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Politique - Crise

Le Liban a désespérément besoin d'un gouvernement, martèle l'ambassadrice US

"Si nous pouvions éliminer la corruption des secteurs de l'énergie et de l'électricité, la moitié du problème serait résolue", affirme Dorothy Shea au sujet de l'éventualité pour le Liban d'importer du fuel iranien. 

Le Liban a désespérément besoin d'un gouvernement, martèle l'ambassadrice US

L’ambassadrice américaine au Liban, Dorothy Shea. Capture d’écran al-Jadeed

L'ambassadrice des États-Unis au Liban, Dorothy Shea, a réaffirmé lors d'une interview diffusée vendredi sur la chaîne al-Jadeed que le Liban avait désespérément besoin "d'un gouvernement en fonction qui s'engage à mettre en œuvre des réformes", dénonçant le fait qu'à Beyrouth c'est "la routine habituelle" (business as usual) au moment où le pays sombre dans une grave crise économique. 

Interrogée à la question de savoir quelle partie les États-Unis tiennent pour responsable de l'obstruction dans la formation du gouvernement et laquelle peut être blâmée en premier lieu, Mme Shea a répondu : "C'est peut-être une question qui devrait s'adresser au peuple libanais plutôt qu'à moi. Mais comme je l'ai déjà dit par le passé, il faut aujourd'hui bâtir un gouvernement et non bloquer la mise en place d'un gouvernement". 

"Malheureusement j'ai ressenti plus d'urgence lors de ma réunion avec mes supérieurs et collègues à Washington qu'ici à Beyrouth où c'est +business as usual+, donc je ne sais pas s'il y a une partie qui mérite d'être blâmée mais je peux vous dire qu'il y a un besoin désespéré d'un gouvernement en fonction qui s'engage à mettre en œuvre des réformes pour arrêter l'hémorragie et contribuer à remettre l'économie sur les rails afin que les Libanais puissent mettre de la nourriture sur leurs tables", a ajouté l'ambassadrice. Elle a aussi indiqué que les officiels à Washington "veulent être sûrs que le gouvernement américain et nos partenaires font tout ce qu'ils peuvent pour travailler avec nos amis et le peuple du Liban pour empêcher un véritable effondrement".

Interrogée alors sur "le tiers de blocage", c'est-à-dire la capacité pour un camp de provoquer la démission du gouvernement tout entier par le retrait de ses ministres, la diplomate a rappelé que le président français Emmanuel Macron avait appelé à la formation d'un "gouvernement de mission" qui puisse mettre en place "les réformes-clés nécessaires pour stabiliser l'économie". Emmanuel Macron avait lancé le 1er septembre à la Résidence des pins une initiative pour la formation d'un gouvernement composé d'experts indépendants. Amputée de son esprit initial, cette initiative n'a toujours pas permis de mettre sur pied une équipe ministérielle.

"J'ajouterai à cela que ce gouvernement devra aussi préparer les élections législatives" qui doivent avoir lieu en mai 2022. "Je ne sais pas quelle est la motivation d'un éventuel tiers de blocage, mais j'ai entendu des démentis selon lesquels personne ne cherche à l'avoir, a-t-elle poursuivi. Pour moi un tiers de blocage est en contradiction avec cette vision du président Macron". 

A la question de savoir si elle a abordé ce sujet avec le président Michel Aoun et le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil elle a répondu : "J'ai mentionné de manière très claire que tout blocage serait néfaste au genre de gouvernement dont le Liban a besoin en temps de crise". 

Gebran Bassil se défend régulièrement d'être à l'origine de la crise gouvernementale, qu'il impute au Premier ministre désigné Saad Hariri. Leurs camps respectifs s'accusent mutuellement du blocage, sur fond de polémique sur l'attribution de deux portefeuilles chrétiens dans une équipe de 24 ministres, dans laquelle aucun camp n'aurait de tiers de blocage. La mise sur pied du cabinet est attendue depuis près de onze mois pour prendre des mesures afin de freiner la grave crise financière et socio-économique que subit le Liban et pour lancer des réformes, attendues par la communauté internationale pour débloquer des aides.

