Il est debout sur son scooter, les doigts pointés vers le ciel, le drapeau du Hezbollah hissé sur sa bécane. Quelques minutes avant son départ en direction de la frontière sud, Mohammad Tahan veut immortaliser le moment. Son dernier avant son grand saut vers la mort. « Cela ne fait aucun doute, il était parti pour mourir en martyr », affirme une de ses voisines, en montrant la dernière vidéo du jeune homme, sur fond de musique martiale. « Il nous a prévenus qu’il allait voyager et a demandé si d’autres personnes voulaient voyager avec lui », dit un de ses cousins qui a souhaité garder l’anonymat.
Au cours de l’après-midi, ce vendredi 14 mai, ce cadet d’une famille de quatre enfants va être touché par des tirs de char israélien alors qu’il venait de traverser la frontière, avant de succomber à ses blessures. Quelques heures plus tard, il sera célébré comme un martyr de la « cause» par des centaines de personnes. Des photos de lui seront affichées partout dans son village de Adloun, avec la mosquée al-Aqsa de Jérusalem en premier plan et le drapeau du Hezbollah comme toile de fond. Il fera la fierté de sa famille, de ses amis, de ses voisins et recevra tous les honneurs du parti auquel il appartient.
À 21 ans, ce passionné de moto que tout son entourage décrit comme étant doux et serviable, « incapable de faire du mal à qui que ce soit », était enivré par la perspective de devenir martyr. D’accomplir le destin qui lui était promis depuis sa naissance. « Tout le monde savait qu’il voulait partir ainsi pour que sa mère lui fasse une “noce” et qu’elle soit fière de lui », raconte Lara, l’une de ses voisines.
Le père de Mohammad, Kassem, a construit la vie de son fils comme une allégorie de la « Résistance », telle que conçue et diffusée par l’axe iranien.
« Mon fils est né le jour de la mort de Mohammad al-Durah (en référence au Palestinien de 12 ans tué par balles dans la bande de Gaza, lors du début de la seconde intifada le 30 septembre 2000, alors que son père essayait de le protéger) et le jour de la naissance de l’imam Ali, selon le calendrier islamique », raconte Kassem Tahan lors de la cérémonie de condoléances, les larmes aux yeux et le sourire aux lèvres. L’homme y voit le signe que la providence va accompagner son cadet tout au long de sa vie. Son fils a été enterré samedi, le jour de la commémoration de la Nakba (catastrophe, exode forcé des Palestiniens en 1948). « Je ne m’attendais à rien d’autre de sa part, il n’avait peur de rien. Je suis comme ça et mes enfants aussi. Même ma fille, quand elle était plus jeune, elle voulait une arme en plastique comme ses frères. La libération de la Palestine, c’est comme si c’était une prière obligatoire pour nous. Nous sommes initiés depuis le début à la route vers Jérusalem », poursuit Kassem Tahan. Toute sa famille est affiliée au Hezbollah. « Leur but dans la vie, c’est la “Résistance” », résume un des cousins. Leur village, Adloun, dans la région de Zahrani, a été occupé par les Israéliens, pendant quelques années dans les années 1980. C’est à la même époque que les gardiens de la révolution iranienne ont donné naissance au Hezbollah, faisant de la communauté chiite libanaise le cœur de leur rhétorique de « Résistance » contre Israël. « L’occupation israélienne a traumatisé les habitants du sud du Liban », explique Mohanad Hage Ali, chercheur au Carnegie Middle East Center. « Adloun a un bon nombre de martyrs qui ont lutté contre l’occupation israélienne durant les années 70 et 80, même jusqu’au conflit de 2006 », ajoute-t-il.
« Il me criait dessus quand j’allais en Syrie, car il voulait venir avec moi »
Mohammad a baigné dans cet univers depuis sa tendre enfance. À l’âge de quatre ans, il intègre les scouts du parti. À 15 ans, il fait sa préparation militaire au sein de la milice chiite. À 17 ans, il se rend en Syrie, à Alep, pour combattre les « takfiristes » (vocabulaire employé par le Hezbollah pour désigner aussi bien les rebelles syriens et les jihadistes sunnites). Le parti chiite est intervenu en Syrie à partir de 2013 pour combattre aux côtés du régime syrien contre les forces rebelles. Il aurait perdu des milliers de jeunes combattants dans cette offensive, érigés en martyrs à leur retour au Liban, le parti ayant élargi le concept de « Résistance » à la lutte contre ce qu’il appelle les « takfiristes » pour venir au secours de Bachar el-Assad. « Il me criait dessus quand j’allais en Syrie car il voulait venir avec moi. À l’époque, il avait 14 ans », dit Kassem. « Il est parti faire la guerre là-bas, mais Dieu lui a offert le statut de martyr pour la Palestine. J’espère que son action va marquer le début de la libération », poursuit-il avec fierté.
