eu cette chance. Les morts sont nombreux. Chez les voisins, amis, dans la rue, dans l’immeuble, dans leur voiture. On les pleure. Chaque jour. Ils sont nombreux, certainement deux ou trois fois les chiffres officiels.

Le « Saigneur » des agneaux est-il content ? Dans son trou quelque part sous terre ? « Beyrouth brûle-t-il ? » qu’il doit se demander… Son prophète pour l’enfer jubile-t-il ? Leurs nombreux agents et sbires de la mort seront-ils récompensés ? Que s’est-il passé ? Cela a-t-il une importance ? Beyrouth est rasée. Aucune excuse n’est valable. Pourtant, la guerre était finie, non ?

Non… il restait la vraie guerre, celle, perpétuelle, du Mal contre le Bien. Celle du parti de la mort et des ténèbres, contre celui de la vie et de la lumière. Le parti du Diable, contre celui des anges. Nos gracieux anges qui nous ont quittés. Et ceux qui ont survécu, traumatisés chair et âme, à jamais. Des épaves, humaines celles-là, échouées avec juste les narines au-dessus de l’eau. De la vase.

Pas moins de 365 jours plus tard, mais toujours pas de lendemain. Sans électricité, sans essence, sans énergie, sans eau, sans nourriture, sans médicaments, sans services sanitaires, sans administration, sans dignité, sans justice, sans vérité, sans sécurité, sans défense, sans future, et même sans présent….

Notre État et tous ses instruments, dirigé et phagocyté par ce Cancer pernicieux, nous fait la guerre. À sa façon. Espérer une solution de la part de la source même du Mal et ses agents relèverait de la bêtise suicidaire. Nos autorités, structure de terreur mafieuse, servent de bras tentaculaires à cette pieuvre noire de l’occulte et ne sont que poches avides, survivant et s’enrichissant de notre cadavre, de chacune de nos misères. Charognards. Un an plus tard, tout ce qu’on peut savoir, c’est que l’enfer nous a été promis et livré.

Un an plus tard, tout ce qu’on doit savoir, c’est que nous vaincrons l’enfer.

Par-delà nos peines, par-delà nos pertes, par-delà nos victimes, morts et morts-vivants.

Pour nos anges que l’on pleure, pour leurs âmes qui nous implorent.

Pour les victimes-en-attente que nous sommes tous.

Pour le sang des innocents. Versé ou à verser.

Nous vaincrons, nous n’abandonnerons pas.

Première étape: admettre la nature même de la bête, et surtout, du besoin de la confronter, directement. Non pas en bloquant des routes, mais en soumettant la bête, par la force, à la justice. Populaire de préférence. L’objectif d’une révolution n’est pas d’organiser des manifestations, mais bel et bien la prise de pouvoir. TOUS ceux qui sont contre ce Cancer de la Terreur, contre la Gangrène de Corruption, ont le devoir national de s’unir afin d’avoir une chance de victoire. Citoyens indépendants et partis politiques (souverains, donc hors terreur, hors mafia, et qui sont notre SEUL espoir, vu leur organisation en interne, et pour certains, leur dimension nationale) qui essaient en vain de contrer cette marée noire n’ont aucune chance tant qu’ils sont divisés.

Nous sauverons notre beau pays.

Belzébuth, encore ?

Déjà-vu. Déjà vaincu.

Nous sommes invincibles.

Nous puisons de l’au-delà…

On INTERDIT le règne du Mal, de la Mort.

Le voilà, notre Lendemain.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Une première secousse. Pavlov aidant, je bondis loin du miroir de la gym et happe deux amis au passage, vers une colonne de béton. Si ça ne résiste pas, ça… Et puis la seconde. Assourdissante, envahissante. Je me « rue dehors » alors que le vacarme continu, juste transformé en fracas éternel de débris qui chutent. Sauf que… rue il n’y a plus. Mar Mikhaël (et encore,...

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