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Société - Élections

À l’ordre des ingénieurs, l’opposition fait bloc face à des partis désunis

À 48 heures du scrutin, la coalition al-Naqaba Tantafed a établi sa liste de candidats, tandis que les formations politiques en sont toujours au stade des pourparlers.

À l’ordre des ingénieurs, l’opposition fait bloc face à des partis désunis

Liesse des partisans de l’opposition lors de l’annonce des résultats du premier tour des élections, le 27 juin dernier. Capture d’écran d’une vidéo relayée par l’opposition

À deux jours de l’échéance électorale à l’ordre des ingénieurs de Beyrouth au cours de laquelle seront élus un président et dix membres du conseil de l’ordre, la liste des candidats d’al-Naqaba Tantafed (L’ordre se révolte) est d’ores et déjà établie, tandis qu’il n’existe pas encore d’entente claire entre les partis au pouvoir pour faire face à cette liste. Généralement, les commandements partisans annoncent leurs décisions au cours des dernières 24 heures qui précèdent le scrutin. Les tergiversations sont encore plus notoires cette année, d’autant que les partis doivent affronter une déferlante représentée par la coalition de 23 formations issues du mouvement du 17 octobre 2019, mais aussi du parti Kataëb et du Parti communiste libanais (PCL), et ayant pour dénominateur commun l’opposition au système politique actuel accusé de corruption et de partage des parts.

Sur les 60 000 inscrits à l’ordre des ingénieurs, 12 000 devraient se rendre aux urnes dimanche. Si ce chiffre semble considérable par rapport aux années précédentes, il reste toutefois réduit du fait que l’ordre compte de nombreux retraités et des membres expatriés. Selon plusieurs observateurs, al-Naqaba Tantafed bénéficierait d’un départ de près de 4 000 voix.

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« L’ordre se révolte » a choisi de présenter Aref Yassine au poste de président, ainsi que Camille Hachem, Charles Fakhoury, Yassar Andari, Youssef Abou Karam, Ibrahim Hijazi, Rabih Hassan, Joseph Mchayleh, Divina Abou Jaoudé et Ali Darwiche. Ces trois derniers avaient été élus à la première étape du scrutin (le 27 juin) pour représenter respectivement au sein du conseil les sections d’ingénieurs civils, d’architectes et d’ingénieurs agronomes. Pour les 10 sièges de membres, la coalition présente donc seulement 9 candidats parce que son candidat au poste de représentant de la section des ingénieurs du secteur public n’avait pas réussi lors de ladite étape. Divina Abou Jaoudé est la seule candidate féminine de la coalition. « Un hasard », affirme-t-elle à L’Orient-Le Jour, soulignant que cela est dû au fait que seuls les critères de compétence et de professionnalisme ont été retenus.

Le logo de l’ordre des ingénieurs.

La part de l’émotion

Face à M. Yassine, ingénieur civil de profession, les trois candidats qui ont le plus de chances de se mesurer à lui pour le poste de président sont le vice-président du conseil actuel, Bassem Oueini, appuyé par le courant du Futur, Mohammad Saïd Fatha, soutenu par Samir Doumit et Khaled Chéhab, deux anciens présidents du conseil de l’ordre proches du courant du Futur, ainsi que Abdo Succarié, un indépendant appuyé par le syndicat des entrepreneurs. Selon des sources concordantes, le mouvement Amal et le Hezbollah ont retiré leurs candidats respectifs (Moustapha Fawaz et Hassan Hijazi). Des médias rapportent que la démarche du mouvement berryste a été effectuée en faveur de Bassem Oueini, et que le parti chiite ne souhaite pas soutenir ce dernier, préférant porter ses voix en faveur d’un indépendant, qui serait en l’occurrence Abdo Succarié. Contacté par L’OLJ, Adnan Alayan (Hezbollah), membre sortant du conseil de l’ordre, affirme qu’aucune décision de son parti n’a encore été prise au niveau du président, mais que sa formation l’a porté candidat pour un nouveau mandat de membre. À noter qu’en tout, près de 75 ingénieurs se portent candidats aux sièges de membres, dont des professionnels appartenant à des forces de l’opposition, comme Mouhandissoun Moustaqilloun et Lana al-Nakaba, qui n’ont pas fait de liste commune avec L’ordre se révolte.

