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Nos Lecteurs ont la Parole

Moutons pour l’échafaud

Dans notre jungle asséchée

Où s’écoule un ruisselet,

Les moutons tous assoiffés

Pour pouvoir s’y abreuver,

Font tout bonnement la queue

Sans aucunement broncher,

Sous le regard de ces gueux

Tous repus et rassasiés,

Ravis de nous rappeler,

De leur très grande primauté,

Pour encore nous humilier.

Et comme si de rien n’était

Dans cette jungle malmenée,

La hyène et ses affidés

Dont vous êtes tous familiers,

Ne cessent de nous harceler

De menaces à peine voilées,

De paroles toutes insensées,

Et de concepts dépassés,

Satisfaisant leurs egos,

Et beaucoup d’autres corniauds

Qui voient en eux des héros,

Aveuglés par leurs propos.

À l’ombre d’un bananier,

Bercé par les alizés,

De l’étang tout émergé,

Car lassé d’y clapoter,

Le crapaud bien avenant

Veut jouer au dominant.

Pour marquer son territoire

Et se revêtir de gloire,

Toujours prêt à coasser,

À quiconque veut l’écouter,

Que droit dans ses bottes il est.

Surtout ne pas bafouer

Sa précieuse dignité,

Et au diable les soucis

De la jungle appauvrie.

Un tango alors s’engage

Sans embarras ni ambages,

Entre tous ces flibustiers,

Qui se font des croche-pieds,

Et se poignardent dans le dos,

S’accusant de tous les maux.

Une mesure à quatre temps,

Un spectacle horripilant,

Dont nous casquons la facture

Sans qu’ils n’en aient vraiment cure.

Ballottée par les tourmentes,

Notre jungle est affolée,

De la misère galopante,

Qui assène tous les foyers,

Destinés à quémander,

Leurs maigres rations de blé,

Juste pour pouvoir subsister.

Cafardeux est ce tableau,

Orchestré par des escrocs

Qui réduisent tout en lambeaux.

Politique de terre brûlée,

Ça c’est leur spécialité,

Pour encore nous rabaisser.

Complètement désemparé,

Par ce grand manque de respect,

Profondément dégoûté,

Par ces graves iniquités

Qui ne font que pulluler

À chaque début de journée,

Un mouton eut le toupet

De vouloir se rebeller,

Et par son reproche marquer

L’injustice qui le frappait.

Mais il se fit égorger

D’avoir osé exprimer

Un ras-le-bol plus que sensé.

« Tu acceptes et tu te tais,

Ou bien tu te fais rosser. »

Et voilà donc désormais

Le choix que l’on nous soumet.

Mais il est momentané,

Car il faut leur rappeler,

À tous ces maudits pesteux,

Qu’à l’heure de la vérité,

Nous aurons bien raison d’eux.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Dans notre jungle asséchéeOù s’écoule un ruisselet, Les moutons tous assoiffésPour pouvoir s’y abreuver,Font tout bonnement la queueSans aucunement broncher, Sous le regard de ces gueuxTous repus et rassasiés,Ravis de nous rappeler,De leur très grande primauté,Pour encore nous humilier.Et comme si de rien n’étaitDans cette jungle malmenée,La hyène et ses affidésDont...

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