Après l'approbation ce lundi, par le président de la République, Michel Aoun, et le Premier ministre sortant, Hassane Diab, d'une avance "exceptionnelle" à Electricité du Liban pour l'achat du fuel nécessaire à l'alimentation de ses centrales, le ministre sortant de l'Energie, Raymond Ghajar, a annoncé que les crédits qui devraient être débloqués d'ici deux à trois jours permettront un retour "progressif" à la normale de l'approvisionnement en courant. Cette mesure devrait permettre d'éviter une pénurie totale d'électricité dans le pays en crise, qui n'est actuellement plus alimenté en courant par l'Etat que durant quelques heures, le reste étant assuré depuis des décennies par des générateurs privés, illégaux mais tolérés.
Il faudra "deux à trois jours" pour que l'avance de "200 millions de dollars" (c'est-à-dire les 300 milliards de livres libanaises au taux officiel) soit débloquée par la Banque du Liban (BDL) et que les navires de carburant déchargent leur cargaison, a déclaré dans la soirée le ministre Ghajar, à l'issue d'une réunion au Sérail. Cette réunion, présidée par Hassane Diab, rassemblait les ministres sortants des Finances, Ghazi Wazni, et des Télécommunications, Talal Hawat. "Nous reviendrons ensuite progressivement à un approvisionnement normal", qui sera réparti de manière à ce que l'avance puisse être utilisée "le plus longtemps possible jusqu'à ce que l'on trouve une autre solution", a précisé le ministre de l'Energie. Il a souligné qu'une de ces solutions était l'importation de fuel irakien "à un prix raisonnable". Le ministre a d'ailleurs annoncé s'être rendu à Bagdad "lundi dernier" pour y négocier ces importations. "Nous nous sommes mis d'accord pour qu'ils nous fournissent 500.000 tonnes de fuel lourd, qui pourra être échangé contre le carburant dont nous avons besoin dans nos centrales", a-t-il ajouté.
"Vers un dénouement"
Ce dénouement fait suite à une procédure lancée dans la matinée, lorsque Ghazi Wazni avait envoyé une demande à la présidence du Conseil pour obtenir une approbation "exceptionnelle" destinée à couvrir le montant d'une avance du Trésor à EDL en devises, afin d'acheter le carburant nécessaire. Il expliquait avoir effectué cette démarche "à la demande" du président Aoun, et à la suite d'une réunion la semaine dernière avec le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé. Dans un communiqué publié dans l'après-midi, la présidence de la République avait annoncé l'approbation de cette ouverture d'un crédit pour accorder cette avance à EDL, en se basant sur la loi approuvée au Parlement et qui prévoit un plafond de 300 milliards de livres libanaises. Cette loi avait été brièvement suspendue par le Conseil constitutionnel. "La crise de l'électricité se dirige vers un dénouement", s'est félicité le président Aoun sur Twitter. Le Premier ministre sortant Hassane Diab avait lui aussi signé la demande du ministre Wazni.
Ces développements interviennent 48h après une menace des propriétaires des générateurs de rationner leur alimentation quotidienne en courant de 5h sur 24h, à cause du manque de mazout, renforçant les craintes d'un Liban plongé dans l'obscurité.
EDL a déjà annoncé jeudi dernier avoir réduit la production d’électricité, faute d’avoir reçu les crédits nécessaires et de pouvoir sécuriser des paiements en "devises", à 720 mégawatts (MW), soit un seuil critique affectant "la stabilité du réseau car tout choc électrique pourrait entraîner son interruption générale". Début mai, EDL avait déjà mis en garde contre un rationnement généralisé et sévère du courant, après la suspension par le Conseil constitutionnel des effets d'une loi qui devait permettre de débloquer une avance de 300 milliards de livres libanaises (200 millions de dollars au taux officiel de 1 507,5 livres le dollar). L'annonce avait précédé l’avertissement du fournisseur public d’un arrêt total des centrales électriques du pays à partir du 22 juin prochain, en l'absence de solution alternative et alors que le Liban est empêtré depuis deux ans dans une crise économique et financière sans fond.
commentaires (7)
Pour la photo, pas besoin de dire que c’est la centrale de zouk. On reconnaît facilement la fumée noire...
PPZZ58
23 h 33, le 07 juin 2021