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Politique - Décryptage

Pas de gouvernement militaire, mais quatre autres scénarios possibles

Alors que le blocage gouvernemental perdure, les coulisses diplomatiques bruissent de questions sur l’étape à venir et les options à retenir. Plusieurs scénarios sont évoqués. On peut en recenser cinq, dont la formation d’un gouvernement militaire présidé par le commandant en chef de l’armée. Une option toutefois écartée par la troupe.

Le pire scénario, c’est celui du maintien de la vacance gouvernementale jusqu’aux prochaines élections législatives en mai 2022, et probablement jusqu’à la fin du mandat présidentiel, car après les élections, il y a de fortes chances que le Parlement fraîchement élu désigne de nouveau Saad Hariri pour former un gouvernement. Et ce que celui-ci n’a pas fait en pleine crise, il ne le ferait pas avant la fin du mandat Aoun...

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Le deuxième scénario exige un véritable miracle : l’initiative conjointe Raï-Berry parvient à former un gouvernement présidé par Hariri et accepté par Aoun. Le troisième scénario consiste dans une démission collective des députés qui imposera l’organisation d’élections législatives anticipées, de nature à modifier le paysage politique et à désigner une personnalité sunnite autre que Hariri pour former un gouvernement. Cette option qui est actuellement sérieusement étudiée comporte de nombreux risques. D’abord, il se peut que certains partis ne tiennent pas leur promesse de démissionner du Parlement. Or il faut que 65 députés démissionnent pour que le Parlement soit démissionnaire, ou alors que tous les députés d’une même confession le fassent. De plus, organiser des élections dans un tel climat de division est risqué, et un changement radical dans leur résultat n’est pas garanti, sachant qu’aujourd’hui, avec la crise monétaire et financière, elles seront moins coûteuses...

Le quatrième scénario consiste dans la formation d’un gouvernement ayant pour mission d’organiser les élections législatives à la date initiale avec des ministres non candidats. Ce scénario est sérieusement envisagé, d’autant qu’il constitue une réédition de celui de 2005, qui avait porté Nagib Mikati à la tête d’un gouvernement chargé des élections de la même année. L’expérience avait été alors considérée comme réussie. Mais ce scénario suppose que Saad Hariri renonce volontairement à former le gouvernement. Ce qui n’est pas assuré pour l’instant.

Le cinquième scénario se résume au fait de former un gouvernement militaire de transition pour mettre le pays sur la voie du redressement, en attendant la prochaine présidentielle. Il s’agirait en quelque sorte de rééditer le scénario qui avait, en 1989, poussé Michel Aoun, alors commandant en chef de l’armée, à la présidence du Conseil avec un gouvernement uniquement formé de militaires à l’expiration du mandat du président Amine Gemayel. L’idée séduit plusieurs parties qui considèrent qu’aujourd’hui, l’armée est la seule institution du pays crédible aux yeux des Libanais, qui pourrait donc leur donner de l’espoir, tout en rassurant aussi la communauté internationale.

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Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si, au moment où tout le monde semble abandonner le Liban (la classe politique en tout cas), la France prépare une conférence prévue dans la seconde moitié de juin pour aider l’armée libanaise. De même, de nombreux messages de soutien ainsi que des aides financières et matérielles arrivent régulièrement à l’armée, de plusieurs sources différentes. De plus, après la tragique explosion du port le 4 août 2020, c’est bien à l’armée qu’a été confiée la double mission de faire un état des lieux des dommages puis de distribuer les aides financières, justement dans le but de rassurer les Libanais sur l’efficacité du processus. Toujours dans le cadre de ce scénario, la visite remarquée du commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, à Paris et le fait qu’il a été reçu contrairement aux usages protocolaires habituels par le président Emmanuel Macron ont poussé certains médias à estimer qu’il s’agit d’un appui européen clair au général, que ce soit en tant que futur président ou en tant que futur Premier ministre d’un gouvernement militaire de transition. Bref, l’idée fait son chemin dans les médias et dans certains milieux diplomatiques et politiques, en se basant sur le fait que l’impasse est totale et que la seule institution publique qui fonctionne encore est l’armée. Elle est donc la seule qui pourrait aujourd’hui susciter l’espoir d’un redressement.

Toutefois, des sources militaires autorisées affirment que ce scénario ne repose sur aucun élément concret. D’abord, il n’a, à aucun moment, été question de la présidence de la République ou de l’option de présider un gouvernement militaire de transition dans l’entretien du général Aoun avec le président français. Toujours selon les mêmes sources, ce sujet ainsi que toutes les questions politiques ne sont jamais abordées par le commandant en chef de l’armée dans ses entretiens avec des personnalités politiques ou diplomatiques. Le principal souci du général Joseph Aoun est aujourd’hui d’assurer les besoins de la troupe en période de grave crise économique et monétaire, mais surtout de veiller au maintien de la sécurité et de la stabilité dans le pays, en luttant contre les cellules terroristes et en essayant de contrôler les frontières, à la fois pour maintenir le calme mais aussi pour lutter contre la contrebande. L’armée effectue actuellement de nombreuses missions sur l’ensemble du territoire, et elle a été particulièrement mobilisée pendant les 11 jours de la bataille à Gaza et dans les territoires occupés, pour éviter toute initiative inconsidérée à partir du territoire libanais. En même temps, elle est sollicitée pour des missions à l’intérieur du pays et son souci est d’être à la hauteur des attentes des Libanais en ces moments difficiles. Elle n’a donc nullement le temps de penser à des scénarios fantaisistes et son chef n’a aucune intention de jouer un rôle politique. Quant à l’idée de former un gouvernement militaire, elle n’est pas envisagée et nul n’a évoqué ce scénario avec le commandant en chef, ni au Liban ni à l’étranger. Pour que ce scénario soit possible, il faudrait que le Premier ministre désigné se retire de la course, que le Parlement se mette d’accord sur une telle formule et que la communauté sunnite soit d’accord pour céder ce poste qui lui revient de droit, alors que le chef de l’État est encore en fonctions. Il est donc clair, selon les sources précitées, que l’armée veut rester en dehors des tiraillements politiques... jusqu’à nouvel ordre.

Alors que le blocage gouvernemental perdure, les coulisses diplomatiques bruissent de questions sur l’étape à venir et les options à retenir. Plusieurs scénarios sont évoqués. On peut en recenser cinq, dont la formation d’un gouvernement militaire présidé par le commandant en chef de l’armée. Une option toutefois écartée par la troupe.
Le pire scénario, c’est celui du...

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LE SIXIEME SCENARIO LE SEUL SALUTAIRE " trouver notre homme" recherche en vain par Diogenes, notre homme que j'appellerai "LPD" pour Libanais Pur et Dur en attendant d'en connaitre le nom, notre Homme capable d'agir a la MBS saoudien avec le soutien de l'armee.

Gaby SIOUFI

09 h 53, le 05 juin 2021

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Commentaires (1)

  • LE SIXIEME SCENARIO LE SEUL SALUTAIRE " trouver notre homme" recherche en vain par Diogenes, notre homme que j'appellerai "LPD" pour Libanais Pur et Dur en attendant d'en connaitre le nom, notre Homme capable d'agir a la MBS saoudien avec le soutien de l'armee.

    Gaby SIOUFI

    09 h 53, le 05 juin 2021

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