Lorsque la journaliste lui demande comment les États-Unis évaluent le mandat de Michel Aoun, Dorothy Shea répond qu'il s'agit là d'une question à adresser au peuple libanais. A la question de savoir si les USA voient dans le commandant en chef de l'armée, le général Joseph Aoun, un présidentiable, elle a fait valoir qu'elle n'avait pas d'opinion à ce sujet. "Mais il a été un bon partenaire en tant que commandant en chef de l'armée", a-t-elle ajouté, rappelant que son pays apporte un soutien financier important à l'armée libanaise. 

Un État satellite 

"Nous faisons beaucoup pour aider le peuple libanais", a également souligné Mme Shea. "Nous procurons de l'aide humanitaire au Liban depuis une décennie maintenant, a-t-elle ajouté. D'habitude cette aide allait principalement aux réfugiés. Mais pour la première fois l'USAID a mis en place un package d'aide humanitaire dont bénéficieront des centaines de milliers de Libanais dans le besoin". Jeudi, la monnaie nationale a dépassé le seuil des 16.000 livres libanaises pour un dollar. L'effondrement du pays a poussé plus de la moitié de la population sous le seuil de pauvreté. Des pénuries de produits comme les médicaments, le matériel médical ou les carburants compliquent également la vie des Libanais au quotidien.

Interrogée sur l'aide humanitaire que fournit son pays au Liban, la diplomate a précisé que les États-Unis "ne fournissent pas d'aide à travers le gouvernement". "Nous avons un problème avec la corruption (...) qui est endémique ici. C'est pourquoi nous travaillons avec des partenaires de confiance pour être sûrs que l'assistance humanitaire est distribuée de manière transparente et à ceux qui en ont le plus besoin".

Dorothy Shea a également été interrogée sur la possibilité que le Liban importe du fuel iranien pour pallier à sa crise de carburant.  En effet, comme solution aux graves pénuries de carburant, le numéro un du Hezbollah Hassan Nasrallah avait proposé à l’État de négocier avec Téhéran l’importation de pétrole iranien.
"Ce n'est vraiment pas une solution, a répondu l'ambassadrice. Les États-Unis se sont tenus aux côtés du peuple libanais et nous continuerons à le faire. Mais ce que l'Iran veut c'est une sorte d'État satellite qu'il peut exploiter pour son propre agenda. Il y a d'autres alternatives pour fournir du fuel et de l'électricité à la population libanaise. Si nous pouvions éliminer la corruption des secteurs de l'énergie et de l'électricité, la moitié du problème serait résolue. Il y a de meilleures solutions que celle de se tourner vers l'Iran".

L'ambassadrice des États-Unis au Liban, Dorothy Shea, a réaffirmé lors d'une interview diffusée vendredi sur la chaîne al-Jadeed que le Liban avait désespérément besoin "d'un gouvernement en fonction qui s'engage à mettre en œuvre des réformes", dénonçant le fait qu'à Beyrouth c'est "la routine habituelle" (business as usual) au moment où le pays sombre dans une grave crise...

commentaires (4)

VOUS AVEZ DERACINE SADDAM. LES FRANCAIS ONT DEGAGE GADDAFI. TOUS LES DEUX VOUS DEVEZ DEGAGEZ LES NOTRES. ACTIONS ET NON PAROLES VIDES.;

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 17, le 26 juin 2021

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Commentaires (4)

  • VOUS AVEZ DERACINE SADDAM. LES FRANCAIS ONT DEGAGE GADDAFI. TOUS LES DEUX VOUS DEVEZ DEGAGEZ LES NOTRES. ACTIONS ET NON PAROLES VIDES.;

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 17, le 26 juin 2021

  • Il semble quand même que tout l’arsenal des sanctions soit insuffisant … donc Madame soit vous agissez de façon plus concrète pour aider le pays à se débarrasser de toute cette crasse qui le gangrène, soit gardez vos leçons de morale pour vous, on pourrait vous en prodiguer autant sur la façon dont les USA sont dirigés

    Lecteur excédé par la censure

    10 h 18, le 26 juin 2021

  • Bien Exprime ! Mais malheureusement pour nous, il n’y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre !

    Cadige William

    21 h 40, le 25 juin 2021

  • Bravo....

    Eleni Caridopoulou

    20 h 41, le 25 juin 2021

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