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Quant au Courant patriotique libre (CPL), il ne compte pas entrer dans une alliance « hybride » avec les autres partis, selon le terme utilisé par le responsable des professions au sein du CPL, Dany Ghafari. « Nous n’allons pas appuyer le candidat du courant du Futur, Bassem Oueini », dit-il, soulignant que sa formation « cherche à savoir quel serait le candidat le plus proche de ses idées ». Il cite à cet égard Abdo Succarié et Mohammad Saïd Fatha, avec chacun desquels des pourparlers sont en cours. « En tout état de cause, en cas de victoire d’al-Naqaba Tantafed, nous sommes disposés à coopérer avec ses représentants », assure-t-il, notant qu’après les élections, un ingénieur du CPL, Saïd Riachi, continuera de toutes manières de siéger au conseil de l’ordre, son mandat n’étant pas arrivé à expiration.

Pour leur part, les Forces libanaises (FL) n’ont pas de candidat au poste de président du conseil de l’ordre, et ne soutiendront aucun autre qui briguerait ce poste. C’est ce que déclare à L’OLJ Paul Maaraoui, président de la section des ingénieurs au sein des FL, qui relève cependant que son parti appuie 6 candidats indépendants pour des sièges de membres du conseil.

Le Parti socialiste progressiste (PSP) a pour sa part annoncé mercredi le retrait de ses candidats ainsi que sa non-participation au scrutin. Firas Bou Diab (joumblattiste), membre sortant du conseil de l’ordre, déplore que « dans les graves circonstances économiques et financières actuelles, la bataille se situe malheureusement entre le pouvoir et l’opposition, sans considération particulière pour les compétences professionnelles des candidats ». Et M. Bou Diab d’ajouter : « Beaucoup d’ingénieurs vont voter émotionnellement parce qu’ils n’ont pas de travail et sont dans la gêne. »

Confession rayée

La coutume veut qu’il y ait une alternance confessionnelle à la tête de l’ordre des ingénieurs. Pour succéder à Jad Tabet, la place est donc réservée à un candidat de confession musulmane. Aref Yassine est chiite, mais il a rayé sa confession de sa carte d’identité en 2014. Il affirme à L’OLJ que sa démarche est un signe de sa laïcité. Il souligne aussi qu’il est « un démocrate » en réponse à une question sur son ancienne appartenance au Parti communiste libanais. « J’ai quitté le PCL en 1999 parce que ses politiques ne correspondaient plus à mes idées », déclare-t-il. M. Yassine affirme que L’ordre se révolte l’a choisi à travers un mécanisme démocratique basé sur un débat public tenu avec deux autres candidats sélectionnés par une commission, selon les critères de compétence et de professionnalisme. Les prestations des 3 candidats ont été évaluées par un conseil de délégués, eux-mêmes élus par des centaines d’ingénieurs.

Quant à Bassem Oueini, ingénieur civil et maître de conférence à l’Université arabe de Beyrouth (UAB), il réfute l’idée qu’il doit sa candidature au courant du Futur. « C’est la commission des anciens étudiants de génie de l’UAB dont je suis membre qui m’a porté candidat », déclare-t-il, soulignant que parmi les 30 membres qui composent la commission, seuls 4 sont affiliés au parti haririen. « Le courant du Futur ne m’a appuyé que lorsque j’ai reçu l’aval de l’UAB et celui de la Fédération des associations des familles beyrouthines », note-t-il, soulignant que son travail au sein de l’ordre « ne s’est jamais basé sur des considérations confessionnelles » et qu’il n’a jamais reçu « d’instructions d’un parti ».

Abdo Succarié, ancien chef de la section des entrepreneurs au sein de l’ordre (2004-2007) est pour sa part membre du syndicat des entrepreneurs. Joint par L’OLJ, le président du syndicat, Maroun Hélou, affirme que M. Succarié est un indépendant, saluant « ses capacités et son intégrité ». Il évoque des pourparlers pour tenter de convaincre le courant du Futur d’appuyer l’entrepreneur.

Dans un tel cas de figure, la bataille sera menée en substance entre deux indépendants : Aref Yassine, ancien membre du PCL, soutenu par une coalition de l’opposition, L’ordre se révolte, et Abdo Succarié, appuyé par certains partis au pouvoir.

À deux jours de l’échéance électorale à l’ordre des ingénieurs de Beyrouth au cours de laquelle seront élus un président et dix membres du conseil de l’ordre, la liste des candidats d’al-Naqaba Tantafed (L’ordre se révolte) est d’ores et déjà établie, tandis qu’il n’existe pas encore d’entente claire entre les partis au pouvoir pour faire face à cette liste....

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BRAVO! changez la rouille qui nous use au Liban ,dans tous les syndicats aussi.

Marie Claude

09 h 10, le 17 juillet 2021

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Commentaires (1)

  • BRAVO! changez la rouille qui nous use au Liban ,dans tous les syndicats aussi.

    Marie Claude

    09 h 10, le 17 juillet 2021

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