Plus de 800 millions de dollars sous forme de prêt à taux zéro seront accordés au Liban, annonce le FMI

Le directeur exécutif du Fonds monétaire international (FMI), Mahmoud Mohieldin, a affirmé mercredi, lors d'une réunion avec le chef de l'Etat, Michel Aoun, que son institution allait allouer "d'ici deux mois" plus de 800 millions de dollars au Liban dans le cadre de son programme d'augmentation des allocations des droits de tirages spéciaux (DTS). Ces fonds sont très attendus par le pays du Cèdre qui traverse une profonde crise socio-économique et financière et dont les réserves en devises de la banque centrale ont atteint un niveau alarmant. 

"Le FMI va accorder au Liban l'équivalent de 860 millions de dollars dans le cadre de son projet de DTS", a déclaré M. Mohieldin, selon des propos rapportés par le bureau de presse de Baabda. Il a précisé que, dans le cadre de ce programme, 650 milliards de dollars devront être divisés entre les 190 Etats-membres du Fonds "au cours de deux prochains mois".

Le but de cette plus grande allocation de DTS de l’histoire est d’aider les pays membres à faire face aux conséquences de la pandémie de Covid-19, en augmentant les réserves des banques centrales, et donc de permettre aux pays d’accéder à un financement supplémentaire, à taux zéro. Ce programme a été approuvé par le conseil d’administration du FMI et doit encore recevoir l'aval du Conseil des gouverneurs, ce qui devrait avoir lieu fin août selon les déclarations vendredi de la présidente de l'institution, Kristalina Georgieva. La proposition leur sera envoyée en début de mois et la mesure sera effective "21 jours" après leur approbation.

Pour mémoire

Le Liban devrait profiter de la volonté du FMI d’augmenter sa capacité de prêt

Les allocations de DTS se font en fonction des quotes-parts que le FMI attribue à chaque État, ainsi qu’à leur place dans l’économie mondiale, spécialement lors de la création du Fonds en 1944. Selon des calculs de L'Orient-Le Jour, le Liban ne possédant que 633,5 millions de DTS, soit 0,13 % du total de 650 milliards, il peut donc prétendre à l’équivalent de 845 millions de dollars. Il n'a pas encore été décidé qui pourra, à Beyrouth, décider de l'allocation de cette augmentation des réserves, entre la Banque du Liban et l'exécutif. 

Lors de sa réunion avec le haut-responsable du FMI, le président libanais a de son côté souligné qu'"un nouveau plan de renaissance économique incluant des réformes législatives qui garantissent la transparence sera mis en application au Liban après la formation du nouveau gouvernement". "Une répartition juste et équitable des pertes" sera également adoptée "afin de relancer la croissance économique nationale", a-t-il ajouté.

M. Mohieldin a également été reçu dans la journée par le président de la Chambre, Nabih Berry. 

Conférence internationale
La question de l'aide internationale au Liban a également été évoquée lors d'un entretien qu'a tenu le chef de l'Etat avec le conseiller du président français Emmanuel Macron pour les affaires de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, Patrick Durel, au cours duquel ils ont examiné les préparatifs de la troisième conférence internationale de soutien au Liban, organisée à l'initiative de Paris. Cette conférence avait été programmée initialement pour le 20 juillet, mais elle aura finalement lieu le 4 août, date-anniversaire de la double explosion meurtrière au port de Beyrouth.

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Lors de la réunion, Patrick Durel a réitéré, selon Baabda, que "la France tient à poursuivre son aide au Liban", précisant que la conférence de début août entre dans ce cadre. Le diplomate a par ailleurs insisté sur "la nécessité de former un nouveau gouvernement le plus vite possible et d''entamer la mise en place des réformes évoquées par la France et la communauté internationale".

"Aucune couverture politique"
En réponse, M. Aoun lui a assuré que "des efforts sont toujours déployés pour former un nouveau gouvernement qui accordera la priorité à la mise en place des réformes, à la lutte contre la corruption et à l’audit juricomptable". Le chef de l’Etat a passé en revue avec M. Durel "les obstacles intérieurs et extérieurs" qui empêchent la formation du gouvernement, espérant que sa réunion avec le Premier ministre désigné, Saad Hariri, prévue cet après-midi, sera "positive".

Désigné en octobre 2020 pour former un nouveau gouvernement après la démission du cabinet de Hassane Diab dans la foulée de la double explosion meurtrière au port de Beyrouth, le leader sunnite n’est toujours pas parvenu à accomplir sa mission en raison d’un bras de fer politico-personnel qui l’oppose à Michel Aoun et à son gendre, Gebran Bassil. Actuellement en visite en Egypte, M. Hariri rentrera cet après-midi au Liban. Il rencontrera M. Aoun afin de lui présenter une nouvelle mouture de 24 ministres sans tiers de blocage, avant de trancher la question de sa récusation. Le chef de l'Etat a par ailleurs souligné lors de cette réunion, que "l’enquête sur la double explosion du 4 août se poursuit afin de déterminer les causes de l’explosion et de condamner les responsables impliqués", précisant qu’il n’y a "aucune couverture politique" pour les personnes inculpées dans ce drame.

M. Durel a plus tard été reçu, tour à tour, par M. Berry et par le leader druze Walid Joumblatt.

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A moins d'un mois du premier anniversaire de la tragédie du port de Beyrouth, qui a fait plus de 200 victimes et dévasté des quartiers entiers de la capitale, et alors qu'aucune solution n'a jusqu'à présent été apportée aux crises multiples que traverse le Liban, les visites d'officiels français se sont multipliées ces derniers jours. Selon des sources diplomatiques, ces visites visent à sonder des personnalités et des professionnels de différents secteurs afin de constituer des dossiers solides en prévision de la conférence internationale de début août, et elles n’englobent que peu d’officiels libanais, signe de la méfiance de la communauté internationale à l’encontre de la classe dirigeante. M. Durel s'est rendu à Beyrouth en parallèle de la brève tournée effectuée par le ministre français délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé du Commerce extérieur et de l’Attractivité, Franck Riester, et de celle de l'ambassadeur français chargé de la coordination du soutien international au Liban, Pierre Duquesne.