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Société - Social

L’Unicef donne l’alerte : les enfants du Liban face à une crise sans précédent

L’accès à l’éducation et aux soins de santé est menacé, sans oublier les risques accrus de violence domestique et de travail des mineurs.
L’Unicef donne l’alerte : les enfants du Liban face à une crise sans précédent

Yukie Mokuo (à droite), représentante de l’Unicef au Liban, a mis en garde contre la déterioration de la qualité de vie des enfants dans le pays. Photo Zeina Antonios

Les enfants vivant au Liban, qu’ils soient libanais ou réfugiés, risquent de subir des répercussions négatives sur le long terme, à l’heure où le pays croule sous les effets néfastes de la pandémie de Covid-19 et de la crise économique, a prévenu hier Yukie Mokuo, représentante du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) au Liban. « Si nous n’investissons pas dans les enfants aujourd’hui, l’avenir de ce pays sera en danger », a-t-elle mis en garde lors d’une conférence de presse, au cours de laquelle elle est revenue sur les défis auxquels les enfants du pays sont soumis dernièrement.

« Lorsque crise économique et instabilité vont crescendo et coïncident avec une pandémie dévastatrice et un désastre majeur (celui des explosions au port de Beyrouth, le 4 août dernier), les conséquences sur les enfants et les familles peuvent être catastrophiques, a souligné Mme Mokuo. De plus, l’impact de la levée des subventions sur les foyers les plus vulnérables du pays sera énorme. Il s’agit d’une situation sans précédent qui nécessite une réponse adéquate pour assurer un accès continu des enfants et des personnes vulnérables aux services les plus essentiels. »

Selon des chiffres fournis par l’Unicef hier, 55 % des Libanais vivent aujourd’hui dans la pauvreté, contre 28 % en 2018. Quant à l’extrême pauvreté, elle a triplé dans le pays entre 2018 et 2020, passant de 8 à 23 %. La situation est encore pire parmi les réfugiés syriens qui vivaient déjà dans la précarité bien avant la crise économique et la pandémie. 91 % des foyers syriens au Liban sont pauvres, dont 88 % vivent dans l’extrême pauvreté. Le Haut-Commissariat aux réfugiés (UNHCR), le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Unicef avaient révélé la semaine dernière dans leurs conclusions de 2020 sur la vulnérabilité des réfugiés syriens au Liban que près de neuf réfugiés syriens sur dix vivent désormais sous le seuil de l’extrême pauvreté.

Vaccination et éducation, des priorités

Selon la représentante de l’Unicef, les enfants vivant au Liban sont surtout vulnérables au niveau de la santé et de l’éducation. Le déclin de la scolarisation dans certains milieux les expose également à un risque accru de violence domestique. « La vaccination a connu un déclin marqué et le nombre de consultations pour les femmes enceintes a chuté de 20 % entre 2019 et 2020 », a révélé Yukie Mokuo. La vaccination de routine a chuté de 43 % cette année selon l’Unicef, ce qui fait craindre la résurgence de certaines maladies parmi les plus jeunes. L’organisme onusien a vacciné dernièrement 365 000 enfants contre la rougeole et la polio, après avoir réussi à sauver 1,7 million de doses de vaccin dans les chambres froides de l’hôpital de la Quarantaine, gravement touché par les explosions au port.

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Quant à l’accès des petits Libanais à l’éducation, il a été mis au défi cette année par les confinements successifs et les difficultés liées à l’apprentissage à distance. « 1,2 million d’enfants en âge d’être scolarisés ont été affectés par la fermeture des écoles et beaucoup d’entre eux ont des difficultés d’accès à l’enseignement en ligne (connexion internet, équipement...) », a déclaré la représentante de l’Unicef. « Pour les enfants syriens, nous avions déjà un problème de scolarisation bien avant la crise. Ce problème pourrait s’accentuer lors de la prochaine phase », a-t-elle ajouté, tout en indiquant que l’Unicef « fera également de son mieux pour soutenir les enfants palestiniens au Liban ».

« Les parents et la collectivité ne devraient pas être préoccupés seulement par le coronavirus. Le psychisme des enfants a été affecté par les explosions au port. Nous leur offrons un soutien, notamment dans le secteur de la Quarantaine, où nous sommes présents pour appuyer la communauté locale », a souligné Mme Mokuo.

Renforcer les filets sociaux

L’Unicef a par ailleurs pointé du doigt l’absence d’un système de sécurité sociale efficace dont l’ensemble des Libanais, enfants inclus, font les frais. « Le Liban a besoin d’un système de sécurité sociale complet qui cible les familles avec enfants et les personnes du troisième âge. Leur vulnérabilité est évidente », a déclaré Mme Mokuo, qui souligne que l’Unicef coopère étroitement avec les ministères de l’Éducation et des Affaires sociales. « Cette situation expose les enfants et les personnes vulnérables à des défis de taille dont la violence domestique, le travail des mineurs et la violence basée sur le genre », a-t-elle ajouté.

« Avec le risque de voir de plus en plus de familles sombrer dans la pauvreté, il est nécessaire de renforcer les filets sociaux dans le pays », ajoute-t-elle, sachant que de nombreux Libanais ne bénéficient d’aucune couverture de santé. À noter que 70 000 enfants vulnérables et affectés par la crise économique dans le pays ont reçu des aides financières de la part de l’Unicef en 2020, tandis que 80 000 enfants et individus vulnérables ont reçu une aide financière ponctuelle.

Les enfants vivant au Liban, qu’ils soient libanais ou réfugiés, risquent de subir des répercussions négatives sur le long terme, à l’heure où le pays croule sous les effets néfastes de la pandémie de Covid-19 et de la crise économique, a prévenu hier Yukie Mokuo, représentante du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) au Liban. « Si nous n’investissons pas dans...

commentaires (1)

Nous le savons depuis des années ... là ça devient carrément rocambolesque entre scolariser ou soigner et donner à manger le casse-tête des parents est quotidien nous le constatons tous les jours chez les «  petits soleils .. » Donner une égalité de soins de santé et d’éducation des enfants d’un pays c’est parier pour lui sur un meilleur avenir et nous y œuvrons tous jours depuis ..23 ans ! Merci Zeina pour cet article magnifique comme d’habitude

Noha Baz

16 h 50, le 22 décembre 2020

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Commentaires (1)

  • Nous le savons depuis des années ... là ça devient carrément rocambolesque entre scolariser ou soigner et donner à manger le casse-tête des parents est quotidien nous le constatons tous les jours chez les «  petits soleils .. » Donner une égalité de soins de santé et d’éducation des enfants d’un pays c’est parier pour lui sur un meilleur avenir et nous y œuvrons tous jours depuis ..23 ans ! Merci Zeina pour cet article magnifique comme d’habitude

    Noha Baz

    16 h 50, le 22 décembre 2020

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