Les enfants qui grandissent dans les milieux du Hezbollah sont soumis dès leur plus jeune âge à un endoctrinement qui leur promet qu’ils prendront part, en tant que martyrs, à la libération de Jérusalem et qu’ils auront une place assurée au paradis. « Toutes les institutions mises en place par le Hezbollah, de l’école à l’université, mettent en avant le concept de martyr », décrypte Mohanad Hage Ali. À l’instar du reste de sa famille, Mohammad travaillait dans la culture de la banane, alors que la région de Zahrani accueille les plus grands champs du pays. « Nous travaillions le matin, le soir nous allions dans des cafés et nous passions notre temps libre à la montagne et à la plage », raconte Daniel, son ami d’enfance. Mohammad était inscrit à l’école publique de Adloun jusqu’à la troisième. Il a ensuite continué ses études à Tyr, au sein de l’institut Amjad, afin de devenir électricien. « C’était le aaris (quelqu’un qui a toutes les qualités d’un jeune marié) », dit son frère. « Il était tout ce qu’il y a de mieux. Il ne disait jamais non quand il s’agissait de rendre un service à quelqu’un. »
« Ne pleure pas, ton fils est un martyr »
La dépouille mortelle de Mohammad est transportée dans la maison familiale samedi aux alentours de midi. Sur le cercueil, un drapeau du Hezbollah. Dans l’assemblée, des femmes en tchador, des hommes portant le keffieh, partout des drapeaux du parti et de la Palestine. Et tous les marqueurs du chiisme version khomeyniste.
« Labbayki (nous sommes à tes ordres) ya Zeinab, labbayka ya Hussein, labbayka ya Qods (Jérusalem), Labbayka ya chahid (martyr) », scande l’assemblée. Une femme, à la voix douce, fait des supplications en référence à la commémoration de Achoura. Une partie de l’audience entre dans une forme de transe. « Ne pleure pas, ton fils est un martyr », dit l’une d’entre elles à la mère de Mohammad, en larmes.
« Je n’arrive pas à y croire, il y a deux jours nous étions ensemble. J’espère que nous allons tous finir sur le même chemin que lui. Nous sommes prêts à libérer la Palestine », dit son ami Mohammad, qui a le même âge que lui. « C’est un guerrier. Je suis heureux que quelqu’un du Liban soit mort pour la Palestine car nous ne faisons qu’un », affirme Youssef, qui a à peine 13 ans. Le cercueil quitte la maison tandis que la foule scande « Mort à Israël, mort aux États-Unis, labbayka ya Nasrallah ». « Il est mort pour que son pays vive en paix », veut croire Lara, sa voisine. Sans parvenir toutefois à expliquer en quoi la disparition de ce jeune homme de 21 ans, tué alors qu’il venait de poser le pied en Israël, allait permettre de libérer la Palestine.
Il est mort pour que son pays vive en paix », IL EST MORT PARCEQUE UN PERSONNAGE ENTERRE SOUS TERRE DEPUIS 2006 LUI A FAIT FAIRE UN LAVAGE DE CERVEAU. SORRY IL N'EST PAS MORT POUR LE LIBAN NI POUR LA PALESTINE ( si un tel Etat existe encore vu la cupidite des dirigeants d e L'OLP et de Hamas, AU FAIT PAS BETE HANYEH , IL EST AU QUATAR BIEN EN SECURITE et RAMASSE DE L'ARGENT POUR SON AVENIR (surement pas celui du peuple de Gaza) QUAND LES GAZAOUIS MEURT PARCEQUE IL A DECIDE DE LANCER DES CENTAINES ( plutot dire) DES MILLIERS DE ROQUETTES SUR ISRAEL PAS BETE DU TOUT
04 h 14, le 18 mai 2021