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Politique - Décryptage

Les affrontements entre Israéliens et Palestiniens et leur impact sur le Liban

Il est sans doute encore trop tôt pour évaluer avec précision l’impact des derniers événements entre les Palestiniens et les Israéliens, d’autant que le sang continue de couler et qu’avec chaque nouveau jour, le bilan s’alourdit pour les deux camps. Mais on peut d’ores et déjà considérer que la dernière révolte des Palestiniens et de ceux qu’on appelle « les Arabes de 1948 » (qui sont restés dans le nouvel État fraîchement créé et ont obtenu la nationalité israélienne) va certainement modifier les rapports de force régionaux et dessiner dans le sang les contours d’un nouveau Moyen-Orient.

Quelques constatations s’imposent déjà. D’abord, ce qui a commencé comme une simple rébellion des habitants arabes du quartier de Cheikh Jarrah près de la mosquée al-Aqsa à Jérusalem, que les Israéliens voulaient pousser à l’exode, s’est rapidement transformé en émeute généralisée, englobant les Palestiniens de Cisjordanie, les Arabes de 1948 et les Palestiniens de Gaza. Selon les médias arabes et occidentaux, c’est la première fois que les Palestiniens se soulèvent ainsi un peu partout dans les territoires et dans ce qu’ils appellent la Palestine occupée. Par conséquent, les Israéliens qui sont habitués à transposer les combats dans les territoires palestiniens, ou arabes en général, n’ont pas réussi cette fois à mettre leurs propres territoires à l’abri et c’est l’ensemble des régions qu’ils contrôlent qui ont vécu ces quelques jours sous la menace du soulèvement populaire arabe et des missiles tirés à partir des territoires palestiniens. Selon les experts militaires cités par les médias israéliens, c’est un changement important, non seulement dans l’histoire du conflit palestino-israélien, mais aussi dans les rapports de force régionaux.

Quel que soit le compromis qui sera finalement adopté sous l’égide des Nations unies et suite aux efforts américains, il devra en tout cas tenir compte des éléments suivants :

D’abord, l’armée israélienne jadis invincible n’est plus en mesure de remporter une victoire éclatante sur les Palestiniens. Ensuite, le malaise s’est transposé à l’intérieur d’Israël qui doit désormais faire face à d’importantes divisions internes, en période de crise politique. Mais le plus important encore c’est que le fameux « deal du siècle », conçu par l’administration de Donald Trump, n’est plus de mise. Il apparaît désormais très difficile pour les Israéliens de pouvoir expulser les habitants de Jérusalem-Est pour que cette ville devienne effectivement la capitale de l’État d’Israël. De même, tout le transfert de population prévu dans ce deal pour renforcer Israël face aux Palestiniens semble compromis. D’ailleurs, l’administration de Joe Biden recommence à parler de la solution à deux États et de Jérusalem-Est capitale de l’État palestinien.

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En même temps, les États du Golfe qui avaient entamé un processus de normalisation de leurs relations avec Israël, dans la logique de l’union face à un ennemi commun, l’Iran, n’ont pas ouvertement pris position aux côtés des Israéliens à cause de l’élan de solidarité des populations arabes avec les Palestiniens. De plus, si ces États misaient sur l’aide des Israéliens face à l’Iran, ils pourraient bien désormais revoir leurs calculs. Ce qui est sûr, c’est que le sursaut palestinien, suite aux manœuvres israéliennes pour pousser les habitants arabes du quartier de Cheikh Jarrah à l’exode, a remis à l’ordre du jour le conflit israélo-palestinien, au détriment de la lutte contre l’Iran devenue au cours des dernières années, la principale priorité des États du Golfe.

Quelles sont les conséquences de ces changements sur le Liban qui se débat dans une crise politique, économique, sociale et financière sans précédent ? Il est sans doute encore trop tôt pour le dire avec précision, mais, selon des sources proches du Hezbollah, toute unité arabe autour de la cause palestinienne est dans l’intérêt du Liban.

De plus, toujours selon les mêmes sources, l’abandon du « deal du siècle » est aussi dans l’intérêt du Liban, puisqu’il prévoyait l’implantation des Palestiniens dans les pays où ils se trouvent. Ensuite, les États du Golfe, qui boycottaient pratiquement le Liban en raison de ce qu’ils appellent l’influence iranienne dans ce pays et qui se tournaient vers Israël pour y investir, devraient mettre un frein à leur élan dans ce sens. D’abord parce qu’Israël n’est plus aussi fort qu’il le prétend et ensuite parce que leurs populations restent sensibles à la cause palestinienne. Dans ce contexte, ces États pourraient donc revoir leur position à l’égard du Liban qui attend avec impatience qu’ils reviennent vers lui. Dans cette même optique, plusieurs médias avaient spéculé, après la tragique explosion au port de Beyrouth le 4 août dernier, que le port de Haïfa pourrait prendre la place que celui-ci occupait. Mais avec le dernier sursaut palestinien, le port de Haïfa n’est plus un havre de sécurité... Le port de Beyrouth pourrait donc retrouver son rôle, une fois reconstruit.

Enfin, juste avant l’éclatement des émeutes à Jérusalem-Est et dans toute la Palestine, les Israéliens avaient entamé des manœuvres militaires sans précédent, destinées à durer un mois. Elles se concentraient sur la possibilité d’une guerre d’envergure contre le Liban. Dans son dernier discours, le secrétaire général du Hezbollah avait même tiré la sonnette d’alarme à ce sujet, laissant entendre que ces manœuvres indiquent une volonté israélienne de lancer une agression contre le Liban. Or, après les derniers développements, cette option semble écartée. Les analystes militaires israéliens ont dit d’ailleurs que si Israël n’est pas en mesure de vaincre les Palestiniens, il lui sera encore plus difficile d’écraser le Hezbollah... Et, de son côté, ce dernier n’a pas l’intention d’ouvrir le front libanais.

Pour toutes ces raisons, les développements entre les Israéliens et les Palestiniens pourraient donc être en faveur du Liban. Mais encore faudrait-il que les Libanais saisissent cette occasion pour s’entendre et réussir à former un nouveau gouvernement.

Il est sans doute encore trop tôt pour évaluer avec précision l’impact des derniers événements entre les Palestiniens et les Israéliens, d’autant que le sang continue de couler et qu’avec chaque nouveau jour, le bilan s’alourdit pour les deux camps. Mais on peut d’ores et déjà considérer que la dernière révolte des Palestiniens et de ceux qu’on appelle « les Arabes de...

commentaires (3)

Article très intéressant mais j'espère qui s'avéra ???

Eleni Caridopoulou

17 h 37, le 17 mai 2021

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Commentaires (3)

  • Article très intéressant mais j'espère qui s'avéra ???

    Eleni Caridopoulou

    17 h 37, le 17 mai 2021

  • Ce que je ne comprends pas et que je réfute catégoriquement, est que cet article donne UNIQUEMENT le point de vue du Hezb alors que l'on sait très bien que la vision de leur Liban n'est ABSOLUMENT pas la NOTRE !!! Merci de trouver d'autres sources pour connaitre l'impact de la guerre palestino-israelienne sur notre pays !

    Cabbabe Nayla

    13 h 59, le 17 mai 2021

  • Encore un EXCELLENT ARTICLE de Scarlett . Très bien vu , et encorageant . Scarlett se surpasse toujours , merci ! Enfin un peu d'espoir !

    Chucri Abboud

    03 h 54, le 17 mai 2021

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