On assiste actuellement à une furie répressive sous couvert de lutte contre la corruption. Or toute action désordonnée, en dehors des règles légales et de la présomption d'innocence, risque de mettre en danger le secteur bancaire déjà très ébranlé, car les accusations hasardeuses lancées par certains juges et la médiatisation de leurs agissements conduiront fatalement à couper les ponts entre les banques libanaises et les banques correspondantes, très pointilleuses sur les questions de « compliance » et déjà préoccupées par la chute des réserves en devises de la Banque du Liban qui, selon Moody's, a aggravé le « risque de contrepartie » encouru par les banques correspondantes, c’est-à-dire le risque que les banques libanaises ne soient plus en mesure de régler les transferts internationaux demandés par leurs clients. Enfin, la déconnexion du réseau SWIFT équivaudrait à la paralysie totale du Liban.
La lutte contre la corruption est indispensable. Mais encore faut-il savoir contre qui la mener et où trouver l'argent pillé, au lieu de s'attaquer à des moulins, à la manière de Don Quichotte, pour faire diversion ou pour créer des abcès de fixation, tout en se vengeant au passage d'adversaires politiques gênants.
L'État de droit et des institutions ne saurait être bafoué au nom de croisades sélectives et anarchiques qui foulent aux pieds les libertés publiques et les principes les plus élémentaires du droit. On ne fait pas d'omelette sans casser des œufs, nous dit-on. Certes. Mais quand on brûle la cuisine pour faire une omelette, ce n'est plus de la bravoure, c'est de l'irresponsabilité.
commentaires (2)
Que vient faire cet éditorial dans l'Orient Littéraire???
Georges MELKI
10 h 59, le 28 mai 2021