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Culture - Trois questions à...

Emmanuel Khoury : Mettre en lumière le patrimoine et soutenir les artistes de Tripoli

Du vendredi 21 au dimanche 23 mai, la capitale du Nord célèbre la Journée du patrimoine, à travers un florilège d’activités qui se tiendront autour du Hammam Ezzeddine. 

Emmanuel Khoury : Mettre en lumière le patrimoine et soutenir les artistes de Tripoli

Emmanuel Khoury, directeur délégué à l’Institut français du Liban à Tripoli. Photo DR

Instituée en 1997 par la Fondation nationale du patrimoine, en collaboration avec le ministère de la Culture, la Journée nationale du patrimoine, fixée au troisième jeudi du mois de mai de chaque année, était devenue un rendez-vous annuel, un moment privilégié permettant aux Libanais de renouer, à travers divers événements, dont des visites de musées et de sites historiques, avec leur riche héritage culturel. Malheureusement, victime des crises multiples que traverse le pays du Cèdre, elle ne sera pas vraiment célébrée cette année. À l’exception notable de Tripoli, la capitale du Nord, qui grâce au dynamisme de son Institut français du Liban jouira de 3 jours de festivités artistiques et culturelles autour du thème du patrimoine. À l’origine de cette initiative, le projet « Art et Territoire », un programme de financement de l’ambassade de France en partenariat avec la Direction générale des antiquités (DGA), qui a pour but de mettre en lumière certains lieux patrimoniaux libanais. Rencontre avec Emmanuel Khoury, directeur délégué à l’Institut français du Liban à Tripoli, pour plus de détails.


Le Festival du patrimoine de Tripoli trouve son sens dans le lieu qui l’abrite : le Hammam Ezzeddine. Photo DR

Présentez-nous le Festival du patrimoine de Tripoli

Le Festival du patrimoine est un événement culturel mélangeant plusieurs formes d’art et d’artisanat étalé sur trois jours, pensé et monté par l’Institut français du Liban à Tripoli en partenariat avec la Direction générale des antiquités (DGA), le Comité culturel de la municipalité de Tripoli et la plateforme Minjara, et dont l’objectif est la mise en lumière de la scène artistique tripolitaine, exhibée dans les splendeurs architecturales de sa ville.

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Ce festival, absolument inédit à Tripoli, trouve l’origine de son sens dans le lieu qui l’abrite : le Hammam Ezzeddine, le plus grand et le plus ancien hammam de la capitale du Liban-Nord. Construit au XIIIe siècle, du temps de la civilisation mamelouke, ce superbe vestige a été rénové et réhabilité en musée en 1975, après 700 ans d’activité. Y accueillir des œuvres de photographes et de peintres, s’y faire produire des conteurs, des musiciens et des conférenciers tripolitains, y exposer l’artisanat du vieux souk alentour, c’est un peu comme le réinvestir d’un nouveau souffle et offrir la possibilité aux artistes et artisans locaux de réinventer leur propre héritage…

Vous lancez ce festival dans une période de multicrises, sanitaire, économique et sociale, qui frappent d’ailleurs de plein fouet Tripoli. Qu’en attendez-vous exactement ?

Certes, le contexte actuel est délicat et très difficile, mais c’est peut-être aussi en raison de ces crises qui étouffent les Libanais que l’exécution de ce projet nous a semblé vitale. Dans un premier temps, il faut savoir que toutes les mesures sanitaires seront respectées avec beaucoup de rigueur : masque obligatoire, gel hydroalcoolique à disposition, contrôle et limitation du flux à l’entrée du hammam, respect des distanciations… Ensuite, en ce qui concerne les autres crises, il est évidemment impossible d’en faire abstraction, leur réalité étant tous les jours de plus en plus oppressante. La souffrance par laquelle passe le peuple libanais, depuis trop longtemps, est vraiment lourde et pénible, et notre parti- pris est de continuer malgré tout à avancer, à créer des opportunités, à tendre la main à un secteur culturel en déliquescence, relégué au second plan face à la réalité économique.

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D’ailleurs, outre les financements aux artistes via le projet Art et Territoire lancé par l’ambassade de France au Liban en partenariat avec la DGA, nous offrons aussi aux artisans tripolitains que nous avons invités à exposer la possibilité de vendre leurs productions. Ce qui est une manière, pour nous, de tenter de les soutenir. Si nous avons voulu malgré tout maintenir ce festival, c’est donc in fine dans l’optique de soutenir un secteur culturel en peine et dont on ne peut deviner qu’avec effarement l’effet dévastateur qu’aurait pour l’identité libanaise la disparition de ses acteurs.

Quels seront les temps forts de cette première programmation ?

Plusieurs temps forts sont en effet à noter, dont : le concert ce samedi 22 mai, à 19h, du groupe Stories/ Bridging traditions, qui sera un moment magique d’écoute, avec Mounir Mahmalat au violoncelle, Ziad el-Ahmadié au oud, et Bahaa Daou au riqq. Il y aura aussi les expositions de deux photographes, Pedro Safadi et Mounzer Hamzé et de la peintre Salma Maassarani Ayoubi, trois artistes tripolitains qui vous feront découvrir Tripoli sous de nouveaux angles et à travers de nouvelles couleurs. À découvrir pendant les trois jours du festival de 12h à 19h. On peut noter aussi le spectacle du hakawati Barrak Sabih, qui nous fera voyager dans le temps dans la capitale du Nord, dimanche 23 mai à 17h. Et il y aura par ailleurs deux conférences : la première sur le patrimoine matériel et immatériel, donnée par Jean Hajjar vendredi à 17h, la seconde sur la plateforme Minjara, donnée par Joya Douaihy.

Je vous invite à découvrir le programme détaillé du festival présent sur la page Facebook de l’Institut français de Tripoli : www.facebook.com/institut.francais.tripoli

Lien de l’événement FB : https ://www.facebook.com/events/1114410049064019 ? ref=newsfeed

Instituée en 1997 par la Fondation nationale du patrimoine, en collaboration avec le ministère de la Culture, la Journée nationale du patrimoine, fixée au troisième jeudi du mois de mai de chaque année, était devenue un rendez-vous annuel, un moment privilégié permettant aux Libanais de renouer, à travers divers événements, dont des visites de musées et de sites historiques, avec...

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