Le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) a mis en garde jeudi dans un rapport envers les dangers que représente pour les enfants la crise que traverse le Liban, car "la majorité des familles n'a pas les moyens de subvenir à leurs besoins de base".
"Les enfants au Liban subissent de plein fouet l'un des pires effondrements économiques mondiaux des temps modernes", affirme l'agence onusienne, en référence à un rapport de la Banque mondiale indiquant que la crise libanaise constituait l'une des trois crises les plus sévères à l'échelle mondiale depuis 1850. Il faut ajouter à cela les conséquences dévastatrices de la pandémie de coronavirus et du confinement sur l'éducation des enfants, ainsi que les traumatismes causés par la double explosion meurtrière du 4 août 2020 au port de Beyrouth.
"Se coucher en ayant faim"
"Une série de crises qui se renforcent mutuellement a laissé des familles et leurs enfants au Liban dans une situation désastreuse, affectant à peu près tous les aspects de leur vie, avec peu de ressources et pratiquement aucun accès à l'aide sociale", dénonce l'Unicef, alors que le pays connaît une dépréciation record de sa monnaie nationale, une hyperinflation et une paupérisation à grande échelle de sa population.
"Alors qu'il n'y a pas d'amélioration en vue, des enfants, plus que jamais, vont se coucher en ayant faim", déplore la représentante de l'Unicef au Liban, Yukie Mokuo. "Les enfants font les frais de cette catastrophe. La santé des enfants, leur éducation et leur avenir même sont affectés par la montée en flèche des prix et du chômage", a-t-elle affirmé.
D'après les statistiques publiées par l'organisation, "plus 30% des enfants se sont couchés le ventre vide et ont sauté des repas au cours du dernier mois". "77% des ménages n'ont pas assez de nourriture ou assez d'argent pour acheter de la nourriture. Chez les réfugiés syriens, ce chiffre atteint 99 %. 60% des ménages doivent acheter de la nourriture à crédit ou emprunter de l'argent", dénonce l'agence onusienne.
"Stratégies d'adaptation négatives"
"De plus en plus de familles sont obligées de recourir à des stratégies d'adaptation négatives, notamment en sautant des repas, en envoyant leurs enfants travailler dans des conditions souvent dangereuses ou en mariant jeunes leurs filles", a encore déploré Mme Mokuo.
Parmi les enfants au Liban, 40% sont issus de familles où personne ne travaille et 77% de familles qui ne reçoivent aucune aide sociale. "Un enfant sur dix a été envoyé au travail et 15% des familles ont arrêté les études de leurs enfants", d'après les statistiques de l'Unicef. En outre, les enfants qui peuvent continuer à étudier ont des difficultés de concentration, au vu de la situation chaotique.
L'Unicef indique que, si les 1,5 million de réfugiés syriens sont les plus durement touchés, le nombre de Libanais ayant besoin d'aide augmente rapidement. Dans ce contexte, elle réitère son appel aux autorités pour la mise en œuvre d'une "expansion majeure des mesures de protection sociale, pour assurer l'accès à une éducation de qualité pour chaque enfant et pour renforcer les services de soins de santé primaires et de protection de l'enfance".
Le Parlement libanais a adopté mercredi le projet de carte d'approvisionnement à destination de familles défavorisées. Un dispositif qui devrait leur permettre de recevoir un montant mensuel moyen qui variera entre 93,3 et 126 dollars par mois pour survenir à leurs besoins. Toutefois, le financement de ce projet d'une durée d'un an et dont le coût s'élèverait à 556 millions de dollars, n'est toujours pas clair.
"Le Liban ne peut pas se permettre que des enfants soient affamés, non scolarisés, en mauvaise santé et menacés d'abus, de violence et d'exploitation. Les enfants sont l'investissement ultime de l'avenir d'une nation", conclut le rapport.
Retrouvez ici le rapport de l'Unicef dans son intégralité.
commentaires (5)
Heureusement que les ONGexistent encore pour venir en aide à ces enfants en l’absence d’un gouvernement irresponsable
Bitar Ella
22 h 00, le 01 juillet 2021