C’est dans un communiqué succinct que Karpowership, la filiale au Liban de l’opérateur turc Karadeniz, a annoncé mardi la reprise immédiate de ses services via ses deux navires-centrales, Fatmagül Sultan et Orhan Bey, afin d’augmenter l'approvisionnement du Liban en électricité.
Évoquant un geste de « bonne volonté », Karpowership a indiqué « comprendre les défis » que traverse le Liban, en crise socio-économique et financière depuis bientôt deux ans. La société a ensuite indiqué « poursuivre un dialogue constructif pour identifier les solutions aux problèmes actuels au cours des prochains jours et semaines ».
Cette nouvelle va permettre de soulager légèrement les Libanais qui subissent un rationnement d’une rare intensité depuis la période post-guerre civile, avec seulement une poignée d’heure de courant fournie chaque jour par le fournisseur public pour une majorité d’entre eux, et un rationnement de plus en plus sévère de la part des propriétaires de générateurs privés qui justifient leur décision en invoquant la pénurie de carburant que connaît le pays depuis plusieurs semaines.
Cette pénurie, dont les causes réelles sont multiples, pourrait en principe s’atténuer au cours de la semaine avec la hausse des tarifs décidée par les autorités suite au récent amendement du mécanisme de subventions dont bénéficie ce type d’importations. Elle fait en outre partie des nombreuses conséquences de la crise systémique que traverse le Liban depuis près de deux ans et que les pouvoirs publics ne semblent pas prêts à prendre par les cornes.
L’entreprise turque, qui loue deux barges amarrées à Zouk Mosbeh (Kesrouan) et Jiyeh (au sud de Beyrouth) aux autorités libanaises depuis 2013, les avait mises à l’arrêt mi-mai dernier en signe de protestation contre les atermoiements de l’État libanais à éponger une ardoise conséquente (180 millions de dollars, selon des dernières estimations). Elle avait également vivement contesté les poursuites judiciaires lancées pour des faits présumés de « corruption » et de « blanchiment d’argent » à l’encontre de certains de ses représentants au Liban.
Se disant « profondément déçue » par la tournure des événements de ces derniers mois, Karpowership a toutefois réitéré dans son communiqué son « engagement à trouver une solution viable ». La semaine dernière, une source à EDL avait de plus assuré à L’Orient-Le Jour que les unités de production les plus récentes installées sur les sites des centrales de Zouk et Jiyeh les « Reciprocicating Engines » (ou moteurs inversés), étaient également à l’arrêt malgré la livraison de carburant pour les alimenter. Ce serait un autre impayé (moins de 10 millions de dollars selon la source), cette fois vis-à-vis de la société Middle East Power (MEP), qui est chargée de les opérer. Les hypothèses concernant les causes de ces pannes en cascades se multiplient dans le débat public, notamment celle selon laquelle les difficultés actuelles seraient autant liée à la situation financière catastrophique du Liban qu'aux tensions de plus en plus intenses entre les partis au pouvoir.
Commissions bien juteuses , OUI . La Turquie est très flexible tant sur leurs destinations que sur leurs bénéficiaires.
19 h 37, le 05 juillet 2021